Au Liban, c’est la course contre la montre entre une guerre généralisée et le règlement diplomatique. Dans cette troisième phase de la guerre, celle des attaques ciblées plutôt que des combats intensifs, annoncée par Israël il y a deux semaines, l’État hébreu se montre de plus en plus agressif et semble prêt à franchir toutes les lignes rouges, en vue d’imposer ses conditions par la voie militaire si les négociations diplomatiques peinent à effectuer une percée. On le sait déjà : le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige le retrait des combattants et des armes lourdes du Hezbollah au nord du Litani et veut détruire tous les sites du parti chiite au sud de ce fleuve pour assurer la sécurité des habitants du Nord israélien.
C’est dans ce contexte qu’une proposition a émergé à Tel-Aviv et a été rapportée par les médias israéliens concernant une trêve de 48 heures à la frontière sud. Si elle se concrétise, elle pourrait servir de base pour l’étape suivante. Mais en cas d'échec et de non-respect par le Hezbollah, Israël envisage d'intensifier ses frappes militaires dans le Sud et de détruire plusieurs villages. Cette proposition s'accompagne d'une intensification des messages diplomatiques israéliens envers le Liban, indiquant la disposition de l’État hébreu à élargir le conflit. Si le Hezbollah ne respecte pas la trêve et mène des opérations contre les sites israéliens, Israël utiliserait cela comme prétexte pour élargir la confrontation, qui pourrait se transformer en une guerre terrestre. Le Liban a reçu un autre message selon lequel Israël a pris la décision de la guerre et n'y renoncera pas. Certaines fuites de sources concordantes suggèrent que le délai accordé par Israël pour les négociations menées par les États-Unis pour parvenir à une solution prendra fin à la fin du mois de janvier. Cependant, d'autres sources indiquent que la période a été prolongée jusqu'à la fin du mois de février.
« Les menaces israéliennes qui vont crescendo sont une simple rhétorique qui ressemble à l’étape qui avait précédé l’accord sur la démarcation de la frontière maritime, estime toutefois une source proche du Hezbollah. Israël est incapable de s'engager dans une guerre à grande échelle et ne peut pas ouvrir deux fronts, c'est pourquoi il opte pour les opérations d'assassinat et le ciblage de sites et de membres du parti. De plus, il vise des cadres du Corps des gardiens de la révolution (CGRI) pour compenser son incapacité à mener une opération militaire. » Si le parti de Hassan Nasrallah ne semble donc pas inquiet, c’est non seulement en raison de sa confiance en sa capacité à infliger de lourdes pertes aux Israéliens mais aussi parce qu'il a clairement fait passer le message selon lequel la guerre, si elle est déclarée, ne se limitera pas au front libanais et que de nombreuses factions de l'axe de la résistance participeront au combat.
Provoquer l’Iran
Selon la source précitée, l'escalade militaire israélienne est liée au processus de négociations et s’inscrit dans le contexte d'augmentation de la pression. « Israël gonfle ses muscles pour instiller la peur et pousser son adversaire à se rendre ou à se résoudre à conclure un accord, et le Hezbollah est bien conscient de cela, affirme-t-elle. Tout accord sera lié à un cessez-le-feu à Gaza et à la prise en compte des conditions libanaises, notamment le retrait israélien des territoires occupés et des points litigieux. »
Il y a quelques jours, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait des déclarations menaçantes envers l'Iran, le tenant directement responsable des tensions qui sévissent dans la région, et pas seulement dans la bande de Gaza, dans une tentative de remonter l'opinion publique internationale contre les Iraniens. Pratiquement, le slogan de « l'unité des fronts » a été soulevé précédemment par les Iraniens, qui ont tenté de le mettre en œuvre de manière symbolique au début du Déluge d’al-Aqsa. Mais face à la volonté israélienne d’élargir la guerre en y impliquant les Américains, Téhéran a changé sa stratégie, passant de la guerre ouverte et étendue aux fronts de diversion seulement. Mais Tel-Aviv continue de frapper l'Iran sur plusieurs fronts, mais aussi de provoquer le Hezbollah que ce soit en visant le numéro deux du Hamas en pleine banlieue sud de Beyrouth ou en assassinant plusieurs cadres du parti. Après une série de frappes contre des cibles iraniennes, le patron de la force al-Qods a cependant déclaré que l'Iran ne serait pas entraîné dans la guerre voulue par Israël, ce qui signifie que Téhéran ne répondra pas de manière équivalente afin d'éviter la guerre. « Les Israéliens continueront dans cette voie, soit pour atteindre leurs objectifs, soit pour provoquer Téhéran et l’entraîner dans une guerre totale, tout en impliquant les Américains », estime une source diplomatique occidentale.
Trois phases
Sur le front sud, parallèlement aux mises en garde israéliennes répétées ces derniers jours contre l’imminence d’une guerre totale, les affrontements peuvent être divisés en trois phases. Dans la première, les Israéliens se concentrent sur le ciblage de cellules et de membres du Hezbollah impliqués dans des opérations, en plus du ciblage de points de surveillance et de positions en première ligne. La deuxième phase consiste à cibler des sites militaires mais aussi civils dans une zone plus éloignée de la bande frontalière. La troisième phase implique l'intensification des frappes et la création de ceintures de feu dans plusieurs régions au sud du Litani, avec des frappes concentrées au nord du fleuve. Au sud du fleuve, les Israéliens ont établi une ceinture de feu dans la région de Wadi Slouki et Wadi Hojair. Ils intensifient également les bombardements à Kfar Kila, Aïta el-Chaab, Houla, Ramiyé, entre autres, en plus du ciblage des habitations de ces localités. Quant au nord du Litani, les Israéliens ont frappé à plusieurs reprises des sites et des centres-clés du Hezbollah, comme cela se produit dans la montagne de Safi et la montagne du Rihane, ainsi que dans les zones avoisinantes.
Dans une lecture d’évaluation de ces opérations, on peut conclure que les Israéliens cherchent à atteindre leurs objectifs sans déclencher une guerre, tout en maintenant le Hezbollah dans une situation où il n'est pas incité à aller en guerre. Ils mènent des frappes ciblées sur des lieux et des sites importants pour le commandement du parti, détruisant ses infrastructures militaires, parallèlement aux opérations d’élimination de ses cadres, selon une stratégie d'épuisement qui ressemble à une guerre d’usure. « Les Israéliens œuvrent à faire de la région au sud du Litani une nouvelle Syrie en vue de parvenir finalement à imposer leurs conditions », estime la source diplomatique précitée. Mais si cette stratégie ne s'avère pas payante, les cartes pourraient à tout moment être rebattues...
commentaires (9)
Je croise les doigts pour qu’a à la fin soit premier cas la milice iranienne recule et ce sera alors la fin de son hégémonie programmée car de (soit disant) résistance il n’y aura plus soit second cas elle sera détruite comme l’OLP en 1982 (avec malheureusement le pays avec), même juste affaiblie il y aura une telle pression interne et internationale que les iraniens feront comme Assad en 2005 Si cela devait signifier enfin la fin du contrôle iranien sur notre souveraineté, notre peuple et nos ressources et je signe tout de suite
Liban Libre
20 h 04, le 22 janvier 2024