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Politique - Décryptage

Hochstein à Beyrouth avec un seul mot d’ordre : éviter l’extension de la bataille


Après les grandes attentes véhiculées par la presse suite au dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, la seule fenêtre d’espoir ouverte par l’émissaire américain Amos Hochstein lors de sa visite à Beyrouth, c’est l’annonce de son retour, pour poursuivre un processus de négociation qui s’annonce long. Le projet d’une solution durable rapide pour la frontière sud du Liban que la visite à Beyrouth de l’émissaire américain avait fait miroiter aux Libanais s’est ainsi rapidement évaporé, en raison de la complexité de la situation dans la région.

Selon des sources proches des interlocuteurs libanais de l’émissaire américain, notamment le président du Conseil sortant Nagib Mikati et le président de la Chambre Nabih Berry, le diplomate aurait entendu un discours unifié. Il se résume ainsi : le Liban est prêt à résoudre les questions en suspens de la frontière terrestre pour aboutir à une trêve durable, mais il faudrait pour cela que les Israéliens acceptent de lui redonner ses droits, sachant que ce sont toujours eux qui ont lancé des attaques contre le pays, selon les Libanais, et que la frontière sud est tracée et officielle depuis l’accord d’armistice conclu en 1949.

Face à cette position libanaise, la proposition américaine a rapidement montré ses limites. Il ne s’agissait plus, comme cela avait été annoncé par certains médias, d’un grand projet de solution, mais plutôt de petits appâts accordés au Liban pour qu’il demande au Hezbollah de se retirer, avec ses armes, d’une partie de la zone frontalière, dans le but d’apaiser le front nord d’Israël.

Selon des sources diplomatiques libanaises, la proposition américaine était en effet tronquée, puisqu’elle n’englobait pas le sort des fermes de Chebaa, sous prétexte que leur identité n’est pas encore tranchée entre la Syrie et le Liban, ni même celui du point B1 à Naqoura que le Liban considère comme stratégique. Ensuite, dans un contexte aussi complexe et alors qu’il n’est pas encore question d’aboutir à un cessez-le-feu à Gaza, une telle proposition, en ce timing précis, a tout l’air d’une initiative en faveur d’Israël. Il s’agirait ainsi en quelque sorte de pacifier le front avec le Liban pour permettre aux Israéliens de se consacrer à la guerre à Gaza. Ce que M. Mikati n’a pas manqué de relever dans une déclaration faite hier.

Du côté du Hezbollah, les réserves non déclarées sont aussi de taille. Selon des sources proches de la formation, la proposition américaine viserait d’une façon indirecte à défaire ce que les membres de « l’axe de la résistance » appellent l’unité des fronts, toujours pour réduire la pression sur les Israéliens qui mènent une guerre féroce à Gaza. C’est d’ailleurs ainsi que les membres de cet « axe » voient la volonté américaine de traiter séparément le dossier du Yémen, ainsi que les attaques répétées contre les bases américaines en Syrie et en Irak, comme s’il s’agissait de batailles indépendantes des développements à Gaza. Pour les membres de « l’axe », si ce projet devait aboutir, ce serait un tournant stratégique dans le conflit en cours dans la région, car cela signifierait que tout ce que cet « axe » a réussi à réaliser au cours des dernières années serait détruit, alors qu’il considère que l’une de ses plus grandes réussites est justement de ne pas laisser un front se réchauffer seul et donc d’embarrasser le camp adverse en lui en ouvrant plusieurs autres. Enfin, toujours dans l’optique de « l’axe de la résistance », il serait maladroit de chercher des solutions alors que la région est encore plongée dans une bataille dont l’issue reste inconnue. La conclusion d’un cessez-le-feu à Gaza dans les circonstances actuelles signifierait, à ses yeux, que le Hamas a remporté une manche importante et, par conséquent, les conditions d’une solution devraient être en phase avec cette situation. Il n’y aurait aucune raison pour que les membres de cet « axe » se hâtent de conclure des accords alors qu’ils pourraient améliorer leur situation dans toute négociation future. Dans ce contexte, il est donc clair que la visite de l’émissaire américain ne pouvait pas aboutir à des résultats concrets au Liban, puisque les Israéliens continuent de refuser toute négociation qui ne consacrerait pas leur victoire alors que celle-ci ne se profile pas encore à l’horizon de Gaza.

Selon les sources diplomatiques libanaises précitées, l’émissaire américain aurait même tenté d’évoquer un éventuel renforcement du déploiement de l’armée libanaise dans la zone au sud du Litani, comme l’évoque la résolution 1701, mais même ce projet aurait été jugé prématuré dans les circonstances actuelles, notamment tant que la guerre se poursuit à Gaza. L’objectif le plus ambitieux pour l’instant serait donc de revenir aux règles d’engagement en vigueur avant le 8 octobre, sous prétexte de « permettre aux habitants des localités du sud du Liban de revenir chez eux et aux habitants des agglomérations du nord de la Galilée de faire de même », selon les termes utilisés par Hochstein. Mais là aussi, il n’y a pas encore de promesse sérieuse en ce sens, puisque les Israéliens ont à plusieurs reprises dépassé ces règles et désormais ils laissent entendre qu’ils sont entrés dans une nouvelle phase de la guerre, celle des assassinats ciblés là où c’est possible.

Après avoir espéré réaliser une importante percée, l’émissaire américain est donc revenu à l’idée de préparer « le jour d’après » la guerre de Gaza. D’ici là, les efforts continuent d’être centrés sur la nécessité d’éviter l’élargissement de la confrontation entre le Liban et Israël. Mais cela aussi dépend des développements régionaux.

Après les grandes attentes véhiculées par la presse suite au dernier discours du secrétaire général du Hezbollah, la seule fenêtre d’espoir ouverte par l’émissaire américain Amos Hochstein lors de sa visite à Beyrouth, c’est l’annonce de son retour, pour poursuivre un processus de négociation qui s’annonce long. Le projet d’une solution durable rapide pour la frontière sud...
commentaires (3)

Une trêve permanente n'est pas réaliste vu que les doctrines et Israélienne et du Hizbollah appellent à ce décimer mutuellement. La 1705 n'a jamais été respectée. Ben alors (?)...

Raed Habib

09 h 59, le 15 janvier 2024

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Commentaires (3)

  • Une trêve permanente n'est pas réaliste vu que les doctrines et Israélienne et du Hizbollah appellent à ce décimer mutuellement. La 1705 n'a jamais été respectée. Ben alors (?)...

    Raed Habib

    09 h 59, le 15 janvier 2024

  • Hassouna fait attention parce que les sionistes sont capables de détruire Baalbeque ils sont cruels comme toi

    Eleni Caridopoulou

    18 h 12, le 13 janvier 2024

  • - ET ON VOIT QUE LA BATAILLE, - QUI DANS LA REGION DETONNE, - GONFLE TOUS LES JOURS DE TAILLE, - ET DE VENT PASSE A CYCLONE. - LES CENTRES DE DECISION, - NE GERENT PLUS LA GESTION. - LEURS AGENTS A COUPS DE GYPSE, - PROVOQUENT L,APOCALYPSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 58, le 13 janvier 2024

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