
Note de démission dans le coin de lecteurs qu’il dirigeait dans al-Sanabel d’Alep du 30-09-1960 (en haut à droite) : « Cher lecteur, quand tu feuilletteras les pages de ce numéro, je serai sur le paquebot Iskenderun, naviguant vers la France… »
Né à Alep le 3 avril 1939, fils de Jean Farajallah Fathi (décédé en 1977) et de Violette Mikhayil Kalash (décédée en 1997), époux de Katya Édouard Chelhot, père de Jean, frère aîné de Muna, Amal (décédée en 2023), Huda et Gemma. Descendant d’une famille de rite syriaque, dont l’histoire durant l’époque ottomane a été contée (voir La maison du diacre Fathi, JECS 74, 2022), son père rencontra sa mère lors d’un passage à Iskenderun, d’où elle était originaire. Ils se marièrent le 27 avril 1938 à Alep.
Formé au collège franciscain de Terre-Sainte à Alep, il prit le paquebot Iskenderun de Beyrouth le 28 septembre 1960, arrivant à Marseille le 3 octobre. Il entama deux ans d’études de médecine à Lyon qui ne lui réussirent pas, et qu’il n’aima pas. Rentré à Alep et intégrant son université, il fut licencié en droit en 1966, sorti majeur de sa promotion. En 1967, il fut employé à l’université d’Alep, d’abord comme assistant, puis comme chargé de cours. Revenu en France en octobre 1970, il obtint un doctorat de 3e cycle en économie du développement de l’université de Montpellier (avril 1973) et un doctorat d’état en droit public, mention économie du développement, de l’université de Nice (mai 1975), écrivant ses thèses sur la planification du développement économique et social en Syrie. En outre, il reçut deux diplômes d’études supérieures en droit public et en sciences politiques de l’université de Nice (1972 et 1974), le diplôme de l’Institut européen des hautes études internationales (1972) et le diplôme de l’Institut agronomique méditerranéen (1971). Durant cette période, il suivit aussi une formation à l’Académie de droit international de La Haye (1972), enseigna à l’université de Constantine en Algérie (mars-juillet 1973) et se maria à Alep, le 26 septembre 1973, emmenant son épouse en France.
À son retour, il fut réintégré à l’université d’Alep en novembre 1975. Il donna quatre cours, trois en sciences économiques, dont un séminaire sur l’économie du développement, et un sur la législation foncière, dont les notes donnèrent plus tard lieu à un livre. Parmi ses autres fonctions, le président de l’université, Ahmad al-Hassan, l’assigna pour l’assister dans son grand projet, la fondation de l’Institut d’histoire des sciences arabes (1976). Il participa à l’organisation par cet institut des deux premiers symposiums internationaux pour l’histoire de la science arabe, en avril 1976 et avril 1979.
Début 1979, à la recommandation de René-Jean Dupuy, son directeur de thèse à Nice, il fut recruté par le Fonds saoudien pour le développement (FSD). Résidant à Riyad à partir de juillet 1979, il fut jusqu’en décembre 1997 chargé de divers projets d’aide au développement du FSD dans une trentaine de pays africains, qu’il visita tous, la plupart de multiples fois. Ces visites lui permirent de développer un attachement très spécial envers le continent africain et ses habitants qu’il aima sincèrement. Sa première mission fut à Nouakchott en octobre 1979 ; sa dernière, en Afrique subsaharienne, fut à Ouagadougou en décembre 1997. Il participa aussi à des réunions et conférences de donateurs, notamment à Paris, Washington, Vienne, Singapour et Genève. De janvier 1998 à décembre 2006, il occupa son troisième poste, celui de conseiller spécial du PDG de l’Arab Investment Company, une société fondée par dix-sept pays arabes dont le siège se trouve à Riyad. Par ailleurs, il fut de 1957 à 1986, l’auteur d’une centaine d’articles en arabe.
En mars 2007, après une longue émigration, il revint prendre sa retraite à Alep, malheureusement troublée par la guerre syrienne à partir de 2011. Il parlait le turc en plus de l’arabe, du français et de l’anglais, et allait tous les ans à Iskenderun depuis sa tendre enfance, ses sœurs s’y étant plus tard mariées. La guerre l’empêcha de les voir pendant huit ans. Il avait bien des qualités qu’il n’est pas lieu d’énumérer, par-dessus tout, persévérance et honnêteté. Toute ostentation lui était anathème. C’était aussi un père merveilleux. Le matin du 10 décembre 2023, à Alep, il quitta ce monde en paix à 84 ans dans son lit, après avoir prié et embrassé l’icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours qui se trouvait dans sa chambre. Ses obsèques eurent lieu le 11 décembre, officiées par l’évêque syriaque-catholique, en présence de l’évêque grec-orthodoxe, représentant le rite de sa famille maternelle, et de l’évêque maronite. Mémoire éternelle.
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Un bel exemple d'un père persévérant et honnête, qui avait horreur de toute ostentation ! Paix à son âme
13 h 20, le 16 décembre 2023