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Politique - Décryptage

Négociations indirectes sur la 1701 : peu de chances d’aboutir à un changement


La nuit du réveillon a été très dure au Liban-Sud, et les habitants des différentes localités frontalières ont réellement cru que le front allait s’embraser entraînant le pays dans une guerre totale comme celle de juillet 2006. Tout au long de la journée du 1er janvier aussi, les attaques israéliennes et les opérations du Hezbollah se sont succédé, avec leur lot de victimes, alimentant cette crainte. Les médias se sont fait l’écho de cette inquiétude et les analyses se sont multipliées pour dire que les premiers jours de janvier sont cruciaux pour le Liban. Si personne ne peut répondre clairement à la question de savoir si la guerre va s’étendre, l’année qui commence tourne sur le plan libanais autour de la résolution onusienne 1701 et des modalités de son application, perçues différemment des deux côtés de la frontière. Les Israéliens veulent à tout prix obtenir un retrait du Hezbollah d’une bande frontalière encore à définir et le Hezbollah ne veut pas entendre parler d’une telle démarche si les Israéliens ne font pas la même chose dans le côté qu’ils contrôlent. Entre ces deux positions opposées et les risques d’extension du conflit, l’armée libanaise et la Finul ont un rôle primordial à jouer : les Israéliens veulent que ces deux forces assurent la sécurité des habitants dans le nord du territoire israélien en éloignant le Hezbollah et ses combattants du sud du Litani, et le Hezbollah veut que ces deux forces empêchent Israël d’attaquer les localités frontalières, tout en le laissant mener des attaques dans les zones qui sont restées selon lui conflictuelles depuis le retrait israélien de 2000.

Sur le terrain, les attaques continuent, mais dans les coulisses politiques et diplomatiques, les négociations indirectes se poursuivent aussi entre d’une part les Américains et d’autre part les officiels libanais ainsi que d’autres parties régionales, comme l’Iran, impliquées directement ou non dans ce dossier. Sous couvert d’appliquer la résolution 1701, c’est donc la présence des combattants du Hezbollah et les rôles complémentaires de l’armée et de la Finul dans la région au sud du Litani qui sont en jeu. Selon des sources diplomatiques, les États-Unis auraient même proposé que le Hezbollah retire ses combattants non pas de l’ensemble de la zone au sud du Litani, mais d’une bande qui serait entre 5 et 10 kilomètres en profondeur à partir de la frontière, pour permettre aux autorités israéliennes de rassurer les habitants dans le secteur du nord de la Galilée qui pourraient ainsi revenir chez eux. Mais toujours selon les mêmes sources, le Hezbollah aurait transmis aux médiateurs son refus d’une telle proposition, sous prétexte qu’il n’est pas question pour lui de faire aux Israéliens un cadeau qui leur permettrait de détourner l’attention de leur population de l’échec de leur opération à Gaza. De plus, le Hezbollah aurait aussi affirmé qu’il ne peut pas demander à ses combattants de se retirer des localités du Sud alors qu’ils en sont originaires et que c’est souvent dans ces localités qu’ils habitent.

C’est au moment où ces négociations indirectes se déroulaient que des patrouilles de la Finul dans certaines localités du Sud ont été attaquées par les habitants sous prétexte qu’elles ont emprunté des routes qu’elles n’ont pas l’habitude de prendre, suscitant ainsi l’inquiétude des riverains. Les incidents ont été rapidement circonscrits, mais leurs effets se poursuivent. Pour de nombreux observateurs, il s’agirait de messages musclés adressés par le Hezbollah à la Finul pour la faire renoncer à toute velléité de réaliser de facto sur le terrain la fameuse zone démilitarisée prévue en principe par la 1701. En même temps, cela permet au Hezbollah de confirmer la thèse selon laquelle la population de ces localités fait partie de ses partisans et, par conséquent, il est quasiment impossible de le déloger de cette région. La visite du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, au Sud, au premier jour de la nouvelle année, pour soutenir les soldats et en même temps s’entretenir avec le commandant des Casques bleus revêt dans ce contexte une importance cruciale. Il ne s’agit plus d’une tournée protocolaire à l’aube d’une année nouvelle, mais bien d’un message adressé à tous les protagonistes, ceux de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Le général Aoun n’a pas seulement cherché à calmer le jeu, il a aussi voulu rappeler le rôle crucial de l’armée libanaise dans cette région, ainsi que l’attachement de la troupe à la présence de la Finul. Ce message précis, tout comme la position de Nabih Berry, est une réponse claire de la part des officiels libanais à toutes les menaces qui leur parviennent sur la possibilité pour les Israéliens de lancer une attaque d’envergure contre le Liban si rien n’est fait pour déloger le Hezbollah du Sud. Le Liban officiel reste ainsi attaché au statu quo en place avant le 7 octobre. Ils rejoignent en quelque sorte la position du Hezbollah qui répond à tous ceux qui le sollicitent que s’il n’y avait pas eu de guerre à Gaza, le front du Sud ne se serait pas réchauffé. Et le retour au calme dans cette région est lié à la situation dans l’enclave palestinienne.

Pour l’instant, estiment plusieurs sources concordantes, les propos alarmistes du ministre français des Armées lors de sa visite à la Finul lundi, ainsi que l’annonce israélienne de retirer des troupes d’élite de Gaza pour les envoyer à la frontière avec le Liban, ne seraient que des menaces destinées à pousser le Liban à agir contre la présence des combattants du Hezbollah dans la région limitrophe. D’autant que la résolution 1701 n’est pas placée sous le chapitre 7 de l’ONU (qui autorise l’usage de la force) et que le Liban officiel reconnaît le droit à la « résistance » de libérer les « zones occupées ».

La nuit du réveillon a été très dure au Liban-Sud, et les habitants des différentes localités frontalières ont réellement cru que le front allait s’embraser entraînant le pays dans une guerre totale comme celle de juillet 2006. Tout au long de la journée du 1er janvier aussi, les attaques israéliennes et les opérations du Hezbollah se sont succédé, avec leur lot de victimes,...
commentaires (3)

Ça suffit avec le Hezbollah nous voulons un Liban en paix tous les criminels sont au Liban du Hamas au Hezbollah et l’Iran, il n’ont rien compris que nous pouvons rien faire contre le sionisme

Eleni Caridopoulou

17 h 25, le 03 janvier 2024

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Commentaires (3)

  • Ça suffit avec le Hezbollah nous voulons un Liban en paix tous les criminels sont au Liban du Hamas au Hezbollah et l’Iran, il n’ont rien compris que nous pouvons rien faire contre le sionisme

    Eleni Caridopoulou

    17 h 25, le 03 janvier 2024

  • Avec respect, vous aborder un sujet épineux et controversé avec un grin de légèreté. La 1701 à été conçue pour protéger Israël et personne d'autre. Elle ne fut jamais respectée côté Israélien, tout comme les accords d'Oslo. Les Libanais doivent impérativement se rendrent compte une fois pour toute à qui on affaire. On ne peut pas continuer à vivre en "bon voisinage" avec un régime de terreur de l'autre côté de la frontière. Pas de choix pour l'instant du côté du Hizb. L'expression "Sous prétexte " est inadmissible, je trouve.

    Raed Habib

    09 h 55, le 03 janvier 2024

  • Vous et votre Hezbollah vous commencez vraiment à nous casser les oreilles (pour rester poli). Quand est ce que vous allez comprendre qu’une très grande partie de la population libanaise ne veut plus entendre parler de guerres, de morts, de blessés et de destructions. Les libanais veulent la paix, l’éducation, la prospérité et le bonheur pour eux et pour leurs enfants. Si vous avez envie de mourir et de détruire, allez y vous et votre Hezbollah, la bande de Gaza vous accueillera chaleureusement et vous pourrez aussi libérer toute la Palestine jusqu’à Jérusalem.En attendant, foutez nous la paix

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 34, le 03 janvier 2024

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