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Moyen-Orient - GAZA

"On ne sait pas où aller", les déplacés au sud de Gaza manquent de tout

Depuis que l'armée israélienne leur a ordonné de quitter le nord de la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens s'entassent dans le sud de l'enclave proche de l'Egypte. 

Des Palestiniens munis de passeports étrangers arrivent à la porte de Rafah dans l'espoir de traverser vers l'Égypte alors que les attaques d'Israël sur la bande de Gaza se poursuivent le 14 octobre 2023. Photo SAID KHATIB/AFP

A Khan Younès, l'une des deux grandes villes du sud, les écoles de l'Unrwa, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens, ont été vite débordées par l'afflux de familles. C'est toujours vers cette agence qu'on se tourne à Gaza, où plus de 80 % des habitants sont des descendants de réfugiés, chassés de leur terre à la création d'Israël en 1948.

Avec les écoles pleines à craquer, la cour et les couloirs de l'hôpital Nasser se remplissent désormais de milliers de déplacés. Aux alentours, les rayons des magasins sont vides, car ils ne peuvent plus s'approvisionner après qu'Israël a décrété le siège total de Gaza, ne laissant plus y entrer ni biens, ni carburant ni eau ni électricité pour les 2,4 millions d'habitants. "C'est un désastre, il n'y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, et nous ne savons pas quoi faire ni où aller", se lamente Jouma Nasser, un quadragénaire accompagné de sa mère, de sa femme et de leurs sept enfants.

Devant l'hôpital, assises à même le sol, des familles entières sont livrées à elles-mêmes, certains pleurent, d'autres affichent des visages effrayés et choqués. A l'intérieur, les équipes médicales épuisées travaillent sans relâche tant la zone a été le théâtre, ces dernières heures, d'intenses bombardements israéliens. Depuis que l'armée israélienne a largué vendredi des tracts ordonnant aux habitants du nord de Gaza de fuir "immédiatement" vers le sud, tous redoutent une offensive terrestre. 

Déjà, en réponse, à l'attaque surprise du Hamas qui a fait le 7 octobre au moins 1 300 morts,  l'armée israélienne pilonne sans répit l'enclave de 362 km2, bordée au nord et à l'est par Israël, à l'ouest par la Méditerranée et au sud par l'Egypte. Plus de 2 200 Palestiniens, la plupart des civils, dont 724 enfants, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza. Ce territoire exigu est soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir il y a 16 ans.


Nourrir les enfants

A Khan Younès, en face de l'hôpital Nasser, des dizaines de familles de déplacés gazaouis ont investi une école de l'Unrwa, entassant linge, matelas et paquets dans les classes et la cour de recréation. "Notre situation est tragique, il n'y a pas assez de nourriture ni d'eau. Nous ne savons pas si nous allons mourir ici ou s'ils nous forceront à aller en Égypte ou à retourner dans nos logements, qui ont peut-être été détruits", affirme Ahmed Abou Chaar, père de 13 enfants. 

A Rafah, moins d'une dizaine de kilomètres plus au sud, des familles entières errent dans les rues à la recherche d'un logement, ont constaté des journalistes sur place. Dans le camp de réfugiés de cette petite ville frontalière de l'Egypte, un restaurant a servi des falafels sans discontinuer vendredi jusqu'à ce qu'il épuise ses stocks tard dans la nuit. Devant un point de distribution d'eau, des dizaines de personnes attendent leur tour pour pouvoir remplir leurs gallons du précieux liquide.  

L'ordre d'évacuation, qui concerne environ 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza, aura des conséquences "dévastatrices", prévient l'ONU. L'armée a accusé le Hamas, qui a rejeté l'appel à l'évacuation, de tenter de bloquer les départs.


Deuxième Nakba

Plus de 423 000 Palestiniens ont déjà quitté leur foyer, et 5 540 maisons ont été détruites, selon l'ONU. Le président palestinien Mahmoud Abbas a assimilé un tel "déplacement" à une "deuxième Nakba" ("Catastrophe", en arabe), en référence à l'exode de quelque 760 000 Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël.

De nombreux Palestiniens cherchent à quitter la bande de Gaza assiégée. Au poste-frontière de Rafah, le seul qui ne soit pas sous contrôle d'Israël, des centaines de Palestiniens munis de passeports étrangers se sont rassemblés, espérant pouvoir traverser vers l'Egypte. 

Israël et l'Egypte ont donné leur feu vert pour laisser les Américains sortir de la bande de Gaza samedi à travers le point de passage de Rafah, a indiqué un responsable américain sous couvert de l'anonymat. Mais ce point de passage est fermé depuis mardi après trois bombardements israéliens en moins de 24 heures, qui ont notamment endommagé le terminal côté palestinien. 

En attendant, Rami Omar al-Charafi, titulaire d'un passeport américain, raconte : "On nous a dit à 02H00 du matin de nous rendre au terminal entre 12H00 et 17H00. A cause des bombardements, la route est très dangereuse et j'ai des enfants avec moi. Jusqu'à présent, l'ambassade n'a pas communiqué avec moi, j'attends de voir ce qu'il va se passer", affirme-t-il.

A Khan Younès, l'une des deux grandes villes du sud, les écoles de l'Unrwa, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens, ont été vite débordées par l'afflux de familles. C'est toujours vers cette agence qu'on se tourne à Gaza, où plus de 80 % des habitants sont des descendants de réfugiés, chassés de leur terre à la création d'Israël en 1948.

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