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Nos Lecteurs ont la Parole

Bachir Gemayel : de la violence nécessaire au refus de la guerre des civilisations


« Nous avons été attaqués en tant que chrétiens, nous nous sommes défendus en tant que libanais. »
(Bachir Gemayel)

Bachir Gemayel, figure emblématique des Phalanges libanaises, est souvent réduit à une image de leader militaire, symbole de la violence sectaire visant à unir les chrétiens du Liban contre les attaques palestiniennes et syriennes. Cependant, son héritage prend une dimension plus complexe lorsqu’on explore son refus d’adopter une approche sionisante, écartant ainsi la perspective d’une gestion à l’israélienne du Liban.

Dans les années 80, Bachir Gemayel était perçu à travers le prisme de la guerre « civile » libanaise, où les Phalanges jouaient un rôle actif dans la défense de l’intégrité du Liban contre les attaques palestiniennes et syriennes. Les conflits violents semblaient définir son parcours, occultant une réalité plus nuancée.

La dimension révélée de Bachir Gemayel s’exprime notamment dans son refus d’une approche sionisante. Cette décision audacieuse va à l’encontre des attentes, marquant un tournant crucial dans l’histoire de cette figure controversée.

Lors de sa rencontre avec Menahem Begin, Premier ministre d’Israël et figure historique d’une extrême droite israélienne, à Naharya trois jours avant sa mort, Bachir Gemayel a affirmé être le président de tous les Libanais, chrétiens et musulmans. Cette déclaration révèle une volonté de transcender les divisions confessionnelles et de promouvoir un Liban inclusif et multiconfessionnel, en opposition à l’idée d’une guerre des civilisations prônée par certains courants idéologiques en Israël et aux États-Unis.

La singularité de Bachir Gemayel réside dans son attachement à l’identité libanaise, promouvant une vie en commun entre religions et un pouvoir démocratique partagé entre communautés confessionnelles. Sa position va à l’encontre de la logique des civilisations antagonistes, s’éloignant des schémas de confrontation culturelle entre le « judéo-christianisme » et l’islam, telle que prônée par Samuel Huntington dans son livre Le choc des cvilisations.

Pour comprendre ce choix, plongeons dans l’ADN de la chrétienté libanaise, en particulier dans la tradition maronite de résister à la soumission et à la « dhimmitude » tout en restant ouvert à l’autre. Une fois élu président de la République, Bachir Gemayel a préservé l’essence même de la chrétienté libanaise en favorisant la coexistence avec l’islam, rejetant toute tentative de sionisation.

En réévaluant le parcours de Bachir Gemayel, nous découvrons un éclaircissement insoupçonné, une dimension de sa personnalité souvent occultée par l’image stéréotypée de l’homme de guerre. Sa rupture audacieuse avec les attentes conventionnelles témoigne de sa vision inclusive et multiconfessionnelle pour le Liban.

Ainsi, la grandeur de Bachir Gemayel se manifeste dans son refus de la violence liée aux différences civilisationnelles et religieuses, en faveur d’une coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans. Sa leçon intemporelle et son martyre résonnent dans un monde marqué par les tensions religieuses et les divisions culturelles, offrant un modèle de résistance à la guerre des civilisations pour préserver une identité nationale libanaise unique et inclusive.

Finalement, porter droit le glaive, sa dignité, son amour de la liberté, tout en acceptant une coexistence digne avec les musulmans, voilà l’essence du maronitisme et la grandeur « du plus maronite des maronites », de celui qui a accepté d’incarner jusqu’au sacrifice suprême cette essence : Bachir Pierre Gemayel.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

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