Où va le monde ? Genèse ou bien destinée ?

Imaginez-vous que le secrétaire général des Nations unies, le très respectable Antonio Guterres, soit devenu, depuis quelques jours, la cible de graves attaques de la part des officiels israéliens pour avoir tout simplement osé exprimer ses profonds regrets face aux bombardements israéliens dans la bande de Gaza. Il n’a formulé que des regrets et rien que des regrets.

Même si, du point de vue linguistique, le mot « regrets » est bien faible et ne correspond pas au juste à la gravité de la situation au regard de la barbarie adoptée par l’entité sioniste, face aux populations civiles palestiniennes.

De simples regrets, et avec tout ça, il a même été absurdement qualifié par l’ambassadeur de Tel-Aviv à l’ONU de personne ayant perdu son sens moral !

Il risque de plus qu’on lui colle ce label péjoratif d’antisémite. Label passe-partout, qui convient en tout temps et en tout lieu, face à chaque position hostile vis-à-vis d’Israël (ici, il faut nécessairement préciser, à titre indicatif, que tous les peuples de la région sont des peuples sémites). Il s’expose donc à être traité d’antisémite, rien que pour avoir, pour la première fois, invoqué l’article 99 de la Charte de l’ONU qui stipule que le chef de l’Organisation des Nations unies peut, de par ses fonctions, attirer l’attention (attirer l’attention dans le sens souple et délicat de sollicitation et non pas d’imposition. On est loin encore de l’astreignant chapitre 7 de la Charte des Nations unies) du Conseil de sécurité sur toute question qui pourrait menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Tout cela compte tenu de l’ampleur des pertes en vies humaines en si peu de temps.

Et le comble, c’est que, en parlant de pertes en vies humaines, il a pris soin de mentionner, symétriquement et d’une façon équilibrée, les vies humaines à Gaza et en Israël. Et malgré cela, il a été accusé d’être une personne qui viole les principes de la morale par les autorités israéliennes. Autorités israéliennes qui, soit dit en passant, doivent être les dernières à parler de morale. Surtout qu’elles n’ont jamais été un modèle à suivre au niveau des valeurs et des principes moraux.

Sauf si ces mêmes autorités israéliennes se considèrent un phare d’humanisme, de compréhension et de bienveillance !

Monsieur Guterres a eu même l’audace de commettre le « crime » impardonnable de lèse-majesté en déclarant, à juste titre, que Gaza était devenue, regrettablement, un « cimetière » pour enfants.

Des esprits malades qui pratiquent l’art du mensonge, de la duplicité et de la contre-vérité, et qui, comble de l’inimaginable, parlent encore de valeurs et de principes.

À travers l’histoire, les chercheurs, les penseurs, les philosophes, les scientifiques, ceux qui ont réalisé de grandes découvertes et qui ont fait progresser l’humanité... tendent généralement à connaître l’origine du monde et sa genèse. Une question métaphysique par excellence. D’où vient le monde ? Comment a-t-il été créé ?

Y a-t-il eu vraiment un big bang et les teneurs de la théorie du big bang ont-ils raison ? Eh bien, je ne vous cache pas que personnellement, au train où vont les choses, je ne cherche plus tellement à savoir d’où vient le monde, mais plutôt à connaître sa destinée. Essayer de saisir par la pensée où va au juste ce monde devenu insensé et totalement dépourvu de discernement, de bon sens et d’empathie !

En attendant, on reste dans l’expectative, prenant notre mal en patience. D’ici là, « wait and see », comme on dit, selon la formule célèbre du « very British » lord Herbert Asquith.

Michel Antoine AZAR

Avocat à la Cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.