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Moyen-Orient - GAZA

Ce que disent les preuves avancées par Israël pour justifier son raid sur l'hôpital al-Shifa

L’État hébreu a diffusé trois vidéos justifiant prétendument la présence, au sein de l'établissement de santé, d'un centre de commandement opérationnel du Hamas.

Ce que disent les preuves avancées par Israël pour justifier son raid sur l'hôpital al-Shifa

Des soldats israéliens dans le complexe hospitalier al-Shifa, à Gaza-Ville, lors de leur entrée au sein de l'établissement de santé, mercredi. Reuters

Il est passé du plus grand établissement de santé de l’enclave palestinienne à un champ de bataille. Alors que des milliers de Gazaouis déplacés y étaient entassés depuis le début de la guerre pour échapper aux frappes aériennes israéliennes, l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza, autrefois considéré comme le cœur du système de santé de l’enclave palestinienne, est devenu une « zone de mort », a dénoncé l'Organisation mondiale de la santé. Privé d’électricité, en pénurie de médicaments et de carburant après le siège total imposé par Israël dès le 9 octobre, le complexe de l’hôpital s’était déjà mué en fosse commune, alors que des centaines de corps y ont été enterrés. Mais, mercredi dernier, al-Shifa s’est transformé en zone de guerre, lorsque l’État hébreu y a pénétré, bien que le droit international humanitaire (DIH) protège les hôpitaux, les blessés, les malades et le personnel de santé des attaques qui peuvent les cibler, à de rares exceptions près. C’est en clamant l’exception qu’Israël a justifié son incursion, prétextant que l’hôpital abrite un centre de commandement opérationnel du Hamas, des tunnels ainsi qu’un lieu de lancement d’attaques, utilisant l’établissement et les civils qui y étaient réfugiés comme boucliers humains.

Même si cela était avéré, il faudrait également que l’État hébreu lance un avertissement afin d’évacuer les patients, selon le DIH. Interrogé mercredi par CNN, le Dr Khaled Abou Samra exerçant au sein de l’hôpital a pourtant indiqué qu’il n’avait été prévenu que 30 minutes avant le début de l'opération israélienne. L’armée se défend quant à elle en indiquant avoir notifié aux « autorités compétentes », la veille, que toutes les activités militaires (du Hamas, NDLR) au sein du complexe devaient cesser dans les 12 heures.

Face aux critiques de défenseurs des droits humains, de certains alliés et institutions internationales, Israël a cherché à présenter des preuves pour justifier ses allégations, ainsi que son opération militaire. Voici les trois vidéos diffusées par l’État hébreu en ce sens.

Les armes retrouvées

Dans la nuit du 15 novembre, les forces armées israéliennes publient une vidéo d’une durée de 7 minutes dans laquelle elles montrent ce qu’elles affirment être de l’équipement militaire du Hamas trouvé dans une salle d'imagerie médicale (IRM) de l’hôpital al-Shifa. Dans un sac qui aurait été dissimulé derrière un appareil d’IRM par les combattants du mouvement islamiste, selon Israël, on y voit des cartouches, des grenades ainsi qu’un seul fusil AK-47. La séquence a été filmée plus tôt dans la journée, à 13h18, selon l’heure affichée sur la montre portée par le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, le porte-parole des forces armées israéliennes dirigeant la visite.

Quelques heures plus tard, dans la nuit du 15 au 16 novembre, une équipe de Fox News est autorisée par l’armée israélienne à pénétrer dans la salle. Durant son reportage, deux fusils AK-47 lui sont cette fois montrés dans la salle d’imagerie. Une équipe de la BBC pénètre également dans les lieux au cours de la nuit, toujours en présence de l’armée. Ces deux fusils sont alors toujours visibles au même endroit. Selon plusieurs médias internationaux, la différence entre la vidéo diffusée par l’armée et celles des médias suggère que les armes ont pu être déplacées ou placées là intentionnellement avant l’arrivée des équipes de journalistes.

Israël a en outre précisé à la BBC que sa vidéo postée antérieurement « a été tournée en une fois, sans montage ». Le service de fact-checking du quotidien français Libération rapporte pourtant une coupe à 6 minutes et 27 secondes.

Après les interrogations de la BBC et d’autres médias internationaux relatives à la présence d’un fusil AK-47 supplémentaire, l’armée israélienne a indiqué à CNN que cela « était dû au fait que davantage d’armes et de moyens terroristes ont été découverts tout au long de la journée ». « Les suggestions selon lesquelles les forces de défense israéliennes (FDI) manipulent les médias sont incorrectes, a ajouté l'armée. Nous agissons en toute transparence, tout en préservant la sécurité de nos troupes et notre préparation opérationnelle. »

Des internautes ont pourtant fait état de la suppression d’une vidéo publiée antérieurement à la séquence de 7 minutes. Dans l’extrait initial qui n’est plus disponible, l’écran d’un ordinateur appartenant prétendument au Hamas montrait clairement une photo de la soldate israélienne Noa Marciano, prise en otage le 7 octobre. Or, dans la vidéo remise en ligne, l’écran de l’ordinateur est flouté, certains internautes ayant alors suggéré qu’Israël aurait réalisé qu’il était difficile de convaincre l’opinion que le Hamas utilisait un ordinateur non sécurisé.

Dans sa séquence, l’armée israélienne affirme par ailleurs que « ce que nous avons trouvé, et qui n’est que la partie émergée de l’iceberg, confirme que le Hamas utilise systématiquement cet hôpital pour ses opérations militaires ». Pourtant, selon la BBC, ce qui apparaît comme étant des armes et des équipements militaires disséminés dans différentes salles de l'établissement hospitalier ne permet toujours pas de confirmer les allégations avancées par Israël selon lesquelles al-Shifa abrite un centre de commandement opérationnel du Hamas. Washington, qui a lui aussi affirmé que l’hôpital était utilisé à des fins militaires par le groupe islamiste, a néanmoins minimisé la taille de l’installation estimée par Israël, usant de la formule « un nœud de commandement et de contrôle », précise le média britannique.

Des tunnels sous l’hôpital

Une autre vidéo diffusée dimanche par l’armée israélienne montre, au milieu d’un tas de ruines et de débris, un trou d’environ deux mètres de diamètre dans le sol, indiquant selon elle l’entrée d’un tunnel du Hamas, équipée d’une échelle pour s’y engouffrer, elle-même suivie d’un escalier, conduisant enfin à un tunnel situé à 10 mètres de profondeur sous le complexe d’al-Shifa. Les forces israéliennes expliquent que ce tunnel aurait été découvert à la suite de l’explosion d’un « véhicule contenant de nombreuses armes, dont des RPG, des explosifs et des fusils Kalachnikov » sous un hangar. La séquence a été filmée le 17 novembre, soit trois jours avant sa diffusion, indiquent les militaires, qui estiment avoir marché 55 mètres en direction de l’hôpital jusqu’à arriver à une porte métallique anti-explosion disposant d’une ouverture utilisée pour tirer. Les soldats israéliens se sont ensuite arrêtés par crainte de tomber sur des engins piégés, rapportent certains médias.

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C’est la première vidéo que l’armée israélienne diffuse pour prouver que le « métro de Gaza » construit durant des années par le Hamas passerait aussi sous l’établissement. Une légère coupure dans la vidéo, alors que le soldat chargé de filmer arrive au bout de l’escalier, selon le schéma complétant les images vidéos, semble indiquer que plusieurs séquences ont été montées bout à bout. Le directeur général du ministère de la Santé à Gaza a pour sa part réfuté les allégations de l’État hébreu, décriant un « pur mensonge ».

Deux otages dans l’hôpital

Dimanche, l’armée israélienne a également diffusé des séquences vidéo apparemment tirées des caméras de surveillance de l’hôpital, datées en haut à gauche du 7 octobre 2023, jour de l’attaque du Hamas en Israël, entre 10h53 et 10h56. Sur la première, on peut voir des hommes, dont certains sont armés, tirant de force ce qui paraît être un otage dans un espace hospitalier identifié par les forces israéliennes comme celui d’al-Shifa. Entouré des mêmes hommes, ainsi que d’autres qui les ont rejoints, cet individu est ensuite vu sur une autre séquence, un peu plus de deux minutes plus tard. Il entre dans un couloir, la tête baissée par ses ravisseurs sous un tee-shirt. Le groupe est précédé par un brancard tiré par un homme qui semble porter une arme, sur lequel est étendu un homme blessé à la main gauche, également identifié comme un otage. Celui-ci est poussé dans une salle qui n’est pas visible sur les vidéos diffusées, mais dans laquelle s’engouffre un membre du personnel médical, suivant la civière. Les deux personnes enlevées sont des citoyens népalais et thaïlandais respectivement, affirme l’armée israélienne. Une autre image figée, datée de 11h00, montre le premier otage marchant auprès de l’un de ses ravisseurs, alors qu’il semble avoir les mains liées derrière le dos.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, n’a pas précisé comment cette dernière était entrée en possession des vidéos, indiquant néanmoins que des membres des services de renseignements faisaient partie de l’opération ayant ciblé l’hôpital, afin de localiser des otages. Alors qu’un accord semble sur le point d’être conclu pour libérer une cinquantaine de captifs, l’État hébreu estime que 240 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre. Le Hamas a, lui, affirmé que plus de 50 d’entre elles avaient été tuées par des frappes israéliennes, notamment Noa Marciano, retrouvée morte dans les environs d’al-Shifa par les forces israéliennes. Selon Daniel Hagari cependant, la jeune femme de 19 ans aurait été « assassinée par un terroriste du Hamas » au sein de l’hôpital, après avoir été blessée lors d’une frappe israélienne sur l’appartement où elle était retenue, rapporte le Times of Israel, l’armée israélienne soutenant que ses blessures n’étaient pas critiques. Le corps d’une autre otage de 65 ans a également été retrouvé dans les alentours d’al-Shifa, avait annoncé l’armée israélienne jeudi dernier, sans toutefois préciser comment elle était morte.

Si l’État hébreu entend utiliser ces images pour prouver que des otages étaient retenus dans le complexe d’al-Shifa, justifiant une attaque sur l’établissement hospitalier, aucune vidéo ne prouve que ces deux captifs y sont restés jusqu’à l’opération israélienne contre l’hôpital. Le ministre de la Santé de Gaza a mis en doute l’authenticité des vidéos et images diffusées dimanche par l’État hébreu, tandis que le Hamas avait déclaré la veille que des otages avaient été amenés à l’hôpital pour des soins après avoir été blessés dans des frappes israéliennes. De nombreux internautes ont ainsi tourné en dérision les allégations de l’armée israélienne, avançant qu’elles montraient surtout que le Hamas avait pris soin des personnes enlevées.

Il est passé du plus grand établissement de santé de l’enclave palestinienne à un champ de bataille. Alors que des milliers de Gazaouis déplacés y étaient entassés depuis le début de la guerre pour échapper aux frappes aériennes israéliennes, l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza, autrefois considéré comme le cœur du système de santé de l’enclave palestinienne,...

commentaires (5)

je pense que les tunnels sont dans le cerveau des dirigeants isra..eliens et ceux qui y croient ...

nabil samir

17 h 01, le 21 novembre 2023

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Commentaires (5)

  • je pense que les tunnels sont dans le cerveau des dirigeants isra..eliens et ceux qui y croient ...

    nabil samir

    17 h 01, le 21 novembre 2023

  • Ceux qui croiront aveuglément à ces prétendues preuves sont les mêmes qui pensent que le conlit israélo-palestinien a commencé le 7 octobre.

    Politiquement incorrect(e)

    16 h 50, le 21 novembre 2023

  • Trop tôt pour déclarer qu’il n’ y avait pas de tunnel sous l’hôpital

    Bery tus

    15 h 36, le 21 novembre 2023

  • Le dessein d'Israël mn'est pas "d'éliminer" leHamas. Il est indisèensable à l'exisence d'israël car il FAUT qu'il existe pour qu'Israël puisse se plaindre de ses "attaques. Idem pour le Hezbollah. Ce qui se passe à Gaza est l'éviction d'un peuple dont le seul défaut est d'avoir vécu sur ses terres depuis des millénaires. Israël veut TOUT le territoire du Jourdain jusqu'à la mer. Du moins pour le moment. Faisons confiance à leur mauvaise foi pour que d'autres "terroristes" viennent se greffer dans la région, terroristes qu'il faudra "éliminer" bien entendu.

    Joseph ADJADJ

    13 h 32, le 21 novembre 2023

  • - EN REVE JE VIS SATAN. - JE FONCAIS EN HYSTERIQUE. - MAIS UN AUTRE LUNATIQUE, - EN IRAQ EN FIT AUTANT. - POURQUOI M,APPELLE-T-ON VIL, - CAR POUR CHAQUE TERRORISTE , - JE FAUCHE MILLE CIVILS ? - ILS SONT FUTURS JIHADISTES. - MON IDEAL SIONISTE, - ME DIT : NETTOYEZ LA PISTE. - ILS SONT DES PALESTINIENS. - DONC POUR NOUS PAS DES HUMAINS. - PUIS, COMMETTRE UN GENOCIDE, - CHEZ NOUS, JE SERAIS UN CID.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 40, le 21 novembre 2023

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