C’est un tandem mère-fille qui a décidé d’aider la communauté de Jiyé en créant avec des résidus textiles de beaux objets artisanaux. Zarifah el-Sayed, artiste et éducatrice, et sa fille Lynn el-Hajj, architecte d’intérieur, ont pris l’initiative de mettre leurs compétences au profit d’une œuvre sociale qui permette à la fois de réduire les déchets et de faire vivre les femmes d’une région défavorisée du Liban. Ensemble, elles fondent « Takasis », un nom de marque qui signifie « découpes » mais contient dans ses sonorités le mots « récits ». En effet, chaque objet confié aux mains expertes d’une artisane raconte une histoire, un parcours, une vie à soi depuis le tissu qui le compose jusqu’à l’apparence qui lui est donnée et les doigts qui le transforment.
Avec Latifa et Sabine qui s’occupent de la logistique depuis l’Allemagne et la Suisse, et Oum Mohammad, Soheir et Wahida qui gèrent les artisanes locales entre couture et broderie, la petite entreprise sociale repose sur un noyau dur qui garantit sa croissance et assure la qualité du produit fini. L’objectif est de joindre la durabilité environnementale à la responsabilité sociale et l'autonomisation économique des femmes. C’est ainsi qu’en partenariat avec les artisans locaux, de nouveaux produits sont créés avec la double valeur ajoutée de la durabilité et de la responsabilité sociale. Le marché libanais se voit ainsi enrichi de produits résultant de services innovants rendus aux communautés locales et régionales avec des opportunités d'emploi et un développement des compétences à travers des pratiques artistiques durables. Une manière de contourner la crise économique et financière libanaise en promouvant une croissance par la bande qui transforme les difficultés en opportunités et ouvre des perspectives jusque-là négligées.
La sensibilisation à l’environnement passe ici par la réduction des déchets textiles. Les opportunités économiques mises à la disposition des femmes de la communauté favorise leur émancipation. Le prix relativement fort des produits Takasis sont justifiés par leur exclusivité et leur caractère écologique, ce qui leur confère un avantage concurrentiel sur le marché. Pour les fondatrices, qui interviennent dans toutes les opérations de l’entreprise, de la gestion des déchets textiles à la logistique et l’administration, le design et la stratégie et jusqu’à la communication et la création de contenus pour les médias sociaux, cette solution éco-innovante offre un triple avantage social, environnemental et économique.
Les supports classiques, bobs, pochettes, sacs cabas et coussins se parent d’une identité particulière résultant d’un hasard étudié. Les résidus textiles qui n’ont pas été choisis se combinent sous le regard expert de la directrice artistique de la marque et produisent des harmonies et des effets inédits. Des maximes, des refrains, des clins d’œil coquins sont brodés en relief. La plupart des accessoires sont animés de pompons de soie. « Habbaytak Bessayf », « Tol3et ya ma7la nourha »... Qui n’est pas sensible à ces airs nostalgiques qui trottent régulièrement dans la tête de tout natif de cette région ? En les portant sur soi dans la rue, on est assuré de les relancer en boucle en chaque passant que l’on croise.
commentaires (2)
Très bonne initiative, à prendre comme exemple!
Georges Olivier
21 h 29, le 03 décembre 2023