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Culture - Portrait

Amin Maalouf : sous le signe de Marianne et du Cèdre du Liban

Les thèmes de l'exil, du nomadisme, du métissage culturel, de l'identité habitent les livres du Franco-Libanais, écrits en français.

L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf à l'Institut de France, à Paris, le 14 juin 2012. Photo AFP / FRANCOIS GUILLOT

L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf, élu jeudi nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie française, est une figure du roman historique d'inspiration orientale qui a consacré son œuvre au rapprochement des civilisations. Reçu à l'Académie en 2012, il avait fait inscrire sur son épée une Marianne et un Cèdre du Liban.

« Toute votre œuvre, toute votre pensée, toute votre personnalité, c'est un pont entre deux mondes (...) qui portent chacun leur part de crimes mais aussi de valeurs. Ce sont ces valeurs que vous voulez unir », avait résumé sous la Coupole son ami Jean-Christophe Rufin, qui briguait lui aussi ce poste prestigieux.

Ancien journaliste installé en France depuis 1976, Amin Maalouf avait remporté en 1993 le prix Goncourt pour « Le Rocher de Tanios », qui avait pour décor les montagnes libanaises de son enfance. On doit à ce conteur hors pair des fictions comme « Léon l'Africain » (1986), « Samarcande » (1988), « Le Périple de Baldassare » (2000) ou « Nos frères inattendus » (2020). Il est aussi l'auteur d'essais et de récits comme « Les Croisades vues par les Arabes » (1983), « Les Échelles du Levant » (1996), « Les Identités meurtrières » (1998), « Le Dérèglement du monde » (2009) ou « Un fauteuil sur la Seine » (2016) où il raconte la vie des 18 académiciens qui l'ont précédé au 29e fauteuil (le sien) depuis 1635. Il a écrit des livrets d'opéra, notamment pour la compositrice finlandaise Kaija Saariaho. L'un d'entre eux, « L'Amour de loin », a été créé en 2000 au festival de Salzbourg.

Les thèmes de l'exil, du nomadisme, du métissage culturel, de l'identité habitent ses livres, écrits en français, érudits et porteurs de plaisir romanesque. Dans « Origines » (2004), il racontait se sentir l'obligé de ses ancêtres. Chez les siens, écrivait-il, on naît naturellement nomade, cosmopolite, polyglotte. Et c'est la famille, le lignage sacré, qui fonde « l'identité diasporique » des êtres qui, comme lui, vont, depuis le Liban, essaimer de par le monde.

Nostalgie du « Levant » 
Né à Beyrouth le 25 février 1949, Amin est le fils d'un journaliste et écrivain, enseignant, peintre, poète et grande figure de la ville des années 40 à 80. Dans le sillage de ce père aimé, il devient journaliste après des études d'économie et de sociologie. Pendant douze ans, il est grand reporter, couvrant la chute de la monarchie éthiopienne ou la dernière bataille de Saïgon. Puis directeur de l'hebdomadaire « An-Nahar International ». En 1975, il assiste aux premiers affrontements de la guerre civile. Cet intellectuel humaniste décide de partir pour la France. « J'ai quitté le Liban au bout d'un an de guerre, mais je n'éprouve pas de culpabilité car, à un moment donné, il fallait prendre la décision de partir pour ma famille et moi ». À Paris, il entre à l'hebdomadaire « Jeune Afrique » dont il devient rédacteur en chef.

Dans la foulée d'auteurs libanais comme Charles Corm, Nadia Tueni ou Salah Stétié, Amin Maalouf écrit avec ce mélange de force et de douceur propres à l'Orient. Mais, dit-il, « si, en Occident, on me trouve oriental, en Orient, on me trouve très occidental ! »

Cet homme réservé, souriant, attend 1993 pour évoquer le Liban dans un livre ( »Le Rocher de Tanios »), « par superstition peut-être, comme si écrire sur mon pays allait encore aggraver son malheur. Je ne me suis jamais éloigné du Liban, c'est mon pays qui s'était éloigné de moi ». « Je ne cherche pas à savoir de quel pays je suis, je vis cette double nationalité, libanaise et française, de façon harmonieuse », a-t-il dit en revenant dans son pays natal en 1993 pour la première fois depuis dix ans. Dans « Les Désorientés » (2012), il s'inspirait de ses années d'université pour évoquer avec nostalgie son pays, « le Levant », où avant la guerre, toutes les communautés coexistaient. Il y avait, selon lui, « une qualité de coexistence entre des communautés différentes qui a disparu et n'aurait jamais dû disparaître car cela aurait dû être la préfiguration de l'avenir et aujourd'hui cela appartient au passé ».

Père de trois fils, il se partage entre Paris et l'île d'Yeu (Vendée). Il est l'oncle du trompettiste Ibrahim Maalouf.

L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf, élu jeudi nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie française, est une figure du roman historique d'inspiration orientale qui a consacré son œuvre au rapprochement des civilisations. Reçu à l'Académie en 2012, il avait fait inscrire sur son épée une Marianne et un Cèdre du Liban.« Toute votre œuvre, toute votre pensée,...

commentaires (12)

C’est le pompon de L’OLJ qui arrive même a censurer mon commentaire de félicitations de cet écrivain libanais. Ça vole très bas à L’OLJ.

Sissi zayyat

19 h 27, le 29 septembre 2023

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Commentaires (12)

  • C’est le pompon de L’OLJ qui arrive même a censurer mon commentaire de félicitations de cet écrivain libanais. Ça vole très bas à L’OLJ.

    Sissi zayyat

    19 h 27, le 29 septembre 2023

  • Un grand honneur pour le Liban. Felicitations et merci pour cette image du Liban authentique.

    paznavour

    17 h 30, le 29 septembre 2023

  • Un grand écrivain dont tous les libanais peuvent être fiers. Un digne représentant qui nous honore tous. Félicitations

    Charles Chebl

    15 h 54, le 29 septembre 2023

  • Félicitations ! Un choix mérité, un grand écrivain et humaniste, il est vraiment à sa place comme secrétaire perpétuel de l’Académie française.

    Coeckelenbergh Cartenian

    12 h 28, le 29 septembre 2023

  • Félicitations, c’est bien mérité. Une grande première et une grande fierté pour le Liban

    Sarkis Dina

    11 h 30, le 29 septembre 2023

  • Bravo et félicitations Fierté pour le Liban

    Bardawil dany

    10 h 16, le 29 septembre 2023

  • Nous sommes fières de vous .Vous portez la vrais image de cette vision du Liban qu’on mérite de l’avoir a l’étranger et surtout dans notre second pays la France

    Sarkis MAWAD

    10 h 11, le 29 septembre 2023

  • M. Maalouf, Félicitations! Vous portez le nom de notre patrie bien haut. Bien mérité!

    DOUMET Rima

    04 h 31, le 29 septembre 2023

  • Voilà un Monsieur qui fait honneur au Liban et à la France. C'est de personnalités de cette veine, de cette stature, de ce niveau intellectuel et moral que le Liban a besoin. Il est malheureux que cette élite a depuis belle lurette déserté la mère-patrie pour laisser le pays entre les mains d'une clique mafieuse qui l'a vendu, trahi, détruit, volé et dépecé. Tant de libanais brillants, talentueux, dévoués sont partis mettre leurs compétences au service de pays étrangers, alors que l'hinterland libanais manque cruellement de ces talents qui par leur présence auraient pu lui éviter le destin tragique auquel il fait face.

    Georges Airut

    02 h 37, le 29 septembre 2023

  • Ce que j’aime… M Maalouf nommé à ce poste Félicité par la ministre de la culture en france : Mme Rima abdel malak ( libanaise). Le soir même sur BFMTV, Michel Sardou qui parle de son public préféré : le public du liban. Il dit « j’adore le liban. C’est un public généreux etc » franchement ? Ca fait chaud au coeur tout ceci

    LE FRANCOPHONE

    00 h 10, le 29 septembre 2023

  • Félicitations M. Maalouf

    Georges Zehil Daniele

    18 h 51, le 28 septembre 2023

  • Bonne nouvelle et felicitations! ~C'est ca le vrai Liban.....

    Sabri

    18 h 33, le 28 septembre 2023

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