L'École 42, leader international du développement de logiciels et du codage, ouvrira un « campus partenaire » à Beyrouth l'année prochaine, financé par le géant français du transport maritime et de la logistique CMA CGM. Bien qu’elle ne soit pas la première école de ce type à s’installer au Liban ces dernières années, elle pourrait, espèrent les membres de l'industrie technologique locale, stimuler - au moins à terme - un secteur en proie à la fuite des cerveaux et à l'effondrement de l'économie nationale.
Fondée en 2013 à Paris, l'École 42 est une institution internationale de haute technologie, de développement de logiciels et de codage qui compte plus de 50 campus dans le monde.
Le campus de Beyrouth devrait ouvrir ses portes au printemps 2024 dans le Beirut Digital District, au centre-ville, et vise à recruter 150 étudiants par an, selon Dr Wissam Sammouri, directeur du campus. Les frais de scolarité seront entièrement couverts par CMA CGM, dont le président est l'homme d'affaires franco-libanais Rodolphe Saadé, ajoute-t-il.
Contrairement à d'autres écoles de codage au Liban, l’École 42 promet d'accepter des étudiants qui n'ont pas encore de diplôme de premier cycle (licence). L'enjeu est de taille : lors d'une enquête réalisée l'année dernière, près de 50 % des Libanais interrogés ont déclaré vouloir quitter le Liban. Ce chiffre s'élevait à 61 % pour les personnes ayant suivi une formation universitaire.
Retenir les cerveaux libanais
Des écoles comme celle-ci pourraient-elles contribuer à ralentir la fuite des cerveaux au Liban ? « Plus nous aurons de codeurs qualifiés dans le pays, plus nous renforcerons les PME (petites et moyennes entreprises) qui servent les secteurs des technologies de l'information et de la communication (TIC) », estime Ramy Aboujaoudé, directeur de l'exploitation de l'incubateur libanais Berytech. « Et plus elles desservent les marchés extérieurs à distance, plus elles pourraient retenir les talents dans un pays qui lutte contre la fuite des cerveaux. »
Fadi Bizri, PDG de SE Factory, camp d'entraînement au codage, affirme que les acteurs du secteur technologique libanais espèrent faire du pays une destination d'externalisation technologique pour les entités multinationales à la recherche de talents qualifiés. « Il est important d'encourager les talents libanais, car ils fournissent un travail de grande qualité à des coûts abordables par rapport à leurs homologues d'autres pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne », explique M. Bizri. « Le rapport qualité/prix est avantageux. » Pour lui, le nouveau campus de l'École 42 pourrait « contribuer à mettre le Liban sur la carte ».
Mais d'abord, le Liban doit retenir – et éduquer – ses jeunes codeurs. Un ancien étudiant de SE Factory, Mike Ayoub, explique que la « forte probabilité » de trouver un emploi l'a poussé à étudier le codage, alors que lui-même était auparavant ingénieur civil, un métier qui offre peu de perspectives au Liban. Le codage lui a également permis de rechercher un emploi à distance auprès d'entreprises internationales offrant des salaires compétitifs. Il travaille actuellement depuis le Liban et fournit des services à des entreprises du Golfe.
Le nouveau campus de Beyrouth fera partie des neuf campus partenaires de l'École 42 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Remarquable tout ce que fait Mr Rodolphe Saade pour les jeunes libanais. Merci!
05 h 18, le 01 décembre 2023