Rechercher
Rechercher

Économie - Rapport

La guerre à Gaza a torpillé la légère reprise économique au Liban

La Banque mondiale juge le pays « mal équipé » pour faire face aux répercussions du conflit.

La guerre à Gaza a torpillé la légère reprise économique au Liban

La place Sassine à Achrafieh, Beyrouth, décorée pour les fêtes de Noël et de fin d'année. Photo P.H.B.

L’espoir que le Liban entretenait de voir son économie reprendre du poil de la bête en 2023 pour la première fois en 5 ans a bien été torpillé par la guerre à Gaza, qui a débordé au Liban-Sud où les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne sont quotidiens.

C'est le principal enseignement du dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur l’économie libanaise, le Lebanon Economic Monitor (LEM). Le LEM est généralement publié entre les réunions d'octobre que tiennent chaque année l’organisation et le Fonds monétaire international (FMI) et le mois de décembre qui suit.

« Avec des progrès limités vers une résolution globale de la crise, le Liban reste enlisé dans une crise socio-économique et financière, exacerbée par l'impasse institutionnelle et politique », a déclaré Jean-Christophe Carret, directeur de la BM pour le Moyen-Orient. « Si le tourisme a récemment contribué de manière positive à la croissance économique, il ne peut à lui seul se substituer à des moteurs de croissance plus globaux, durables et diversifiés, mieux à même de résister aux chocs et de remettre l'économie sur la voie d'une reprise solide », a-t-il ajouté.

Dans son rapport, la BM rappelle aussi que le conflit de 2006 au Liban -qui avait vu l’armée israélienne envahir temporairement le sud du pays- avait entraîné « une perte de production économique de 10,5 % du PIB et des dommages directs et indirects de 3,1 milliards de dollars ».

Trois scénarios

Avant que la guerre à Gaza n’éclate le 7 octobre  la BM s’attendait que l’inflation au Liban dépasse 230 % à la fin de l’année ou que le ratio Dette publique/PIB passe de 171,2 % à 231,3 %. Mais elle anticipait aussi que le PIB libanais rebondisse légèrement de 0,2 % en 2023, pour atteindre 18,17 milliards de dollars. Une première depuis le début de la crise dans laquelle le pays s’enfonce depuis fin 2019 et qui a divisé le PIB par trois.

Plutôt que de s’avancer sur une seule projection révisée du PIB libanais en 2023 pour tenter de mesurer l’impact de la guerre, la BM en a proposé trois, variant en fonction de la baisse des « recettes de voyage » et des « dépenses » des Libanais expatriés au 4e trimestre.

• Si ces dépenses baissent de 50 % sur ce dernier trimestre, la BM s’attend que le PIB se contracte de 0,6 %, pour totaliser 17,85 milliards de dollars ;

• Si elles baissent de 70 %, l’organisation table sur une contraction du PIB de 0,7 %, à 17,72 milliards de dollars ;

• Et si elles baissent enfin de 80 %, la BM anticipe une contraction de 0,9 %, et un PIB atteignant 17,65 milliards de dollars.

Impact social

En se basant sur ces conclusions, la BM craint que l'impact social du choc de la guerre sur l’économie libanaise soit important. Pour appuyer ses appréhensions, elle cite les « données préliminaires » d’une étude réalisée sur les ménages libanais couvrant la période 2022 et 2023, qui suggèrent que « la pauvreté continuait d'augmenter (avant la guerre) et que les conditions de vie des ménages continuaient de se détériorer ».

Selon cette enquête, « environ trois ménages sur cinq se considèrent comme pauvres ou très pauvres », indique encore la BM. Autre conséquence à craindre sur le plan social, la contraction de l’activité des principaux moteurs du tourisme – hospitalité, restauration etc. -, et le fait que les populations déplacées qui fuient le Liban-Sud risque d’avoir un impact sur l'accès à l’éducation et aux soins.

La BM ajoute que les conséquences pour le Liban seront encore plus difficiles si la guerre se prolonge, ou dégénère, considérant que le pays est « mal équipé » pour gérer ce type de répercussions.

« L'escalade du conflit pourrait avoir un impact sévère et durable sur les infrastructures déjà faibles du Liban dans les secteurs de l'électricité, de l'eau et des transports », écrivent notamment les rédacteurs du LEM. Ils énumèrent aussi le risque de voir ce qui reste de système financier se gripper, celui de voir les importations diminuer drastiquement, au point de provoquer des pénuries, ou encore un taux de change à peu près stable depuis plusieurs mois décrocher à nouveau – alors que la livre libanaise a déjà perdu 98 % de sa valeur par rapport à son niveau d’avant la crise.

Il reste que pour l’instant, le Liban est loin d’avoir été totalement déserté par sa diaspora, la compagnie nationale, Middle East Airlines (MEA) ayant dû reprogrammer plus de 150 vols pendant les fêtes après avoir réduit son offre de moitié dans les semaines qui ont suivi le début de la guerre. Les routes dans la capitale sont, de plus, très encombrées depuis quelques jours, comme c’est traditionnellement le cas à l’approche des fêtes de Noël et du Nouvel An.

L’espoir que le Liban entretenait de voir son économie reprendre du poil de la bête en 2023 pour la première fois en 5 ans a bien été torpillé par la guerre à Gaza, qui a débordé au Liban-Sud où les échanges de tirs entre le Hezbollah et l’armée israélienne sont quotidiens.C'est le principal enseignement du dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur l’économie libanaise,...

commentaires (3)

Pendant une décennie et quelque, notre pays a subi la pire des guerres et de massacres, pendant que les autres pays étrangers continuaient à prospérer et vaquaient à leurs occupations et ne semblaient pas affectés pour le moins du monde de notre pays détruits ni de ses morts par milliers. Au Liban, aussitôt qu’un pays, autre que le nôtre se trouve par en guerre, des vendus corrompus se chargent de le mêler à des conflits qui ne le concerne aucunement sur ordre d’un pays étranger. Comment voulez-vous que ce pays se relève. Nous avons droit à des guerres destructives sur commande en permanence

Sissi zayyat

13 h 39, le 22 décembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Pendant une décennie et quelque, notre pays a subi la pire des guerres et de massacres, pendant que les autres pays étrangers continuaient à prospérer et vaquaient à leurs occupations et ne semblaient pas affectés pour le moins du monde de notre pays détruits ni de ses morts par milliers. Au Liban, aussitôt qu’un pays, autre que le nôtre se trouve par en guerre, des vendus corrompus se chargent de le mêler à des conflits qui ne le concerne aucunement sur ordre d’un pays étranger. Comment voulez-vous que ce pays se relève. Nous avons droit à des guerres destructives sur commande en permanence

    Sissi zayyat

    13 h 39, le 22 décembre 2023

  • Encore une fois: Merci qui? Merci Mr Nasrallah!

    Yves Prevost

    07 h 11, le 22 décembre 2023

  • Le Liban n’avait tout simplement pas à se meler dans un guerre qui à la base ne le concerne meme pas …

    JPF

    21 h 53, le 21 décembre 2023

Retour en haut