Le chef de l'Église maronite, le cardinal Béchara Raï, a fustigé dimanche les propos évoquant le fait de « faire tomber » le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, dont le mandat à la tête de la troupe arrive à terme en janvier 2024. Son nom circule parmi les présidentiables potentiels, dans un Liban en proie à une vacance présidentielle depuis plus d'un an, faute de consensus sur un candidat.
Les propos du patriarche interviennent à l’heure où les bombardements entre Israël et le Hezbollah se poursuivent quotidiennement au Liban-Sud depuis le 8 octobre, au lendemain de l'opération « Déluge d'al-Aqsa », lancée par le Hamas en Israël et marquant le début du conflit en cours.
Ces combats dans le Sud ont fait plus de 60 morts au Liban jusqu'à présent, et une escalade du conflit reste à craindre, malgré un discours du chef du Hezbollah vendredi, qui semblait vouloir éviter une telle aggravation pour le moment.
La présidentielle
« Nous entamons la deuxième année de vacance présidentielle, et il n'y a pas de propos sérieux sur la tenue de l'échéance », a déploré Béchara Raï dans son homélie dominicale. Selon lui, « il faut élire un président à n'importe quel prix et protéger les institutions au lieu de planifier la chute de telle ou telle personne, ou manipuler les responsables de telle ou telle institution ». « Il est honteux d'entendre des propos qui évoquent le fait de faire tomber le commandant en chef de l'armée durant la période la plus critique de l'histoire du Liban (...) », a-t-il regretté, sans clarifier davantage ses dire ni la partie qu'il vise dans ses critiques. « Ce genre de propos sape la détermination de l'institution militaire qui a besoin de davantage de soutien et d'encouragement », a-t-il déploré.
Pour éviter une vacance à la tête de l'institution militaire en l'absence d'un président de la République, les Forces libanaises (FL) ont présenté une proposition de loi relevant à 61 ans l’âge de départ à la retraite de tout commandant en chef de l’armée. Une initiative qui s'est toutefois heurtée au veto du Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil et du président du Parlement Nabih Berry. Les Kataëb ont également créé la surprise, estimant que la Chambre n’a pas le droit de légiférer en période de vacance présidentielle.
Le chef des Marada, Sleiman Frangié, candidat du camp du Hezbollah à la présidence de la République, s'oppose également à la prorogation du mandat du général Aoun.
Guerre Hamas-Israël
Dans un premier commentaire sur le conflit entre Israël et le Hamas depuis son déclenchement le 7 octobre, le patriarche maronite a dénoncé la « guerre destructrice et le génocide » à Gaza, estimant qu' « il est temps de donner aux Palestiniens leur droit ». Il a enfin souligné que « tous ceux qu'il a rencontré à Rome ont exprimé leur peur que la guerre n'atteigne le Liban ».
Les propos du cardinal Raï interviennent alors que les hostilités entre le Hezbollah et l'État hébreu se poursuivent à la frontière du Liban-Sud, faisant des morts et des blessés dans les rangs des deux parties, mais aussi parmi les civils.
Vendredi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait averti que « toutes les options sur notre front sont ouvertes et examinées », menaçant d'y « recourir à tout moment ». Il a dans ce cadre indiqué qu'une « escalade sur le front (libanais) dépend de deux choses : l'évolution de la situation à Gaza et le comportement de l’ennemi sioniste vis-à-vis du Liban ».
Concertations avec Gebran Bassil
De son côté, Gebran Bassil a affirmé dimanche avoir discuté la veille avec le patriarche maronite de la présidentielle et de sa tournée effectuée cette semaine auprès des protagonistes libanais pour essayer de s'accorder sur une position unifiée face au conflit Hamas-Israël.
« Le patriarche m'a encouragé à poursuivre les concertations », a écrit M. Bassil dans un tweet. « Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que l'élection d'un président de la République est essentielle pour restructurer la classe au pouvoir et qu'elle est la clé qui permettra de résoudre les crises et d'arrêter la dissolution des institutions », a-t-il encore ajouté.
« J'ai assuré au patriarche que nous sommes prêts à nous engager dans un pacte d'honneur pour soutenir tout président élu à l'issue d'une séance parlementaire ouverte, s'il n'y a pas d'accord prochain sur un candidat rassembleur et si cela devait permettre de mettre un terme à la vacance et à l'effondrement de l'État », a-t-il poursuivi. Le chef du CPL a enfin assuré s'être entendu avec le prélat sur « le devoir du Parlement de mettre un terme à la vacance présidentielle rapidement et conformément à la Constitution ».
commentaires (4)
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Sissi zayyat
14 h 12, le 06 novembre 2023