Incarcérée fin décembre, Amal Chaaban, la secrétaire de la commission des équivalences pré-universitaires au ministère libanais de l’Education, restera en détention, dans le cadre de l'encaissement de pots-de-vin et d’enrichissement illicite lié à l'affaire des diplômes d'étudiants irakiens.
La Chambre d’accusation de Beyrouth, présidée par le juge Maher Cheaïto, a rendu lundi une décision dans ce sens, annulant ainsi une précédente décision du juge d’instruction de Beyrouth, Assaad Bayram, de libérer la fonctionnaire, également cheffe du département des examens officiels scolaires, sous caution de 100 millions de LL, rapporte l’Agence nationale d’information (Ani, officielle).
Mécontent de l’avis de libération publié par le juge Bayram, le procureur financier Ali Ibrahim, avait en effet, renvoyé la semaine dernière la décision de libération à l’instance d’accusation, afin qu’elle prenne la décision adéquate.
Les équivalences scolaires fournies par le ministère de l’Education libanais aux étudiants irakiens sont une mesure de réciprocité entre le Liban et l’Irak. Si Bagdad fournit au Liban du pétrole permettant d’améliorer l’alimentation quotidienne en électricité, il réclame en contrepartie aux autorités libanaises une coopération dans le domaine de l’éducation. Plus particulièrement, la reconnaissance des diplômes scolaires et universitaires irakiens, sachant que les deux systèmes sont différents. Cette mesure devrait permettre aux étudiants, fonctionnaires et hommes d’Etats irakiens, non seulement de s’inscrire dans des universités au Liban ou ailleurs, mais de bénéficier d’avantages conséquents au sein de la fonction publique en Irak. Plusieurs universités au Liban reçoivent dans ce cadre les inscriptions d’étudiants irakiens pour la poursuite de leurs études universitaires, notamment l’Université islamique du Liban (IUL) connue pour sa proximité avec la communauté chiite et l’Université Jinan, connue pour sa proximité avec la communauté sunnite et particulièrement avec l’ancien chef du Front de l’action islamique, Fathi Yakan, décédé en 2009, pour ne citer que ces deux institutions parmi d’autres.
Sauf que les demandes d’équivalence ont explosé, au point d’atteindre plusieurs milliers. Débordée, l’administration libanaise dont les fonctionnaires sont souvent en grève, ou au mieux, ne travaillent que deux fois par semaine, a bien tenté de contenir la demande en établissant un protocole et des listes d’une cinquantaine de personnes par jour, en contrepartie du versement de 50 dollars par personne, rapporte une source informée, sous couvert d’anonymat. Mais des accusations de corruption ont vite été rapportées, des témoins racontant avoir été contraints de payer la somme de 2.000 dollars, d’autres, de 5.000 dollars, pour accomplir leur formalité.
Quand la politique s'en mêle
Le dossier fait la lumière sur la corruption endémique au sein du ministère de l’Education, à l’instar de toute l’administration publique libanaise. Une corruption contre laquelle le ministre sortant de l’Education, Abbas Halabi, s’est engagé à se battre.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Amal Chaaban, de confession sunnite, membre du Courant du Futur, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une bataille acerbe entre les deux gros blocs politiques adverses. D’une part, le Courant du futur et son allié sunnite de la Modération nationale, sans oublier les partis chrétiens Forces libanaises et les Kataëb, dénoncent une cabale du camp adverse contre la responsable, et des procédures qui vont à l’encontre de ses droits, dans le seul objectif de lui ravir sa position, selon eux. D’autre part, le tandem chiite, représenté par le Hezbollah et Amal, accuse formellement la principale intéressée de corruption. De part et d’autres, on fait état de preuves irréfutables. L’enquête se poursuit d’ailleurs, avec son lot d’interrogatoires, d’arrestations, de remises en libertés aussi.
« Que l’instruction judiciaire suivre son cours ! » réagit le ministre de l’Education, Abbas Halabi, dans des propos accordés à L’Orient-Le Jour. « Depuis que l’enquête a débuté, il y a trois ou quatre mois, je me suis promis de ne pas m'en mêler. C’est une question de principe ».
Ils bradent leur honneur pour pas cher. Quelle honte que ce pays depuis la mainmise du HB sur lui. Que de trafics et de corruptions qui gangrènent nos institutions de la plus petite à la plus importante. HB a atteint son bute en poussant notre pays à la ruine pour pouvoir manipuler tous ses dirigeants et fonctionnaires sans verser un sou ni tirer une cartouche. Il les laisse piocher dans les caisses et comme elles sont vides, ils peuvent toucher des pots de vin ou pire racketter les citoyens sans être inquiétés.
11 h 32, le 11 janvier 2024