Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a poursuivi mercredi sa tournée auprès des protagonistes en quête d’union nationale face au risque de voir le Liban emporté dans la guerre opposant le Hamas à Israël, sur fond d’implication du Hezbollah. Après un entretien avec les deux principaux blocs parlementaires sunnites (l’Entente nationale et la Modération nationale), le leader chrétien a été reçu par Sleiman Frangié, le zaïm de Zghorta. Bien que M. Bassil soit farouchement opposé à la candidature présidentielle de l’homme fort des Marada, il s’est dit « heureux » de cette visite, arguant que « dans ces circonstances, nous surmontons les obstacles ». « Le Liban est plus important que la présidence », a de son côté estimé M. Frangié du perron de Bnechaï.
« Un aveu d’impuissance »Lors de son entretien avec les députés du bloc de l’Entente nationale (sunnites proches du Hezbollah), Gebran Bassil a réitéré son refus que le Liban soit entraîné dans une guerre généralisée, à moins qu’Israël ne provoque une escalade. « Nous ne voulons pas la guerre, a-t-il répété lors d’une conférence de presse conjointe avec le député Fayçal Karamé, chef de ce bloc. Mais ce que fait Israël dépend d’Israël. S’il nous agresse, nous nous défendrons. » Et d’ajouter : « Nous pouvons empêcher certaines choses et protéger les Libanais, sans avoir peur d’une guerre si elle nous est imposée et sans faire un aveu d’impuissance. » Une critique voilée à son adversaire chrétien, le leader des Forces libanaises Samir Geagea, qui a affirmé la veille, lors d’une interview accordée à L’Orient-Le Jour, que « l’opposition ne peut plus rien faire pour empêcher la guerre ». Le Premier ministre sortant Nagib Mikati avait également déclaré la semaine dernière que la « décision de la guerre et de la paix ne dépend pas du gouvernement ». De son côté, M. Karamé a remercié Gebran Bassil pour son initiative, affirmant que le Liban ne sortira de cette crise que par son union. « Ce que le Liban affronte est très dangereux, tout comme ce qu’il affronte déjà dans le domaine sociale et économique », a-t-il regretté, appelant à un dialogue rapide pour élire un président de la République en « quelques heures ». Depuis que la guerre a éclaté dans la région, le dossier présidentiel est relégué au second plan alors que le poste est vacant depuis bientôt un an.
À Bnechaï, dans la région de Zghorta, bastion de Sleiman Frangié, Gebran Bassil a également insisté sur l’importance de trouver une position unifiée concernant le risque de guerre. « Il y a un accord global sur les idées qui ont été discutées au sujet de la manière de faire face au risque de guerre, d’unir les efforts et de réorganiser les institutions. » Et de souligner, en allusion à son bras de fer politique avec le chef des Marada : « Dans ces circonstances, nous surmontons les obstacles. » Même son de cloche du côté de M. Frangié. « Le Liban est plus important que la présidence et nous avons discuté de la situation du pays sur laquelle nous sommes d’accord à 99 % », a-t-il assuré. Il s’agit du premier entretien entre les deux hommes depuis avril 2022, quand ils avaient été reçus par leur allié commun Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, à l’occasion d’un iftar. « La résistance (terme utilisé par le Hezbollah pour s’autodésigner) a montré son attachement au Liban », a également affirmé M. Frangié, alors que le parti chiite multiplie les échanges de tirs avec l’armée israélienne au Liban-Sud depuis le début de la guerre.
M. Bassil s’est également rendu au siège du bloc de la Modération nationale, composé principalement de sunnites anciens haririens. Après son entretien avec ces députés, il a insisté sur l’importance du partenariat entre les différentes composantes, à l’heure où la communauté sunnite se sent mise à l’écart depuis le retrait de son leader, l’ancien Premier ministre Saad Hariri. « Aucune idée ne peut aboutir dans le pays si une composante en est exclue, et il n’est pas possible d’élire un président de la République sans la participation de toutes les composantes nationales. » Et d’abonder : « Il n’y a ni unité nationale ni possibilité de la maintenir sans la composante sunnite du pays, et nous continuerons avec un mécanisme de travail basé sur la coopération pour obtenir des résultats, avec l’espoir que cela se reflétera positivement sur tous les Libanais. »
commentaires (13)
La photo qui représente bien la médiocrité et la traîtrise d’une certaine classe politique chrétienne.
Cedrus Fidelis
18 h 04, le 28 octobre 2023