« A Life in Fashion » : Carolyn Bessette Kennedy ou la simplicité faite élégance

À peine sorti en libraire, Carolyn Bessette Kennedy : A Life in Fashion (Une vie dans la mode), de Sunita Kumar Nair, directrice créative de la section mode dans des publications de renom, s’est placé sans surprise en tête des ventes. Car c’est là un hommage à cette icône restée mystérieuse jusqu’au bout, enveloppée d’un style intemporel hors des sentiers battus, et qu’elle voulait dépouillé à l’extrême.

Rappelons que cette jeune femme, née en 1966 et diplômée de l’Université de Boston, avait amorcé une carrière dans l’univers de la mode. Elle avait travaillé tout d’abord chez Calvin Klein en tant que chargée des relations publiques, lieu où elle fait la connaissance de Narciso Rodriguez qui dessinera sa célèbre robe de mariée, toute à son image en soie blanche fluide. Carolyn avait également posé pour le magazine Private. Le 21 septembre 1996, elle épouse John Fitzgerald Kennedy Jr., fils du 35e président américain John F. Kennedy. Dès cet instant, elle entre dans la famille la plus célèbre des États-Unis. Par la suite, le mariage connaîtra des accros. Néanmoins, durant tout ce temps, Carolyn avait gardé un style personnel qu’elle avait développé, reconnu par tous et qualifié de « efortless »,  reflétant l’essence même de la classe en toute liberté.

Stylés même en jogging. Photo tirée de l'ouvrage

La chemise blanche, sa marque de fabrique

C’est cette allure, ce choix vestimentaire qui la caractérisait qu’aborde cet ouvrage consacré à une mode qu’elle a façonnée et qui s’est vite imposée. Des extraits de ce titre publiés par Amazon donnent l’essentiel de l’élégance naturelle de Carolyn Bessette Kennedy, décédée en pleine jeunesse. La jeune femme avait deux chevaux de bataille : la chemise blanche et la tonalité beige. Pour dire l’importance qu’elle donnait à ces deux éléments-clés de sa garde-robe, l’auteur de l’ouvrage a consacré un chapitre à chacun.

Une chemise blanche est une chemise blanche, mais chez Carolyn, elle a été qualifiée de « magnum opus de la simplicité ». Lors d’une interview pour le magazine Glamour en 1992, elle avait ainsi commenté tout de go la tenue qu’elle arborait (une chemise blanche et un jeans) : « Straightforward » (sans détour). Ce choix chez elle pouvait également passer par un chemisier cache-cœur signé Yohji Yamamoto, qu’elle avait assorti à une jupe noire à volant pour un dîner de gala au Whitney Museum en 1998. Le tout était impressionnant de discrétion et projetait une version féminine du smoking masculin. Elle avait l’habitude de dire : « Je ne suis pas confortable avec tout ce qui est relevé, j’aime les looks épurés et sobres.» Edward Enninful, rédacteur en chef de la revue Vogue britannique, qui a signé la préface de l’ouvrage, la perçoit ainsi : « Elle n’a pas choisi de se conformer aux normes patriciennes typiques attendues d’une femme dans sa position, qui s’était mariée à une dynastie. Au lieu de cela, elle a préféré l’inattendu et a porté ses vêtements révolutionnaires avec audace, confiance et grâce. » Même regard de Gabriela Hearst, designer privilégiée de l’actuelle First Lady Jill Biden, et qui a rédigé l’avant-propos : « Rien dans son style n'était forcé, c'est ce qui la rendait si charismatique. Son style n’était pas opulent, mais il était luxueux. Son minimalisme jouait sur les formes et la silhouette.» Il est à noter que beaucoup de femmes se sont essayées à la tendance Carolyn Bessette Kennedy, sans obtenir le résultat escompté.

Le mariage du beige et du noir

Sa palette de couleur suit cet esprit avec la dominance du beige et du noir dans sa garde-robe. Elle avait l’art de toujours les combiner lorsque qu’elle n’était pas dans ses multiples versions de chemises blanches. L’ouvrage Carolyn Bessette Kennedy : A Life in Fashion, est accompagné d’importantes photographies. Il rassemble aussi les plus grands du monde de la mode qui se sont exprimés sur son look intemporel, en particulier Grayson Carter, Calvin Klein, Michael Kors, Manolo Blank, West Gordon ou encore Tory Burch. S’y trouvent également des anecdotes personnelles inédites rapportées par des amis et la famille. « Ce livre est la commémoration ultime du style, du code de la mode et de l’impact qu’elle a laissé près de deux décennies plus tard », écrit Michael Kors. Ajoutant : « Carolyn Bessette Kennedy était une réponse moderne au chic américain pérenne de sa belle-mère, Jacqueline Kennedy Onassis, ainsi que de l’actrice C.Z. Guest et l’icône de la mode des années 50- 60 Slim Keith. » 

En s'en tenant à une palette de couleurs assez neutres, à un maquillage minimal et quelques accessoires, Bessette Kennedy avait imposé un style signature qui rappelle les cool années 90 de New York. À l’époque, sa carrière avait ajouté à son attrait. Le jour, elle travaillait avec les designers et le soir elle avait sa vie mondaine décrite en quelques mots dans la préface du livre : « Dans son Birkin, il y avait sa trousse de maquillage, son journal, son téléphone et des habits de rechange. Elle avait un grand sens de sa réalité et des réalités de la vie. » Pour preuve de son influence encore active dans l’univers de la mode, et de cette personnalité insaisissable qui séduisent encore aujourd’hui, en mars 2022, la maison Prada a choisi de rééditer le sac favori de Carolyn Bessette Kennedy, sorti en 1995.

L’accident tragique survenu dans la nuit du 16 juillet 1999 au large de Martha’s Vineyard, et dans lequel la sœur de Caroline, Lauren, a également trouvé la mort, rejoint la destinée tragique des Kennedy. Le couple John-John et son épouse, que les paparazzis se plaisaient à photographier dans les rues de New York, à toutes les heures de la journée, en jogging, jeans ou tenues du soir, fascinait et séduisait. On y voyait déjà un futur couple présidentiel même s’ils semblaient déjà au bord de la rupture. Ils ont disparu emportant avec eux l’espoir d’un certain nombre d’Américains, et leurs nombreux secrets… Reste les mythes.