Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Pour éviter la complicité : aide humanitaire et résistance culturelle

L’aide humanitaire, dans des situations de désastre, par des gouvernants et des acteurs de la société civile est certainement mue par des élans de compassion, de solidarité et de fraternité. Cependant, quand on brandit des problèmes de résistance culturelle, de culture, d’éducation, de société civile, d’immunité…, des intellectuels et des acteurs sociaux soulèvent le principe fort judicieux : « Primum vivere ! »

Certes, il faut d’abord soigner et guérir le corps. Mais le tragique, le drame, le désastre, est aussi ailleurs : légalité internationale en déroute avec des États voyous en rupture complète avec la légalité internationale ! L’immunité nationale d’un peuple à l’encontre de crises graves est ébranlée, sapée, perturbée. Il faut alimenter aussi la résistance culturelle. L’aide matérielle internationale et nationale la mieux intentionnée risque d’être complice de la perpétuation de situations de crise !

« Primum vivere, deinde philosophare » (« D’abord vivre puis philosopher ») doit désormais, dans des contextes de crises, de désastres, de guerres meurtrières et par procuration, se joindre à des actions de résistance culturelle, sinon, le soutien alimentaire, sanitaire, économique… fournit à des États voyous l’occasion de perpétuer leurs nuisances avec le soutien d’opportunistes internes, d’imposteurs, de manipulateurs, démagogues, sociopathes et délinquants politiques. Ceux-là poursuivent leur jeu infernal.

L’immunité culturelle d’une population, sa résistance culturelle, son niveau d’acculturation de l’État unificateur de la société revêtent un caractère aussi prioritaire que « Primum vivere ». Sinon, l’aide humanitaire, à défaut de résistance culturelle interne, devient complice d’États voyous, de démagogues et d’imposteurs, et de la perpétuation, la continuité et la reproduction des désastres.

***

Les Libanais sont pionniers dans nombre de domaines que nous n’allons pas énumérer. Mais il y a des problèmes épineux de psychologie historique, de citoyenneté constructrice d’État, de sérieux, enfin, pour la gestion de la chose publique…, problèmes auxquels le « Cadre général de l’enseignement préuniversitaire », élaboré par le Centre de recherche et de développement pédagogiques, CRDP-ministère de l’Éducation nationale, et proclamé au Grand Sérail gouvernemental le 15 décembre 2022, tente d’apporter à l’avenir une remédiation.

Libérer le Libanais du complexe historique de la Sublime Porte, acculturer l’État dans la conscience collective, épurer des mémoires fragmentées exploitées par des politicards, imposteurs, équidistants à propos de problèmes fondamentaux relatifs à l’État, à la souveraineté, au patrimoine valoriel du Liban, constituent des priorités en vue du renouveau national.

***

Le soutien au système éducatif au Liban dans la situation de désastre, surtout depuis 2016, constitue une priorité, à joindre à une entreprise culturelle, mémorielle et pédagogique pour le passage du Liban-arène (« sâha ») à la patrie pour tous.

L’ouvrage de la Chaire Unesco d’étude comparée des religions, de la médiation et du dialogue à l’USJ, État et vivre-ensemble au Liban : culture, mémoire et pédagogie, avec des préfaces du recteur de l’USJ et du ministre de l’Éducation nationale (USJ, 2023), expose des jalons pour l’immunité nationale. Il faut un changement de mentalité au Liban en ce qui concerne la vie publique. Cette exigence figure en italique dans l’Exhortation apostolique du 10 mai 1997 : « Ce qu’il faut promouvoir, c’est une nouvelle mentalité… » (al. 9).

Antoine MESSARRA

Chaire Unesco-USJ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

L’aide humanitaire, dans des situations de désastre, par des gouvernants et des acteurs de la société civile est certainement mue par des élans de compassion, de solidarité et de fraternité. Cependant, quand on brandit des problèmes de résistance culturelle, de culture, d’éducation, de société civile, d’immunité…, des intellectuels et des acteurs sociaux soulèvent...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut