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Culture - Académie française

Fiers, les amis d'Amin Maalouf témoignent

« Fiers », les amis du grand écrivain libanais, qui a pris la succession d’Hélène Carrère d’Encausse au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française, louent à l’unanimité son talent, sa personnalité élégante et discrète et son parcours exceptionnel.

Fiers, les amis d'Amin Maalouf témoignent

Les amis du grand écrivain libanais se disent "fiers" de lui. Photos DR

L’élection d’Amin Maalouf au poste de 33e secrétaire perpétuel de l’Académie française fait quasiment l’unanimité parmi tous les acteurs de la scène culturelle libanaise, dont certaines grandes figures comptent parmi ses plus proches amis. Ils témoignent.

Ibrahim Maalouf : « Il devient le 24e personnage de l’État »

S’exprimant au nom des membres de sa famille, son neveu qui n’est autre que le célèbre (lui aussi !) trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf insiste sur « la discrétion, la pudeur, l’élégante délicatesse et, évidemment, l’intelligence rare » d’Amin Maalouf. « C’est quelqu’un qui ne recherche pas la célébrité et les projecteurs, mais qui œuvre assidûment à défendre ses idées et ses valeurs à travers ses écrits. On est tous très émus et très fiers de son parcours, de ses accomplissements. On pense à sa maman Odette qui nous a quittés, il y a trois ans, et qui aurait été tellement fière de lui. Il endosse avec ce poste une responsabilité très importante puisqu’il devient le 24e personnage de l’État français, un rôle qui est à la mesure, je pense, de tout ce qu’il a développé, écrit et défendu pendant toutes ces années. »

Ghassan Salamé : « Nous avons la même horreur de la classe kleptocratique qui sévit dans le pays »

L’amitié des deux hommes remonte à plus d’un demi-siècle. « Nous nous sommes rencontrés très précisément en 1969. Et depuis nous n’avons jamais rompu le lien », indique le politologue, ex-envoyé spécial de l’ONU en Libye et ex-ministre de la Culture au Liban. « Je dois dire qu’il y a beaucoup de raisons de proximité entre Amin et moi », poursuit Ghassan Salamé. « Géographique d’abord : on vient tous les deux de la belle montagne libanaise, lui de Aïn el-Qabou, moi de Kfarzebian, et à Paris nous vivons à pratiquement trois cents mètres l'un de l'autre. Confessionnelle, même si elle n’a aucune importance en fait pour l’un comme l’autre. Mais surtout intellectuelle, politique et morale. Car nous suivons tous les deux les affaires politiques de très près, sans pour autant nécessairement y mettre le doigt. Et surtout, nous partageons depuis très longtemps la même idée du Liban, du Levant et des affaires mondiales. Avec Amin, on se comprend à demi-mot. Car, je crois que nous devinons tous les deux les règles du jeu de la politique internationale et celles du fonctionnement des sociétés de la région, en particulier de la société libanaise. Et nous avons la même réserve, la même retenue et la même horreur de la classe kleptocratique qui sévit dans le pays. Je suis très fier de cette charge prestigieuse qui lui est aujourd’hui confiée et très fier d’être l’ami depuis si longtemps de cet homme intelligent, habile, qui a un très grand sens de l’humour et avec lequel j’ai toujours autant de bonheur à me retrouver à chaque occasion. »

Marwan Hamadé : « Amin est un don pour la France comme pour le Liban »

Pour l’ancien ministre libanais, qui a été son confrère « mortel », à leurs débuts tous deux dans le journalisme au quotidien an-Nahar, à L’Orient et à al-Jarida, Amin Maalouf était déjà un bourgeon d’« immortel ». « Un journaliste sobre, calme, précis, talentueux, vivant et écrivant au-dessus et au-delà des préjugés. Il n’a pas sombré dans les turpitudes et les divisions libanaises. Très modeste dans son attitude, presque timide, sauf dans l’écriture, il appartient à la fois à l’ancienne génération des Georges Schéhadé, Salah Stétié et Nadia Tuéni, tout en survolant les jeunes d’aujourd’hui. Avec ses amis de toujours, Ghassan Salamé et Samir Frangié, Amin Maalouf représente le Liban dans son génie, sa diversité et sa tolérance. Le Liban que nous aimons et que nous espérons encore sauver. Ce Liban qu’il a quitté en 1976 avec un gros pincement au cœur, il lui a toujours apporté, à sa manière, son assistance à pays en danger. Par son écriture, brillante et révélatrice des maux, des problèmes et des déchirures de l’Orient et du Liban qu’il a pressenti et décrites avant même que nous les vivions dans la pire des formes. Son succès est un don pour le Liban, dont nous sommes tellement fiers, mais c’est aussi un don pour la France, écartelée aujourd’hui entre une extrême droite fasciste et une extrême gauche anarchiste et débridée, dans laquelle il représente la réconciliation et la continuation des valeurs », conclut Marwan Hamadé.

Gabriel Yared : « Un érudit ouvert au monde, mon ami et mon frère de cœur »

« Très heureux et très fier » de l’élection de son ami, son « frère de cœur », à ce poste de « secrétaire perpétuel de l’Académie des immortels », comme il aime le souligner, Gabriel Yared revient, pour L’Orient-Le Jour, sur ses souvenirs d’une jeunesse commune avec Amin Maalouf. « Nous sommes nés la même année (en 1949), nous avons grandi à Beyrouth dans le même quartier (entre le Musée et Badaro), nous avons fait nos études sur les mêmes bancs des jésuites à Jamhour et dans la même promotion, où il maîtrisait déjà aussi bien le français que l’arabe, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’il s’est occidentalisé sur le tard. Nous avons quitté le Liban, à quelques années d’intervalle, moi en 1970, lui en 1976. Et nous partageons aujourd’hui la même passion, la même éthique dans l’exercice de nos arts respectifs », égrène avec enthousiasme le grand compositeur oscarisé.

« Amin et moi, nous nous connaissons depuis toujours, poursuit le compositeur et musicien, mais notre relation n’était pas aussi étroite qu’elle l’est devenue ici (en France). D’une part, parce que nous avons eu l’occasion de nous revoir souvent, d’autant que nous avions le projet d’écrire ensemble un opéra autour de Gebran Khalil Gebran qui ne s’est malheureusement pas fait – pour des raisons indépendantes de sa volonté que je ne détaillerai pas ici. Et, d’autre part, parce qu’à travers la lecture de ses œuvres, j’ai appris à mieux le connaître. C’est un conteur de génie et un grand historien à la fois, poursuit Yared.  Avec Léon l'Africain, Les croisades vues par les Arabes et tous ses romans historiques parfaitement documentés, il m’a fait rêver, il m’a fait voyager. Et à travers ses essais, que j’ai pratiquement tous lus, il m’a vraiment éveillé aux problèmes du Levant, de l’Orient et du Moyen-Orient sur lesquels il a toujours développé un point de vue d’une acuité sans pareille. Qui s’est, d’ailleurs, souvent révélé prophétique, à la lumière des événements. Je pense que personne n’a su parler de l’exil, de la problématique de l’identité aussi bien que lui. Il y a en lui une grande intensité mais aussi une grande fantaisie, ne serait-ce que par son intérêt pour les nouvelles technologies et sa curiosité pour plein d’autres domaines… Amin n’est pas un érudit sec, mais un homme vraiment ouvert sur le monde. Et qui a conservé cette humilité qui caractérise les grands de ce monde. »

Alexandre Najjar : « C’est le couronnement d’une carrière exceptionnelle »

« C'est une nouvelle formidable qui fait honneur au Liban et qui couronne la carrière exceptionnelle d'Amin Maalouf, a aussitôt réagi Alexandre Najjar. Je connais bien l'Académie française qui m'a récompensé à deux reprises, et qui a récemment rendu hommage à L'Orient-Le Jour, et je sais qu'elle se veut ouverte sur la francophonie en partant de l'idée que les pays qui ont le français en partage peuvent irriguer la langue française et l'enrichir. » Pour l’avocat-écrivain et grand défenseur de la francophonie, « le choix d'Amin Maalouf est hautement symbolique, car il consacre cette volonté de l'Académie de se décloisonner et de promouvoir la diversité culturelle dans un monde où la globalisation sauvage cherche à nous imposer une pensée unique ».

Martha Hraoui et Gabriel Boustany : « Fiers et heureux »

Parmi les nombreuses personnalités du monde culturel libanais qui ont également réagi à l’élection de l’auteur du Rocher de Tanios (Grasset) au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française, l’artiste peintre Martha Hraoui et le romancier et producteur de cinéma Gabriel Boustany, tous deux installés dans l’Hexagone depuis des décennies, ont salué  avec enthousiasme « cette prestigieuse nouvelle, si lourde de sens. Merci Amin Maalouf pour votre plume, vos écrits et votre belle présence à ce poste, dont le souffle s’étendra on l’espère au Liban pour lui apporter une nouvelle dimension vitale (…) », a déclaré la première. Tandis que le second renchérissait en signalant avec humour qu’avec « Amin Maalouf et la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, nous libano-français, tenons la France par ce qu’elle a de plus précieux et de plus inestimable : sa langue et sa culture ».

L’élection d’Amin Maalouf au poste de 33e secrétaire perpétuel de l’Académie française fait quasiment l’unanimité parmi tous les acteurs de la scène culturelle libanaise, dont certaines grandes figures comptent parmi ses plus proches amis. Ils témoignent.Ibrahim Maalouf : « Il devient le 24e personnage de l’État » S’exprimant au nom des membres de sa famille, son neveu qui...
commentaires (5)

Très bel article comme à chaque fois que Zena prend sa plume ! Très amusant de lire ces témoignages fidèles avant tout à la personne qui témoigne . Particulièrement émouvant celui de Gabriel Yared , toujours juste , simple et qui témoigne avec le cœur Merci

Noha Baz

16 h 53, le 01 octobre 2023

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Commentaires (5)

  • Très bel article comme à chaque fois que Zena prend sa plume ! Très amusant de lire ces témoignages fidèles avant tout à la personne qui témoigne . Particulièrement émouvant celui de Gabriel Yared , toujours juste , simple et qui témoigne avec le cœur Merci

    Noha Baz

    16 h 53, le 01 octobre 2023

  • Amin Maalouf fait honneur à notre Patrie meurtrie. Merci à Amin mais aussi à tous ces hommes de lettres et aux artistes qui montrent le vrai visage du Liban.

    Wlek Sanferlou

    17 h 16, le 30 septembre 2023

  • nous sommes tous fiers et heureux de cette election.M abrouk. et je confesse que vos romans et livre de chevet ont longtemps temperes les annees de guerre.

    Helou Helou

    13 h 11, le 30 septembre 2023

  • Un vrai honneur pour le Liban! Merci Amine Maalouf, vous dorez la triste image que le monde a de notre pays…

    CW

    03 h 47, le 30 septembre 2023

  • Quelle fierté pour nous ! Mabrouk.

    Darwiche Jihad

    22 h 41, le 29 septembre 2023

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