Depuis le début de la guerre à Gaza, Walid Joumblatt a les yeux rivés sur le Liban-Sud. Le leader druze a en effet été un des premiers à mettre en garde contre un faux pas qui enfoncerait le Liban dans le conflit opposant le Hamas à lsraël depuis le 7 octobre dernier. Un peu moins de deux mois plus tard, l’ex-chef du Parti socialiste progressiste craint toujours une escalade inopportune à la frontière sud, d'autant que le Hezbollah insiste à ériger cette zone en « front de soutien au Hamas ». Mais à l’heure où le Liban fait, selon son ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, l’objet de « pressions en vue de l’application de la résolution 1701 (2006) dans son intégralité », et qu’Israël presse pour pousser les éléments du Hezbollah au nord du Litani, Walid Joumblatt estime que « ce n’est pas le bon moment pour remettre en cause cette résolution ». Entre les ténors du Hezbollah qui estiment que « la 1701 est désormais derrière nous » et ceux qui veulent la muscler davantage, le leader druze est donc pour le statu quo en attendant la fin des hostilités.
Vous avez alerté très tôt sur les risques d'une escalade au Liban-Sud. Pensez-vous qu’il soit toujours possible de mettre en œuvre la résolution 1701 ?
J’ai toujours le même sentiment de crainte. Parce que le moindre faux pas pourrait nous entraîner dans la guerre. Mais à l’heure où les combats au Liban-Sud font rage, ce n’est pas le bon moment pour remettre en cause la 1701. Je tiens à préciser que nous sommes pour l’application de cette résolution. Mais cela est tributaire du camp adverse. On ne peut pas se contenter de demander aux habitants du Liban-Sud visés par les bombardements quotidiens de ne pas y répondre (et donc de respecter la 1701), sans demander de même à Israël. Nous sommes pour la mise à exécution de la résolution, mais il faut bien que le camp adverse la respecte aussi.
La dernière visite de l’émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, était principalement axée sur la prorogation du mandat du chef de l’armée, Joseph Aoun. Pensez-vous que l’approche française dans ce dossier est la bonne ?
Certainement. Car il est clair qu’en l’absence d’un président de la République (en période de vacance à la magistrature suprême), on ne peut pas nommer un successeur au chef de l'armée. Et étant donné que le patriarche maronite a une position claire à ce sujet, la meilleure solution, c’est de proroger le mandat de Joseph Aoun en attendant l’élection d’un nouveau chef de l’État.
Comment interpréter le fait que M. Le Drian – et derrière lui la communauté internationale – plaide désormais ouvertement pour la prorogation du mandat de Joseph Aoun ?
Je ne parle pas de la communauté internationale. Nous avons vu (les défaillances de) celle-ci à Gaza. C’est la France (qui évoque le dossier) et cela suffit.
Jean-Yves Le Drian a insisté lors de son séjour à Beyrouth sur l’urgence de tenir l’élection présidentielle, surtout en période de guerre. Partagez-vous ce constat ?
Tout d’abord, la discussion avec Jean-Yves Le Drian a uniquement porté sur l’avenir de l’armée. En effet, je trouve que cette question est aujourd’hui beaucoup plus urgente que la présidentielle. Cette échéance est d’ailleurs reléguée aux oubliettes, d’autant qu’on est à moitié en guerre. Comment peut-on garder l’armée sans chef dans de telles circonstances !
Quel message adressez-vous dans ce cadre au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, principal opposant au maintien de Joseph Aoun à son poste ?
Qu’il arrête son nihilisme.
commentaires (10)
ET MOI QUI CROYAIS QU,IL ETAIT UNIQUEMENT *CAMELEON* ! HAHAHA !
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 32, le 05 décembre 2023