La bulle de Gaza a éclaté éparpillant ses scories à travers ce maudit Moyen-Orient, où dans chaque patelin le roitelet ou le dictateur du cru barbote dans des occupations davantage en rapport avec son image qu’avec les souffrances de la population de l’enclave.
Faut toujours que le malheur des autres donne l’occasion à quelques baltringues, toujours prompts à plastronner devant les caméras, de faire de la récup politique espérant sans doute faire du chiffre auprès des cobayes qu’ils gouvernent à la schlague. Ainsi, la tragédie de Gaza a-t-elle fait brusquement sortir du bosquet une palanquée de dirigeants, dont on ne se souvient pas que la fibre politique ait jamais particulièrement palpité pour les Palestiniens. Ils sont venus comme à l’accoutumée servir et resservir leur compassion en solde pour les infortunés sous les bombes.
Un peu à l’image du Sissi Imperator d’Égypte qui, bien avant la randonnée du Hamas du 7 octobre, étranglait déjà la bande de Gaza en verrouillant le passage de Rafah au prétexte qu’il ne supportait pas de voir ces clodos en tongs venir lui merder le bout de Sinaï. Au vu de son score à la dernière présidentielle, 80 % de oui, 20 % de fusillés, il finira pour sûr momifié dans un coin de pyramide aux côtés de ses prédécesseurs pharaons.
Idem pour les princes sans rire du Golfe qui, à l’exception du Qatar, préfèrent de loin les accords d’Abraham aux cors aux pieds des islamistes hirsutes du territoire palestinien.
Au Liban, comme il se doit, c’est le festival ! Micmac Mikou larmoie sur les victimes de Gaza et de Cisjordanie, mais se lance en même temps dans un vigoureux cirage de pompes saoudiennes, oubliant que les Abdel Zizou des sables étaient jadis passés maîtres dans le gavage des jihadistes de tout poil et barbe. Au palmarès des larmes aussi, la paire chrétienne Basileus-Tondu qui viennent juste de découvrir qu’à chaque expédition punitive, l’armée israélienne lavait encore plus rouge. Mais qu’on ne s’y trompe pas: même s’ils sont d’accord sur ce point, ces deux-là ne réveillonneront pas ensemble le 31 décembre.
De l’autre côté de la vaisselle, on n’est pas mal loti non plus. Mais là, c’est plutôt dans le genre « retenez-moi ou j’attaque ». À l’instar du Victorieux divin, qui du fond de sa caverne envoie fièrement ses hommes au casse-pipe. « La guerre de 2006 fera figure de promenade de santé pour les Israéliens s’ils s’aventuraient à lancer une attaque majeure », a-t-il menacé. Transmis aux 1 200 tués, 3 000 blessés et 900 000 sans-abri de l’époque, qui ont dû certainement apprécier la promenade.
Idem pour Istiz Nabeuh, pour qui la guerre de Gaza a été l’occasion de zapper définitivement l’élection présidentielle en poussant sa ménagerie place de l’Étoile à légiférer à tour de bras sur des sujets qui ne mangent pas de pain.
Si fait qu’entre les jérémiades des uns, les fanfaronnades des autres et les magouilles de ceux qui restent, ce sont bien entendu les Libanais qu’on oublie. Et qui, au lendemain de Noël, se retrouvent comme le petit Jésus : sur la paille…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (12)
Bravo, bien dit ! Dommage de la réalité...
peacepeiche@gmail.com
20 h 39, le 29 décembre 2023