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Idées - POINT DE VUE

Le chef du Hezbollah aime-t-il assez les Libanais pour leur épargner une guerre ?

Le chef du Hezbollah aime-t-il assez les Libanais pour leur épargner une guerre ?

De la fumée s’élevant de Dhaïra, à la frontière sud du Liban, après un bombardement israélien, le 11 octobre 2023. Archives Reuters

Massacrer 260 jeunes qui dansent dans une « rave party » ne rendra pas leur pays aux Palestiniens. Bombarder Gaza, en tuant indistinctement des milliers d’enfants, de femmes, et d’hommes dans leur sommeil, ne fera pas d’Israël un État digne de ce nom. Les semeurs de mort sont à mes yeux tous autant terroristes...

Après avoir semé la mort durant des décennies au Liban, puis en Irak, et en Syrie, les descendants des miliciens veulent à présent libérer la Palestine, alors qu’ils savent bien que ce n’est pas possible, que seul un dialogue entre ceux qui tirent les ficelles – le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Iran, les États-Unis, la Russie – pourrait faire avancer les choses.

On l’a vu encore récemment : la flotte américaine n’est pas arrivée en Méditerranée orientale pour apporter la paix, mais dans le seul but de protéger Israël. Dans différents coins du monde, que ce soit en Ukraine ou en Syrie, l’armée et les milices russes embrasent les conflits. Telle une main diabolique, ces deux grandes puissances disent vouloir la paix tout en soufflant sur les braises. Le Liban, qui n’a pas encore cicatrisé ses vieilles blessures, va-t-il ainsi redevenir un champ de bataille ? Comment se défendre contre des guerriers, alors qu’il n’est même pas parvenu à se défendre contre la corruption des chefs ?

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Si le Hezbollah était dirigé par un homme de religion, celui-ci agirait avec compassion. Il tournerait le dos à l’argent et aux munitions qui ont détruit un quart de Beyrouth dans l’explosion du 4 août 2020 au port. Si, demain, le sud du pays était bombardé par Tsahal, les écoles, les hôpitaux, toutes les infrastructures édifiées par le « parti de Dieu » seraient les premières cibles. Les habitants, à qui ce parti a rendu leur dignité, seraient les premières victimes. Le chef du Hezbollah les aime-il assez pour leur épargner une guerre, ou est-il seulement là pour exécuter l’agenda des mollahs iraniens qui interdisent aux femmes de vivre libres, les emprisonnent et les exécutent ?

Le Hamas, comme le Hezbollah, rejette tout dialogue. Lorsque des colonies israéliennes ont continué d’être construites en Cisjordanie sous l’œil de Netanyahu, ils n’ont rien fait ! Par contre, dès qu’une ébauche de discussion se dessine entre les représentants, ils sortent leurs armes pour faire la guerre et empêcher toute solution. Le Hamas est le pire ennemi des Palestiniens après Israël, qui a élevé des murs autour d’eux.

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Gaza, une prison à ciel ouvert, est devenue un tombeau à ciel ouvert. Un champ de ruines vu du ciel. Les Palestiniens auront-ils un jour droit à une existence digne ? La population de Gaza vit dans la peur, entre le joug du Hamas et d’Israël dont elle dépend pour l’eau, l’électricité, les vivres, ou internet, qui peuvent être coupés à tout moment comme on l’a vu récemment.

Deux millions deux cent trente mille personnes pour 360 kilomètres carrés. Un peuple en trop pour un pays en moins. C’est une deuxième Nakba pour ces déplacés, contraints une fois encore de quitter leurs maisons pour aller s’entasser dans une poche encore plus petite, encore plus sombre, encore plus au sud. Éliminer les Palestiniens serait-il devenu un enjeu pour l'armée ? Est-ce possible d’anéantir ainsi un peuple ?

Les images terribles relayées par les chaînes de télévision, montrant des cadavres extraits des décombres, alignés sur les trottoirs ou au milieu des rues, sont désormais notre pain quotidien. À quelques kilomètres de là, les corps des jeunes israéliens abattus par le Hamas ont été disposés en cercle. Un cercle et des lignes se rejoignent dans nos têtes. Trop de morts des deux côtés…

Après avoir transmis la guerre de pays en pays, et de génération en génération, les terroristes pourront-ils devenir un jour des citoyens ordinaires ? Tandis qu’on se sent coupables de vivre normalement, de regarder la télévision tous les jours sans rien pouvoir faire, les vrais coupables, eux, se sentent des héros ! Les milices ne pourront jamais rendre leur pays aux Palestiniens, car elles font face à une armée encore plus acharnée.

La solution est donc d’apprendre à dialoguer entre nous, sans compter sur les armes des puissants. Il y a des Israéliens et des Palestiniens censés, raisonnés, conscients, capables de s’asseoir ensemble pour discuter. Il faut revenir à la table des pourparlers, afin de négocier un nouvel accord de paix qui pourrait inclure l’arrêt de la colonisation sauvage en Cisjordanie, la restitution aux Palestiniens des parcelles confisquées par les colons, ainsi que des territoires occupés en 1967 après la guerre des Six-Jours. En attendant cela, les armes parlent plus haut que les mots…

Par Vénus KHOURY-GHATA

Poétesse et écrivaine (récompensée notamment par les Grand Prix de poésie de l'Académie française et de la Société des gens de lettres).

Massacrer 260 jeunes qui dansent dans une « rave party » ne rendra pas leur pays aux Palestiniens. Bombarder Gaza, en tuant indistinctement des milliers d’enfants, de femmes, et d’hommes dans leur sommeil, ne fera pas d’Israël un État digne de ce nom. Les semeurs de mort sont à mes yeux tous autant terroristes... Après avoir semé la mort durant des décennies au Liban,...

commentaires (9)

Merci..

Sacha

14 h 43, le 03 novembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Merci..

    Sacha

    14 h 43, le 03 novembre 2023

  • Hormis les terroristes qui ne cessent de se relayer, vous oubliez un détail et des acteurs principaux de cette impasse qui sont les dirigeants palestiniens corrompus qui se sont succédés et ont pillé toutes les aides accordées au peuple palestinien meurtri tout en appuyant les terroristes en herbes qui sont là pour détourner l’attention de ce peuple de ce qui se trame contre lui et qui sert toujours de chair à canons à toutes leurs provocations qui finissent toujours dans un bain de sang alors que ceux là, une fois leurs horreurs commises vont se cacher dans leurs souterrains et dans les sous-sols des écoles, mosquées et hôpitaux pour engendrer le plus de victimes possibles et ainsi émouvoir le monde pour se déclarer vainqueurs. Vous oubliez peut être le V affichée par les combattants palestiniens évacués pendant la guerre de 70 au Liban , alors que les cadavres de Sabra et Chatila étaient encore chauds. Ces gens n’en ont cure des souffrances des civils, ce sont des mercenaires.

    Sissi zayyat

    11 h 35, le 03 novembre 2023

  • Peut-on vraiment parler d’amour en politique de nos jours?! N’est-ce pas une aberration que d’associer le mot amour au terrorisme ?!?!

    Tabet

    11 h 25, le 03 novembre 2023

  • merci pour cette arricle qui dit clairement ce que beaucoup pensent.

    Nadim Audi

    10 h 25, le 03 novembre 2023

  • superbement dit...

    Kaldany Antoine

    08 h 08, le 03 novembre 2023

  • "Le chef du Hezbollah aime-t-il assez les Libanais pour leur épargner une guerre ?". La question est de pure forme. La réponse a déjà été donnée en 2006 où il n’a pas hésité à faire massacrer par le bras israélien 1200 de ses compatriotes. "Le Hamas est le pire ennemi des Palestiniens après Israël". Parfaitement exact, tout comme le Hezbollah est le pire ennemi des libanais. En 2006, la réaction israélienne à l’action du Hezbollah était prévue, donc voulue. De même, les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre ne relevaient pas du simple sadisme, elles étaient planifiée. Elles avaient un but: provoquer la fureur vengeresse de l’autre bord. Les populations civiles de Gaza comme du Liban sont des victimes intentionnelles. Moloch, Aztèques,Hitler … les sacrifices humains ont toujours cours. Seuls le mode sacrificiel et les noms des dieux ont changé.

    Yves Prevost

    07 h 17, le 03 novembre 2023

  • Votre titrage est encore anormalement trop neutre. J'aurais plutôt écrit "Nassrallah aime-t-il suffisamment l'Iran pour lui offrir une guerre ?".

    Ca va mieux en le disant

    03 h 10, le 03 novembre 2023

  • (Suite) Négocier un seul pays allant du passage de Rafeh au sud, jusqu’aux hauteurs du Golan, selon le principe : ((Land for all, Two states, One homeland)). Cette configuration a été élaborée, mais pas dans toutes les modalités, par un philosophe hélas décédé. On me rétorquera que c’est de la science-fiction, les difficultés sont insurmontables comme par le passé, trop de haine et de passion. J’ai déjà dit qu’il faut recourir aux jeunes, seuls capables de propositions neuves. Là on verra un pays comptant quelques 14 millions d’habitants, (avec une minorité chrétienne, je le regrette) autant que la ville d’Istamboul et un peu moins que le Caire. Car cette idée fixe de deux Etats ne tient pas la route, un des deux Etats va tout faire pour grignoter la terre, et les pouvoirs et contester l’attribution des compétences. Là, la communauté internationale devrait peser de tout son poids pour avancer les travaux… après ce dialogue à haute voix des armes…

    Nabil

    01 h 28, le 03 novembre 2023

  • Vous méritez le prix Nobel pour les idées avancées. D’accord, on a le vertige en regardant la tv et les "réels" sur les réseaux sociaux pour que finalement ""un cercle et des lignes"" se télescopent dans nos têtes. Qu’on reste serein avec quelques nuances pour la clarté du débat. Les meilleurs interlocuteurs, ce ne sont pas les Palestiniens qui font partie de la gérontocratie au pouvoir, mais ceux et celles de la nouvelle Autorité palestinienne, avec des jeunes connaissant bien leurs dossiers. Idem côté israélien, de grâce pas ceux au pouvoir, mais des jeunes qui n’ont pas assez du sang sur les mains. Ce n’est pas la mer à boire, il devrait y avoir de bons juristes des deux côtés. Sur quoi faut-il négocier pour sortir de l’impasse ? That’s the question ! (À suivre)

    Nabil

    01 h 09, le 03 novembre 2023

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