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Moyen-Orient - FOCUS

Aux Émirats, il est désormais possible de boire de la bière « made in Abu Dhabi »

L’ouverture de la brasserie Craft by Side Hustle s’inscrit dans un contexte de concurrence accrue entre les différents pays du Golfe pour attirer touristes et expatriés.

Aux Émirats, il est désormais possible de boire de la bière « made in Abu Dhabi »

Une pinte de Side Hustle dans la brasserie éponyme, à Abou Dhabi. Photo compte Instagram @jrjimenezg

Après des décennies de restrictions sur la production d’alcool, il est désormais possible de boire de la bière « made in UAE ». La première brasserie locale a ouvert ses portes samedi 23 décembre à Abou Dhabi, marquant une étape supplémentaire dans l’ouverture du pays en vue d’attirer les étrangers. Situé dans le centre commercial Galleria al-Maryah Island, l’établissement Craft by Side Hustle comprend une microbrasserie et un pub gastronomique, dans un souci de « proposer des expériences (de restauration) innovantes et authentiques dignes des normes élevées des Émirats arabes unis », a déclaré à des médias locaux Chad McGehee, cofondateur de Side Hustle Brews and Spirits. « En tant que fondateurs du groupe artisanal local, nous reconnaissons la responsabilité qui nous incombe et sommes à la fois honorés et ravis d’ouvrir la première microbrasserie artisanale d’Abou Dhabi », s’est-il encore réjoui.

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Dubaï abolit une taxe sur l’alcool pour faire face à la compétition régionale

L’accès à l’alcool est limité aux EAU depuis l’institution du pays en 1971. Sa consommation a été décriminalisée fin 2020 dans toute la fédération, sauf dans l’émirat plus conservateur de Charjah, où l’alcool reste interdit. Chaque principauté maintient cependant différents degrés de restrictions. Celles-ci demeurent particulièrement souples à Dubaï, où 90 % de la population est étrangère et où l’alcool est disponible dans une majorité d’hôtels, de restaurants, bars, discothèques et magasins dédiés. En janvier 2023, l’émirat a suspendu une taxe de 30 % sur les ventes de produits alcoolisés et la licence individuelle nécessaire aux résidents non musulmans de plus de 21 ans pour pouvoir boire, transporter et stocker chez soi de l’alcool, qui coûtait environ 73 dollars auparavant, a été rendue gratuite. Ces mesures, perçues comme un appel aux expatriés et aux touristes occidentaux, ont toutefois été soumises à une période d’essai d’un an.

Assouplissement des règles

À Abou Dhabi, l’inauguration d’une brasserie a de quoi surprendre, alors que, contrairement à Dubaï, la vente d’alcool était généralement limitée aux bars et aux restaurants à l’intérieur des hôtels, ainsi qu’aux clubs privés et magasins dédiés. Mais en 2021, un changement de loi a autorisé les titulaires de licence d’alcool de fermenter des boissons pour les consommer sur place, permettant ainsi l’ouverture d’un établissement comme Craft by Side Hustle. L’émirat d’Abou Dhabi avait déjà assoupli ses règles l’année précédente, abolissant le permis pour boire ou acheter de l’alcool fin septembre 2020. La mesure s’adressait aux acheteurs d’au moins 21 ans dans un seul but de consommation, la revente restant interdite. Le texte ne précisait pas si les musulmans étaient autorisés à acheter de l’alcool.

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En Arabie saoudite, le tourisme érigé en « nouveau pétrole »

L’ouverture d’une brasserie à Abou Dhabi s’inscrit dans un contexte plus large de concurrence entre les pays du Golfe pour attirer touristes et expatriés. Celle-ci est particulièrement prononcée entre les Émirats et l’Arabie saoudite, qui mène des réformes économiques et sociétales tous azimuts dans le cadre de son programme Vision 2030. Depuis plusieurs années, les deux pétromonarchies multiplient ainsi les annonces de salaires mirobolants, zones économiques exclusives, allégement de taxes ou d’impressionnants projets culturels, tous au cœur de cette rivalité. Dans une démarche plus coercitive, Riyad tente de rivaliser avec Dubaï en imposant aux compagnies internationales d’installer leur siège régional dans la capitale saoudienne au plus tard le 1er janvier 2024, sous peine de se voir interdire l’accès aux contrats gouvernementaux. La mesure avait été confirmée par le ministre saoudien de l’Économie et celui des Finances au mois d’octobre. Riyad a de son côté approuvé mardi la réglementation des contrats pour les sociétés étrangères, sans toutefois en divulguer les détails.

Casinos et jeux d’argent

Sur le plan de la libéralisation sociétale, les Émirats ont néanmoins une longueur d’avance sur l’Arabie. En septembre, la fédération a annoncé la création d’une autorité chargée de réguler les jeux d’argent, jetant les bases d’une possible légalisation des casinos dans le but d’attirer encore plus de touristes. Cette décision pourrait générer près de 7 milliards de dollars de revenus par an, selon Bloomberg. En 2022, le grand groupe américain de casinos Wynn Resorts a annoncé la construction d’un immense complexe hôtelier dont 4 % serait dédié aux jeux, dans l’émirat de Ras al-Khayma. L’ouverture de l’établissement, le premier de ce type dans le pays, est prévue pour 2027.

Si l’alcool et les jeux de hasard restent pour l’heure strictement interdits en Arabie saoudite, les premiers signes de changement s’observent déjà dans certains grands hôtels de Riyad, où d’immenses panneaux cachent des travaux de plusieurs mois pour la construction de nouveaux bars. Il se murmure que leur ouverture coïncidera avec l’annonce de la légalisation de l’alcool en Arabie. Reste à attendre le décret royal qui gravera dans le marbre cette décision.

Après des décennies de restrictions sur la production d’alcool, il est désormais possible de boire de la bière « made in UAE ». La première brasserie locale a ouvert ses portes samedi 23 décembre à Abou Dhabi, marquant une étape supplémentaire dans l’ouverture du pays en vue d’attirer les étrangers. Situé dans le centre commercial Galleria al-Maryah Island, l’établissement...

commentaires (2)

Il n’est pas si loin le temps où on se faisait cracher dessus pour avoir allumé une cigarette dans la rue pendant ramadan…

Gros Gnon

09 h 08, le 02 janvier 2024

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Commentaires (2)

  • Il n’est pas si loin le temps où on se faisait cracher dessus pour avoir allumé une cigarette dans la rue pendant ramadan…

    Gros Gnon

    09 h 08, le 02 janvier 2024

  • Pas significatif et cohérent avec l’esprit d’ouverture que Dubai le trace depuis des années Tandis qu’ Il reste bcp des choses à ajuster mais le plus important c’ est la liberté d’expression. J’espère que les autres pays arabes suivent cet exemple

    william semaan

    16 h 02, le 31 décembre 2023

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