Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - France

Le gouvernement va recevoir les agriculteurs en attente de réponses à leur « désespérance »

Gabriel Attal arrivant à l’Assemblée nationale pour une séance de questions-réponses au gouvernement, le 17 janvier 2024. Julien de Rosa/AFP

Le principal syndicat agricole français a annoncé lundi que des « actions » seraient menées « aussi longtemps qu'il sera nécessaire » et appelé à des « réponses concrètes » à la « désespérance » des agriculteurs, avant un rendez-vous avec le Premier ministre Gabriel Attal.

« Je peux vous dire que dès aujourd'hui et toute la semaine et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, un certain nombre d'actions vont être menées », a déclaré le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, alors que plusieurs blocages ont déjà lieu dans le sud-ouest.

Le Premier ministre, confronté à sa première crise depuis sa nomination le 11 janvier, reçoit M. Rousseau et son homologue des Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot à 18H00 (17H00 GMT).

Si le gouvernement n'est « pas au rendez-vous », « on peut être à l'aube d'un gros mouvement agricole », a déclaré lundi ce dernier.

Les autres organisations (Coordination rurale, Confédération paysanne) demandent aussi à être reçues. « Pour nous la vraie crise est autour du prix » des productions agricoles et « du revenu », a déclaré à l'AFP Laurence Marandola, la porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat classé à gauche.

Elle l'impute aux « politiques mises en oeuvre depuis des décennies, à l'ultralibéralisme », prônés en « connivence entre les gouvernements successifs et la FNSEA ».

Premier syndicat agricole, la FNSEA a remporté ces dernières années plusieurs arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais la masse des agriculteurs continue de se plaindre de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien sa vie.

Parmi les multiples revendications entendues sur le terrain: des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du diesel pour les tracteurs, être indemnisé plus vite après des calamités, ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les agriculteurs.

Un éleveur de veaux breton, Sébastien Sachet, a expliqué à l'AFP devoir passer « environ une heure chaque jour » à remplir et classer des documents purement administratifs. « Il faut toujours qu'on pense à quelque chose, même le soir quand on se couche on a encore le cerveau qui tourne », décrit-il.

Depuis jeudi soir, plusieurs dizaines d'exploitants bloquent une portion de l'autoroute A64 (sud-ouest).

« Notre objectif est de faire plier le gouvernement », a résumé Jean-Philippe Gibert, président des JA d'un département du sud-ouest. « On se retrouve à crever la dalle comme des chiens au bord de la route et dans nos champs. On en a marre ! »

Des agriculteurs ont aussi bloqué lundi les accès à la centrale nucléaire de Golfech, dans la même région, et des dizaines de manifestants ont occupé les voies de l'autoroute A9 (sud).

Pas d'évacuation des blocages

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré qu' « aucune évacuation des blocages par les forces de l'ordre (n'était) prévue à ce stade car il n'y a pas de dégradations ».

« On n'envoie pas les CRS sur des gens qui souffrent », a ajouté auprès de l'AFP l'entourage du ministre, en référence aux policiers du maintien de l'ordre.

Le gouvernement tente de ménager la profession pour éviter d'ouvrir un nouveau front social.

En décembre, l'ex-Première ministre Elisabeth Borne avait annoncé l'abandon de hausses de taxes sur les pesticides et l'irrigation, suscitant l'irritation des organisations environnementales et d'acteurs de l'eau.

Lundi, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a dit vouloir accélérer les constructions de réserves, qualifiées de « mégabassines » par leurs détracteurs écologistes.

Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par l'Allemagne ou le Royaume-Uni, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le « Green Deal » européen. Sur fond d'inflation et de concurrence des importations ukrainiennes.

Selon une source policière, à ce stade « quelques centaines » d'agriculteurs sont mobilisés mais « s'il n'y a pas de réponse des autorités, il pourrait y avoir une radicalisation des actions ».

Cette source note que leur mouvement reste « populaire » dans l'opinion, d'autant qu'ils ne « font pas de faute », avec plutôt des « actions péages gratuits, neutralisation des radars automatiques ».

En France, la profession est aussi échaudée par les reports successifs du projet de loi sur l'agriculture, promis il y a plus d'un an par le président Emmanuel Macron. Il entend favoriser la relève, à l'heure où la population des près de 500.000 chefs d'exploitation vieillit.

A moins de cinq mois des élections européennes, les oppositions courtisent le monde agricole.

A commencer par Jordan Bardella, président et tête de liste du Rassemblement national (extrême droite), qui a fustigé samedi « l'Europe de Macron qui veut la mort de notre agriculture ».

Droite comme gauche ont demandé à l'exécutif de renoncer à alourdir le coût du carburant des tracteurs.

Du côté de Bruxelles, une réunion des ministres européens de l'Agriculture est prévue en début de semaine.

Le principal syndicat agricole français a annoncé lundi que des « actions » seraient menées « aussi longtemps qu'il sera nécessaire » et appelé à des « réponses concrètes » à la « désespérance » des agriculteurs, avant un rendez-vous avec le Premier ministre Gabriel Attal.« Je peux vous dire que dès aujourd'hui et toute la semaine et aussi longtemps qu'il...