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Moyen-Orient - Repère

En bordure de Gaza, qu’est-ce que le corridor de Philadelphie ?

La route qui borde la frontière de Gaza avec l'Égypte est redevenue un enjeu stratégique pour Israël dans sa guerre contre l'enclave palestinienne.

En bordure de Gaza, qu’est-ce que le corridor de Philadelphie ?

La construction d'un mur à la frontière égyptienne avec la bande de Gaza, en février 2020. Saïd Khatib/AFP

Le Premier ministre israélien ne pouvait être plus clair. « Le corridor de Philadelphie doit être entre nos mains et sous notre contrôle, et tout arrangement autre que celui-là ne sera pas accepté par Israël », avait déclaré Benjamin Netanyahu dans une conférence de presse le 30 décembre dernier. Depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza le 7 octobre, suite à l’attaque meurtrière du Hamas en Israël, la question de ce couloir de terre est redevenue un enjeu sécuritaire pour l’État hébreu. L’Orient-Le Jour fait le point.

Qu’est-ce que le corridor de Philadelphie ?

Ce couloir, également connu sous le nom de « corridor de Saladin », est une bande de terre longue de 14 km et large de 100 m, longeant la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, côté égyptien. Historiquement, le corridor de Philadelphie a été établi comme zone tampon lors des accords de camp David en 1979, au cours desquels l’Égypte et Israël ont signé la paix, mettant fin à trois décennies de conflits depuis la création de l’État hébreu en 1948. Outre la restitution du Sinaï à l’Égypte, aux mains d'Israël depuis la guerre des Six-Jours en juin 1967, l’accord prévoyait ce corridor sous contrôle israélien pour prévenir toute nouvelle attaque. L’enjeu était surtout d'empêcher la circulation d'armes et de matériaux entre l’Égypte et la bande de Gaza, tout en contrôlant strictement le mouvement des Palestiniens vers l’Égypte à travers le poste-frontière de Rafah.

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Avec sa décision unilatérale de se désengager de Gaza à partir de 2005, Israël a transféré le contrôle du corridor côté égyptien à son voisin, se retirant pour sa part de l’enclave palestinienne. Le Caire s’est alors engagé à lutter contre le trafic d’armes à sa frontière et contre le terrorisme dans le Sinaï, échangeant pour ce faire des renseignements en permanence avec les Israéliens. Dans le processus, l’État hébreu a exigé de l’Autorité palestinienne, qui gérait à l’époque la langue de terre avant que le Hamas ne l’en déloge en 2007, qu’elle ne détruise pas le mur d’acier et de béton construit en face de la ville de Rafah, devenue pourtant la seule porte de Gaza vers l’extérieur qui ne soit pas contrôlée par Israël.

Pourquoi le corridor est-il redevenu un enjeu stratégique pour Israël ?

En guerre avec l’objectif d’« anéantir » le Hamas, Israël entend non seulement éliminer ses responsables mais également détruire les infrastructures militaires du mouvement islamiste. Et notamment ses kilomètres de tunnels composant le « métro de Gaza », utilisés pour cacher les otages enlevés en Israël le 7 octobre, se déplacer, lancer des attaques, voire s’entraîner. Dans ce contexte, l’État hébreu pointe les réseaux de trafic négligés par les autorités égyptiennes ou échappant à leur surveillance, qui auraient permis au Hamas de construire ses souterrains et de s’armer au fil des ans. Le Caire a pourtant détruit à plusieurs reprises des tunnels creusés par le Hamas ces dernières années, les inondant notamment avec de l’eau de mer, une technique considérée par Israël durant cette guerre.

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L’État hébreu est ainsi en négociation avec Le Caire pour installer des capteurs le long du corridor de Philadelphie, selon des responsables égyptiens cités par le Wall Street Journal, afin d’alerter Israël de toute tentative palestinienne de reconstruire des tunnels ou de réactiver les réseaux de trafic avec la bande de Gaza. Si l’Égypte affirme examiner la possibilité d’équiper le territoire enclavé, elle a pour l’instant rejeté les demandes israéliennes d’envoyer des notifications en cas de mouvement et d’autoriser dans cette éventualité le survol de la zone par des drones de surveillance. Butant sur ces questions, les pourparlers qui ont débuté fin décembre sont désormais au point mort.

Quelle est la position de l’Égypte ?

Depuis le début de la guerre, Le Caire avait pressenti une volonté israélienne de lancer des opérations depuis le corridor pour son offensive contre Gaza, avertissant l’État hébreu qu’il considérerait cela comme une violation des traités internationaux, a rapporté une source égyptienne au média The New Arab. Des médias israéliens ont néanmoins révélé fin décembre que les forces de l’État hébreu avaient mené des opérations près du point de passage de Karm Abou Salem (Kerem Shalom côté israélien), à partir du corridor de Philadelphie. Si l’information a été reprise par de nombreux médias régionaux, les autorités palestiniennes et des officiels égyptiens l’ont rapidement démentie.

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Car face à une population résolument propalestinienne, Le Caire se trouve dans une position délicate : refusant le déplacement forcé de la population gazaouie, notamment vers le Sinaï, mais ne pouvant tourner totalement le dos à son voisin israélien et à son allié américain, alors que le régime de Abdel Fattah al-Sissi honnit les Frères musulmans dont est issu le Hamas. L’Égypte n’a ainsi pas donné suite à une frappe israélienne sur l’une de ses tours de surveillance militaires près de Gaza le 22 octobre, qu’elle a qualifiée d’« erreur », et cherche actuellement à obtenir un cessez-le-feu à travers son plan pour le jour d’après.

Le Premier ministre israélien ne pouvait être plus clair. « Le corridor de Philadelphie doit être entre nos mains et sous notre contrôle, et tout arrangement autre que celui-là ne sera pas accepté par Israël », avait déclaré Benjamin Netanyahu dans une conférence de presse le 30 décembre dernier. Depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza le 7 octobre, suite à...

commentaires (2)

Philadelphie ou amitié fraternelle et ironiques par dessus leurs crimes

Tawil aelta

00 h 15, le 11 janvier 2024

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Commentaires (2)

  • Philadelphie ou amitié fraternelle et ironiques par dessus leurs crimes

    Tawil aelta

    00 h 15, le 11 janvier 2024

  • Je vous cite :"Israël a transféré le contrôle du corridor côté égyptien à son voisin, se retirant pour sa part de l’enclave palestinienne. Le Caire s’est alors engagé à lutter contre le trafic d’armes à sa frontière et contre le terrorisme dans le Sinaï, échangeant pour ce faire des renseignements en permanence avec les Israéliens." Vu le nombre d'armes, munitions, fusées et j'en passe trouvé par l'entité sioniste, il est évident que c'est une passoire, avec une administration égyptienne facile à corrompre. Les sionistes reprendrons le contrôle de l'axe Philadelphie

    Dorfler lazare

    11 h 29, le 10 janvier 2024

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