Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Les chrétiens, les Libanais, leurs rêves et leurs déceptions


J’ai été interpellé par l’article de M. Samir Atallah publié en novembre dernier dans an-Nahar, sous le titre « Où sont les maronites ? ».

Il n’est pas déplacé de faire porter aux maronites la responsabilité du Liban car ils en sont les géniteurs.

En 1920, le patriarche Élias Hoayek a voulu un Liban multicommunautaire et il a obtenu ce qu’il voulait. Cet État embryonnaire était loin de faire l’unanimité parmi les Libanais. Les conclusions de la commission King Crane ainsi que les deux Congrès du littoral en témoignent. Toutes les communautés étaient prêtes au sacrifice pour trouver un cadre viable qui leur ressemble. Le verbe « sacrifier » vient du latin « sacrificare » qui provient des deux mots « sacrum » et « facere », qui signifient « faire un acte sacré », mais lequel !

Entre la chute de l’Empire ottoman et l’indépendance, dès qu’il s’agissait de faire du Liban une nation libre et souveraine, la discorde nationale sévissait.

Pour les chrétiens, le Liban est l’espace qui leur assure la sécurité, la pérennité, le rôle politique, mais aussi et surtout la liberté. Pour d’autres, ils étaient à l’étroit dans les frontières libanaises, constamment attirés par les causes transfrontalières et notamment arabes.

Le Liban était stigmatisé par bon nombre de ses propres enfants comme une anomalie de l’histoire, un fruit maudit d’un vil complot exécuté par messieurs Sykes et Picot.

En 1926, nombre de communautés ont refusé de participer à la rédaction de la Constitution par crainte qu’elle ne soit une consécration de l’État libanais.

Le Liban restait alors un défi difficile à lever, presque impossible à achever. Cependant, en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1943, une lueur d’espoir luit à l’horizon. Soudain les Libanais, toutes communautés confondues, avançaient ensemble, à pas lents mais sûrs, vers l’indépendance. Et l’indépendance fut.

Les démons du passé étaient-ils pour autant exorcisés ? Du moins on voulait bien le croire.

En 1958, une confrontation armée éclate entre souverainistes et nassériens. Ni vainqueur ni vaincu ? Mi-vainqueur, mi-vaincu ? Peu importe. La hache de la guerre abreuvée de sang a la vie dure.

Dix-sept ans plus tard, un 13 avril 1975, cette même hache a été déterrée avec la soif de sang inassouvie. Cette fois-ci c’est la cause palestinienne, c’est Arafat et l’OLP qui précipitent les Libanais dans les abysses ténébreux. Même clivage, différentes causes, le pays est à feu et à sang. Plus rien ne sera comme avant. Arafat finit par faire la paix avec Israël et ses orphelins libanais trouvent refuge dans l’arrière-cour des Assad.

Après l’allégeance aux Ottomans, au roi Fayçal ben Hussein, à la Grande Syrie, à Nasser, aux Palestiniens, au régime Assad… voilà que le nœud gordien que la mythologie place en Perse (clin d’œil cynique de l’histoire) vient enlacer le cou du Liban et l’étouffer. Décidément, les diables s’épanouissent en enfer. Des Libanais exultent face à ce spectacle macabre avec un insoutenable air de déjà-vu. De plus en plus, à défaut de volonté commune, la maquette Liban peine à s’ériger en édifice.

Aujourd’hui, les chrétiens, les maronites, sont las. Ils craignent que le Liban multiconfessionnel ne soit qu’un mythe, celui de Sisyphe. Pour la première fois depuis 1920, ils y croient de moins en moins.

Les récents appels à toute forme de décentralisation ne sont que la partie audible d’une envie de séparatisme non exprimée. Même en politique, le tabou est l’espace où s’épanouit le désir enfoui.

Les peuples souffrent de l’impossibilité d’avouer leurs fautes. Ils préfèrent faire couler le bateau plutôt que d’admettre une erreur de navigation.

Le bateau Liban a pris l’eau. Les uns s’en réjouissent, les autres se battent et bon nombre baissent les bras. Attention à la lassitude des chrétiens. Elle peut faire couler le navire et personne ne survivra à ce naufrage.

À la question « où sont les maronites ? », je réponds, « voilà où en sont les Libanais ».

Député de Baabda

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

J’ai été interpellé par l’article de M. Samir Atallah publié en novembre dernier dans an-Nahar, sous le titre « Où sont les maronites ? ».Il n’est pas déplacé de faire porter aux maronites la responsabilité du Liban car ils en sont les géniteurs. En 1920, le patriarche Élias Hoayek a voulu un Liban multicommunautaire et il a obtenu ce qu’il voulait. Cet...

commentaires (2)

Msontensnt c'est le noeuf qui veut se fsire ausdi petit que la grenouille . Trop tard !

Chucri Abboud

23 h 51, le 12 décembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Msontensnt c'est le noeuf qui veut se fsire ausdi petit que la grenouille . Trop tard !

    Chucri Abboud

    23 h 51, le 12 décembre 2023

  • Encore un 13 avril , C'est le 13 avril 1635, que fut exécuté à Constantinople, Fakhr ed Dine II, prince fondateur d'un Liban indépendant, ainsi que sa famille et toute sa suite ! Une date fatidique qui a poursuivi le pauvre et malheureux Liban, qui a payé très cher la politique du Mada Elli Mada (1860) et dont un dicton populaire disait : Niyyal elli 3endou markad 7anzé bi jabal loubnan ( Heureux celui qui a le logis d'une chèvre dans le Mont Liban ) ! Dr Raymond Melki

    MELKI Raymond

    20 h 10, le 11 décembre 2023

Retour en haut