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Culture - Opinion

Amin Maalouf, le dialogue Orient-Occident et nous

 L’élection au poste de secrétaire perpétuel de l'Académie française d’un amoureux du monde cosmopolite est une excellente nouvelle pour la compréhension des cultures, rappelle Marie-Laure Sturm, coordinatrice des Rencontres Orient-Occident du château Mercier à Sierre en Suisse, qui commencent cette semaine.*

Amin Maalouf, le dialogue Orient-Occident et nous

L’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, 33e secrétaire perpétuel de l'Académie française. Photo Grasset

Vive l’élection de ce chantre de la diversité à la tête de la Coupole, l’institution protectrice aujourd’hui de la pluralité des langues françaises !

Comment ne pas se réjouir de cette nouvelle, tant pour les Libanais que pour les Suisses ? Non seulement parce que leurs deux petits pays sont partiellement de langue française, mais surtout parce que l’un et l’autre représentent des modèles de pluralisme religieux et linguistique. Des modèles fonctionnant certes avec des accrocs… Mais ce modèle pluriel, qui a nourri l’imaginaire cosmopolite d’Amin Maalouf, ne pourrait-il pas indiquer une voie évitant de sombrer dans de nouvelles guerres d’épuration ethnique ?

Où trouver des « lieux de sérénité, de réflexion, de conscience morale » (pour reprendre les mots d’Amin Maalouf), où apprendre à frayer ces voies à travers les chamboulements actuels du monde et cultiver des graines d’ouverture à l’autre, de curiosité, sinon d’empathie, de désir de se comprendre et de s’accroître réciproquement ?

J’avais eu une longue discussion à ce sujet avec Amin Maalouf en rentrant de Genève après sa conférence sur le Dérèglement du monde (Grasset, 2009). Il ne songeait pas encore à l’Académie et nous avons rêvé ensemble d’un tel lieu… Ce rêve a donné naissance aux Rencontres Orient-Occident (ROO) du château Mercier, où j’ai plusieurs fois tenté de l’inviter. Nous aurons maintenant encore moins l’occasion de pouvoir l’y accueillir !

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Mais je n’oublie pas le souffle chaleureux qui a donné naissance aux ROO-Mercier, attisé entre-temps par de nombreuses autres personnalités qui sont venues, comme Samir Frangié, Joseph Maila, Charif Majdalani, Antoine Courban, Mireille Delmas-Marty, Patrick Chamoiseau, Barbara Cassin, Dominique Bourg, toutes attelées à la culture d’un cosmopolitisme ou d’une « mondialité apaisée » et, surtout, d’une autre croissance, plus immatérielle que matérielle, en quête d’issues à la société de consommation qui épuise et dérègle les ressources naturelles de la planète…

Merci, Amin Maalouf, pour ce premier souffle qui continuera d’inspirer nos Rencontres et d’animer nos échanges avec le Liban ; afin de «construire ensemble un monde où il fait bon vivre», pour reprendre les mots du père Maroun Atallah, grâce à qui j’ai pu rencontrer le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française. D’autant que l’association Reconstruire ensemble, fondée par ce père visionnaire (et présidée depuis son départ par la professeure Christiane Saliba), organise elle-même des rencontres analogues...

Puissent donc ces échanges entre Suisses et Libanais se poursuivre, notamment grâce aux colonnes de L’Orient-Le Jour et du Temps**, à l’occasion notamment des ROO-Mercier. Car, comme le dit Enrico Letta, l’ancien Premier ministre italien qui viendra ouvrir ces Rencontres le 5 octobre prochain, « le dialogue entre l’Orient et l’Occident importe face aux incertitudes du présent ».

***

*11es Rencontres Orient-Occident du château Mercier : du jeudi 5 au dimanche 15 octobre 2023, à Sierre, en Suisse. Y participeront de nombreux Libanais, entre autres Ghassan Salamé, Karim Bitar, Fadi Daou, Michel Abou Khalil, Fadi Comair ainsi que plusieurs intervenants orientaux, entre autres Edhem Eldem, Leili Anvar, Hind Meddeb, Rachid Guerraoui… Les conférences seront diffusées en streaming, lien sur le site des Rencontres.

** Cet article est publié également dans le quotidien suisse « Le Temps », dans le cadre d’un échange avec « L’Orient-Le Jour ».

Vive l’élection de ce chantre de la diversité à la tête de la Coupole, l’institution protectrice aujourd’hui de la pluralité des langues françaises !Comment ne pas se réjouir de cette nouvelle, tant pour les Libanais que pour les Suisses ? Non seulement parce que leurs deux petits pays sont partiellement de langue française, mais surtout parce que l’un et l’autre représentent...

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