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Moyen-Orient - Témoignages guerre Israël - Hamas

24 heures pour fuir : ils nous parlent de Gaza

Israël a ordonné, vendredi, l'évacuation vers le sud de « tous les civils » de la ville de Gaza. En réaction, le Hamas a rejeté cet ordre. Au milieu, se trouvent plus d'un million de Palestiniens.

24 heures pour fuir : ils nous parlent de Gaza

Des Palestiniens fuyant leur foyer après une frappe aérienne israélienne sur la ville de Gaza, le 13 octobre 2023. (Photo Mahmud HAMS / AFP)

Au matin du vendredi 13 octobre, septième jour de la guerre entre le Hamas et Israël, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation sous 24 heures vers le sud de « tous les civils » de la ville de Gaza. En réaction, le Hamas a rejeté à travers un communiqué cet ordre d'évacuation du nord de la bande de Gaza, où résident plus d'un million de Palestiniens. « Nous sommes inébranlables sur nos terres, dans nos maisons et dans nos villes. Il n'y aura pas de déplacement », a ajouté le Hamas.

De son côté, les Nations Unies ont averti que cet ordre d'évacuation de la part de l'armée israélienne, dont l'Onu a précisé qu'il était assorti d'un délai de 24 heures, faisait courir le risque de provoquer une « situation catastrophique » à Gaza. Selon l'organisation internationale, la situation humanitaire s'y est fortement et rapidement dégradée depuis le début de la guerre, il y a presque une semaine. Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a mis en garde contre « des conséquences humanitaires dévastatrices », et appelé à ce que cet ordre d'évacuation « soit annulé pour empêcher de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse ».

L'Orient-Le Jour a recueilli les témoignages de Palestiniens habitant à Gaza.

Mohammed Abu Samra est un réalisateur de film. Il a 31 ans, et vit à Dier al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. « La situation humanitaire à Gaza est très grave. Il n’y ni électricité, ni internet, ni eau courante. Les hôpitaux n’ont pas assez de médicaments. Le nombre de morts et de blessés dans les hôpitaux dépasse les capacités du personnel médical. La situation est absolument tragique, les gens n’ont nulle part où aller. En même temps, les gens ont peur parce qu’on leur dit qu’on va les bombarder dans 24 heures, ils ne peuvent donc pas rester chez eux. Les bombardements n’ont pas arrêté, que ce soit par la mer, les airs ou au sol. Parfois, plusieurs familles rassemblées dans la même maison sont bombardées sans aucune alerte préalable ».

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Alaa, âgée d'une vingtaine d'années, vit dans le gouvernorat central d'Al-Wusta, dans la bande de Gaza. « Nous ne déciderons peut-être pas de sortir. Quoi qu'il arrive, ça arrivera... » dit la jeune femme à L'Orient-Le Jour. « Le Hamas ne nous oblige ni à rester ni à partir. Si nous sommes directement bombardés, nous sortirons. Mais la question c'est : Pour aller où ? Où trouver une voiture ? Pour le moment, nous sommes encore à la maison... Il n'y a aucun endroit sûr. Et puis même si Israël nous dit d'évacuer, on ne peut pas lui faire confiance car il nous cible à tout moment. Nous sommes des otages ».

Elle revient alors sur la nuit précédente, qui fut « difficile. » Elle poursuit : « Dans le gouvernorat central d'Al-Wusta, très fréquenté, la population est soumise simultanément à des bombardements d'artillerie et des tirs de missiles. Les civils sont bombardés dans leur maison, sans aucun avertissement. Dans les maisons s’entassent un grand nombre de personnes car les déplacés d'autres zones arrivent ici, où elles se pensent plus en sécurité. Tout vise à terroriser les populations, les intimider, les déplacer…. Les gens sortent sous les bombardements. Nous n’avons pas d'eau, pas d'électricité du tout. Nous utilisons une source d’alimentation alternative qui ne tient que deux heures, et nous ne savons pas combien de temps cette situation va durer. C'est une opération d'extermination. Croyez-moi, tout ça est une opportunité pour effacer la cause palestinienne à travers un plan qui vise à nous déplacer et à vider Gaza. Une opportunité qui lui est venue sur un plateau d’argent, renforcée par une mobilisation médiatique contre nous, des pays qui conspirent contre nous et le feu vert donné par les superpuissances. Dans les hôpitaux, il n'y a même pas de cercueils pour les martyrs ! », dit la jeune femme.

Saïd a la trentaine, il est originaire du camp de réfugiés de Bureij, à mi-chemin entre la ville de Gaza et celle de Khan Younès. « J’ai fui ce matin le camp de réfugiés dans lequel je me trouvais pour me diriger vers un autre plus au sud. Dans une région censée être plus sûre. Mais les avions de l’occupation (israélienne) frappent même ici. Il y a encore quelques minutes, ils ont complètement détruit une maison. Deux civils sont morts. Un hôpital a aussi été touché, ainsi que deux voitures de civils. Donc oui, nous sommes bien dans le sud mais le danger est tout aussi présent », indique cet activiste.

« Personne n’arrive à réaliser ce qu’est en train de faire l’occupant. Toute la bande de Gaza est touchée. Nous sommes bombardés sans relâche. Les civils sont sous les obus, les ambulances et les voitures de secours n’ont plus d’essence. Partout il y a des martyrs, des blessés. Les hôpitaux sont pleins. Il n’y a plus de place dans les frigos pour mettre les corps. », complète-t-il.

Dans la bande de Gaza, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant. L'armée israélienne a indiqué avoir visé dans la nuit 750 « cibles militaires » alors que des « frappes massives » ont touché le camp d'Al-Shati à Gaza, selon des journalistes de l'AFP. « Jusqu'à quand va-t-on vivre sous les bombes avec la mort partout ? », dit à l'AFP Oum Hossam, 29 ans, qui cherche un refuge avec ses quatre enfants après la destruction de sa maison. D'autres habitants refusent de partir, faute de moyens ou pour ne pas céder: « l'ennemi veut nous terroriser et nous forcer à l'exil, mais on résistera », affirme Abou Azzam à l'AFP. « On fera quoi à Rafah ? », la grande ville du sud à la frontière avec l'Egypte, lance Mohammed Khaled. « Ils veulent qu'on dorme dans les rues avec nos enfants ? Je refuse ! ».

Plus de 423.000 Palestiniens ont déjà dû quitter leurs domiciles dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l'ONU, qui a lancé un appel d'urgence aux dons. Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, soumise depuis 2007 à un blocus terrestre, aérien et maritime, sont aussi privés d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.

Au matin du vendredi 13 octobre, septième jour de la guerre entre le Hamas et Israël, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation sous 24 heures vers le sud de « tous les civils » de la ville de Gaza. En réaction, le Hamas a rejeté à travers un communiqué cet ordre d'évacuation du nord de la bande de Gaza, où résident plus d'un million de Palestiniens. « Nous sommes inébranlables...
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