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Moyen-Orient - Proche-Orient

Gaza : trois frères affirment avoir été battus et maltraités pendant leur détention en Israël

« Ils nous battaient, et quiconque élevait la voix après avoir été frappé était à nouveau battu », raconte Saadi Yassine.

Gaza : trois frères affirment avoir été battus et maltraités pendant leur détention en Israël

Des enfants palestiniens déplacés dans une tente à Rafah, le 29 décembre 2023. Photo REUTERS/Ibrahim Abou Moustafa

Trois frères palestiniens arrêtés par Israël dans la bande de Gaza ont affirmé qu'ils avaient été battus, déshabillés, brûlés avec des cigarettes et soumis à d'autres formes de mauvais traitements pendant leur détention.

Sobhi Yassine et ses frères Saadi et Ibrahim font partie d'un groupe de dizaines de Palestiniens réfugiés dans une école de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont raconté dans le détail à Reuters le traitement qu'ils ont subi aux mains des soldats israéliens. L'agence n'a pas pu confirmer de manière indépendante leurs récits, qui concordent avec les descriptions fournies par plus de 20 autres anciens détenus qui ont parlé sous le couvert de l'anonymat.

Le bureau du porte-parole de l'armée israélienne a déclaré dans une réponse écrite que l'armée opérait « pour démanteler les capacités militaires du Hamas » et sauver les otages capturés par le groupe islamiste palestinien. Les détenus ont été traités conformément au droit international et il leur a souvent été demandé de remettre leurs vêtements pour s'assurer qu'ils ne portaient pas d'armes ou d'explosifs, a précisé le bureau.

Éclairage

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Les frères Yassine ont déclaré qu'ils avaient été emmenés de leur maison dans le nord de l'enclave, séparés de leurs familles et détenus jusqu'à deux semaines dans des lieux inconnus, notamment dans une caserne ou un camp militaire.

Sobhi a affirmé que lui et ses frères ont été arrêtés début décembre après que l'armée israélienne a encerclé la zone où ils vivaient et travaillaient comme journaliers dans le quartier Zeitoun, dans la ville de Gaza. Il a déclaré que quatre personnes l'ont battu après qu'il a été incapable de monter dans un camion en raison d'une blessure à la jambe subie avant son arrestation, et qu'il a ensuite été emmené dans une zone ouverte où ses ravisseurs « fumaient et éteignaient des cigarettes sur notre dos, nous aspergeaient de sable et d'eau, et nous urinaient dessus ».

Ses frères Saadi et Ibrahim ont fait des récits similaires de mauvais traitements infligés par des soldats israéliens.

Traces d'ecchymoses et cicatrices

Hébergés à Rafah, les frères Yassine ont déclaré que l'armée israélienne n'avait pas formulé d'accusations précises à leur encontre. Ils ont été rassemblés, puis séparés, dans le cadre d'arrestations groupées effectuées par l'armée dans les secteurs de son offensive terrestre dans l'enclave. Saadi a rapporté qu'il avait été placé avec d'autres détenus dans un camion contenant des ordures. « Ils nous battaient, et quiconque élevait la voix après avoir été frappé était à nouveau battu. Ils nous ont fouillés, ont pris nos papiers d'identité, notre argent et nos téléphones », a-t-il poursuivi, entouré d'un groupe d'une vingtaine d'hommes installés sous une tente à l'école de Rafah. La plupart portaient des survêtements gris délivrés par l'armée israélienne.

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Certains présentaient de larges croûtes et une peau à vif sur leurs poignets, où ils disaient avoir eu les mains liées ou menottées, et l'un d'entre eux montrait des traces d'ecchymoses et une cicatrice ronde et rouge dans le dos. Un autre a fait voir une cicatrice cousue sur sa cuisse, où il disait avoir été battu.

Le troisième frère Yassine, Ibrahim, a raconté qu'il avait les mains liées et les yeux bandés lorsqu'il était détenu pour interrogatoire. « Ils ne nous laissaient pas dormir. Nous sommes restés debout pendant des heures, en guise de punition », a-t-il déclaré.

Les geôliers insultaient les prisonniers tout en leur interdisant de se parler ou de prier, a expliqué Ibrahim. « Ensuite, il y avait cinq soldats qui vous frappaient alternativement à la tête et au corps », a-t-il ajouté, précisant qu'il avait été battu sur les côtes, tout en retroussant ses manches pour montrer les cicatrices circulaires et les croûtes laissées par ses poignets liés. L'armée israélienne a déposé les frères à différents moments au point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza, comme elle l'a fait avec d'autres groupes d'hommes détenus au cours de son opération terrestre, mais qui ne sont plus soupçonnés d'avoir des liens avec le Hamas. De là, ils ont déclaré avoir marché plusieurs kilomètres jusqu'à Rafah, où ils se sont retrouvés parmi les centaines de milliers de personnes déplacées, qui vivent désormais dans des bâtiments surpeuplés et des tentes.


Le traitement des civils
Le 16 décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a déclaré avoir reçu de nombreux rapports faisant état de détentions massives, de mauvais traitements et de disparitions forcées de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza par l'armée israélienne.

Le droit international humanitaire exige que les civils ne soient détenus que pour des raisons impératives de sécurité, et la torture et les autres mauvais traitements des détenus sont strictement interdits, a déclaré le HCDH.

Les images de détenus déshabillés à Gaza au début du mois ont suscité l'indignation des responsables palestiniens, arabes et musulmans.

Volker Turk, le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a affirmé que l'attaque du Hamas le 7 octobre, la détention d'otages, la « punition collective » et « l'évacuation forcée illégale » de civils par Israël constituaient des crimes de guerre.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête depuis 2021 sur d'éventuels crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans les territoires palestiniens occupés, a appelé Israël et le Hamas à respecter les règles internationales de la guerre.

(Cet article est une traduction d'un reportage de Reuters publié en anglais)

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