Est-ce le discours le plus important de sa vie ? Celui qui en fera officiellement non plus le secrétaire général du Hezbollah, mais le commandant en chef de « l’axe de la résistance » dans tout le Moyen-Orient ? 28 jours après l’opération sanglante du Hamas en Israël, Hassan Nasrallah va enfin sortir de son silence. Pour annoncer une escalade régionale ? Ou parce qu’il n’a tout simplement plus le choix ? Probablement un peu des deux. On le répète toutefois depuis le 7 octobre : le Hamas a changé les règles du jeu et dynamité toutes les certitudes. Tant que tous les tenants et les aboutissants de cette opération ne seront pas clairs, il sera bien difficile d’anticiper le comportement tant du Hezbollah que de l’Iran. On peut néanmoins d’ores et déjà émettre deux hypothèses. La première, c’est qu’il paraît peu probable que le secrétaire général annonce clairement vendredi l’ouverture d’une guerre totale contre Israël. La seconde, c’est que presque tout dans son discours devrait ressembler à une déclaration de guerre. Cela pourrait paraître contradictoire. Mais c’est justement sur cette contradiction que le secrétaire général du Hezbollah devrait jouer. La guerre sans la guerre ? Ou plutôt la guerre, mais dans quelles limites ? Vendredi, chaque mot sera pesé. Voilà les trois points, d’après nous, auxquels il faudra accorder une attention particulière en écoutant le discours.
Est-ce que Nasrallah va reprendre officiellement les lignes rouges du parti ?
C’est la question centrale, en partant de l'hypothèse que le secrétaire général du Hezbollah ne va pas annoncer l’ouverture d’une guerre totale contre Israël. Depuis le 7 octobre, les lignes rouges du Hezbollah, et derrière lui de l’Iran, sont connues (même si de moins en moins explicitement évoquées). Ils menacent d’intervenir si la survie du Hamas est en jeu, si la population de Gaza est déplacée ou si le statu quo dans l’enclave est remis en question. Il est très probable que Hassan Nasrallah soit extrêmement menaçant dans son discours et pose un ultimatum tant à Israël qu’aux États-Unis. Mais à quel point sera-t-il précis ? Si le chef du parti de Dieu reprend à son compte les lignes rouges, ce sera un véritable tournant. Pour une raison très simple : il mettra sa crédibilité dans la balance, ce qui implique qu’il lui sera beaucoup plus difficile de revenir en arrière si les choses ne se passent pas comme prévu. Si sa menace est précise, à l’instar de celle qu’il avait formulée à l’époque des négociations sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, cela peut vouloir dire deux choses. Soit il est convaincu qu’Israël va être contraint de revoir ses objectifs – la destruction du Hamas – à la baisse à Gaza et il se sent suffisamment confiant pour le menacer sans risquer que cela se retourne contre lui. Soit le Hezbollah et son parrain iranien estiment que le contexte leur est favorable pour franchir un nouveau palier dans l’escalade afin de changer le rapport de force à l’échelle de la région.
En quels termes va-t-il évoquer la guerre qui ne dit pas son nom au Liban-Sud ?
Si Hassan Nasrallah ne devrait pas annoncer le début de la guerre vendredi, c’est aussi parce que le parti considère qu’il est déjà en guerre, non seulement dans l’absolu, mais de façon très concrète depuis le 8 octobre. Au lendemain de l’attaque du Hamas, le Hezbollah a lancé une salve de roquettes sur les territoires occupés de Chebaa. Depuis, presque pas un jour n’est passé sans un échange de tirs entre le Hezbollah et Israël avec une montée graduelle de l’escalade des deux côtés. Une escalade qui a culminé jeudi en soirée, à la veille du discours. Le Hezbollah a en effet revendiqué une attaque simultanée contre « 19 positions et sites militaires sionistes à l'aide de missiles guidés, d'obus » et autres armes. Il a également annoncé avoir envoyé en même temps des drones « remplis d'une grande quantité d'explosifs », attaquer les fermes de Chebaa occupées, une première depuis le début de ce conflit. Parallèlement, les Brigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir tiré 12 roquettes depuis le Liban-Sud sur la ville israélienne de Kiryat Shmona et ses environs, dans le nord d'Israël.
Si, depuis le 7 octobre, le Hezbollah annonce officiellement la mort de chacun de ses martyrs, c’est qu’il veut mettre en évidence qu’il ne se tient pas du tout à l’écart des combats, mais qu’il y participe déjà activement en contraignant Israël à concentrer une partie de ses ressources et de son attention à sa frontière nord. Le Hezbollah a toutefois enregistré des pertes assez importantes (près de 55 combattants tués) en un laps de temps assez limité. Dans le même temps, certaines voix grognent dans les rangs de son public, ne comprenant pas pourquoi il ne s’engage pas davantage dans la bataille. Hassan Nasrallah va devoir trouver un équilibre entre tous ces éléments pour expliquer à son audience, mais surtout aux familles des combattants tués, pourquoi ces derniers sont morts pour une guerre qui n’a toujours pas commencé. Le secrétaire général devra expliquer le sens militaire et politique de leur « sacrifice » et probablement détailler la suite des opérations pour rassurer ses troupes sur la capacité du parti à affronter Israël sur la durée.
À quel point va-t-il s’associer à l’opération Déluge d’al-Aqsa ?
Plusieurs médias, dont L’Orient-Le Jour, ont révélé que l'opération du Hamas avait été préparée à Beyrouth en coordination avec les pasdaran et le Hezbollah. L’Iran a officiellement démenti tout rôle dans l’attaque et tant les États-Unis qu’Israël affirment n’avoir aucune preuve jusqu’à maintenant d’une implication iranienne. De nombreux éléments laissent à penser que personne ne souhaite évoquer la responsabilité de l’Iran par peur de ce que cela impliquerait pour la suite des événements. À quel point Hassan Nasrallah va-t-il s’associer à cette opération ? S’il paraît peu probable qu’il admette une participation directe de son parti, il pourrait laisser une forme d'ambiguïté en saluant une action menée par « l’axe de la résistance ». Dans son discours très attendu, le chef du parti de Dieu va parler à son public qu’il doit à la fois électriser et contenir. Il va parler aux Libanais qu’il veut rassurer et embarquer. Il va parler à Israël qu’il veut dissuader d’aller trop loin à Gaza. Il va parler aux États-Unis pour les avertir du coût d’une escalade régionale. Va t-il également s'adresser aux Arabes pour dénoncer les processus de normalisation avec Israël ? Probablement, mais sans aller trop loin pour ne pas se les aliéner dans cette séquence.
Encore une fois, Hassan Nasrallah parlera vendredi au nom de l’ensemble de l'« axe de la résistance » et non seulement du Hezbollah. Son discours sera ainsi déterminant pour la suite de cette séquence, tant au Liban que dans la région. Lèvera-t-il, avec son index, le voile sur les véritables intentions de son camp pour les jours à venir ? Réponse dans quelques heures...
commentaires (17)
4 leçons dans un article et 3 points dans l'autre, 4 x 3 =12 raisons pour senivrer d'arack et fumer les produits zeaiiteriens pour s'imaginer sourd et aveugle mais siiii heureux... à la prochaine apparition w'dalkoun bi-sohotkoun... don't abuse too much ...TV
Wlek Sanferlou
15 h 42, le 04 novembre 2023