Dossiers Beyrouth Livres 2023 en lumière

Mots, rencontres et émotions : Beyrouth Livres 2023 en lumière

Mots, rencontres et émotions : Beyrouth Livres 2023 en lumière

Dans un Liban qui cherche à retrouver son souffle et son énergie, et qui défend sa culture, menacée par l’obscurantisme, émerge une lueur d’espoir : le festival Beyrouth Livres 2023, organisé dans sa deuxième édition par l’Ambassade de France au Liban, son Institut français et leurs partenaires. Prévu du 2 au 8 octobre, cet événement offre un programme diversifié et stimulant comprenant des activités pour tous les âges et tous les goûts. 

Diversité de la francophonie

Pour marquer son attachement à la francophonie et la diversité culturelle, l’IF invite cette année près de 70 auteurs de 12 nationalités différentes. En érigeant un pont entre les deux rives de la Méditerranée, le festival élargit ses horizons et reçoit, outre les auteurs français et libanais, des écrivains de l’Algérie, de la Belgique, du Canada, de la Grèce, de la Suisse, du Sénégal, de la Tunisie, du Japon…, ce qui met en avant une francophonie dynamique refusant de se replier sur elle-même et s’intégrant harmonieusement dans le plurilinguisme qui fait depuis toujours la force et la spécificité du Liban.

Décentralisation de la culture

Perpétuant la longue tradition littéraire dont le pays est dépositaire (le Salon du livre francophone de Beyrouth), le festival qui a inauguré en 2022 un nouveau format de rendez-vous culturel souple et adapté à la réalité libanaise, s’étend cette année aussi sur l’ensemble du territoire et propose 80 activités variées – gratuites pour tous – dans 34 lieux et 14 villes !

Dès le premier soir, les visiteurs sont invités à découvrir quatre villes patrimoniales du Liban. Baalbeck, Byblos, Tyr et Tripoli accueillent à 20h, pour la grande soirée de lancement, quatre événements différents : À la recherche de Francis el-Boune, une lecture performée inédite de Omar Abi Azar et François Beaune  ; une lecture de poésie et de textes littéraires sur la féminité et le désir par Véronique Ovaldé, Sofía Karámpali Farhat et Joy Majdalani  ; une lecture-dessinée sur la guerre et la mémoire avec Joseph Safieddine, Oliver Rohe et le dessinateur Cyril Doisneau  ; Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou la Petite Chaise jaune, une pièce de théâtre de Valérie Cachard et Hadi Deaibes sur la question des liens familiaux au sein d’un pays en crise.

Pendant toute la semaine, du 2 au 6 octobre, les médiathèques du réseau de l’IFL recevront une multitude d’auteurs et d’illustrateurs de talent. L’IF de Deir el-Qamar ouvrira ses portes le vendredi 6 à Sorj Chalandon, Joumana Haddad et Yehia Belaskri pour une réflexion sur la littérature et le journalisme à 17h, et pour la projection du film Illusions perdues de Xavier Giannoli à 19h. De même, le documentaire Notre pays lointain, réalisé par Camille Brunel et Malek Fleifel, sera projeté dans une dizaine de lieux dans tout le Liban (Baalbeck, Baakline, Batroun, Beyrouth, Qobayat, Saïda, Tibnine, Tripoli, Zahlé, Zouk Mikael).

Le mardi 3 octobre, deux rencontres régionales auront lieu. À Zouk Mikael d’abord, Monique Proulx, présentera son roman Enlève la nuit (Prix des cinq continents) à 18h  ; à Tripoli ensuite où Joumana Haddad retrouvera son public à 19h pour parler du féminisme.

Temps fort du festival, le quart d’heure de lecture national, le jeudi 5 octobre à 11h15, couvrira tout le territoire. Tout le Liban sera invité à cesser ses activités et à se plonger dans un livre pour goûter au plaisir de la lecture.

Déambulations dans les quartiers de Beyrouth

Le festival se déploie, du 3 au 6 octobre, dans tous les quartiers authentiques de Beyrouth et ses lieux de mémoire.

Le mardi 3, il s’installe à la rue Monnot : Le Liban n’a pas d’âge est présenté à la Bibliothèque orientale à 18h par Sylvie Andreu et Bernard Chauveau, en présence des auteurs et photographes du livre. À 19h, une grande soirée au théâtre Le Monnot. Dans un premier temps, Olivier Ka fait une lecture condensée de son livre Beyrouth, retour en terre oubliée, accompagnée de projections d’aquarelles sur une bande sonore musicale. Dans un second temps, et à l’occasion du centenaire du Prophète de Gibran, une lecture bilingue d’extraits choisis de l’œuvre sur les illustrations de Zeina Abirached, projetées en avant-première, et accompagnées de musique, est au programme.

Le mercredi 4 octobre, le festival arrive à Mathaf. Plusieurs activités destinées à la jeunesse sont proposées à la médiathèque de l’IF, ainsi qu’à l’Université Saint-Joseph : rencontres, ateliers, séances de signature et projection de film. L’après-midi est chargée à la Fondation Charles Corm : à 16h, l’écrivaine Georgine Mallat donne accès aux coulisses de son Manuscrit perdu de Béryte avec Ray Moawad et Alexandre Najjar  ; à 17h30, L’Orient des Livres rend hommage à Farjallah Haïk, précurseur du roman francophone libanais, avec Jocelyne Dagher Hayeck, Ramy Zein, Bertrand Fattal et Alexandre Najjar qui débattent sur l’œuvre et l’univers de cet auteur majeur du XXe siècle  ; à 18h30, et à l’occasion des 50 ans de Sindbad, Farouk Mardam Bey et Mathias Énard révèlent les enjeux et défis de la traduction entre arabe et français.

Le jeudi 5 octobre, c’est vers Gemmayzé et Sursock que le festival se dirige. Deux événements sont au rendez-vous à la bibliothèque publique de Geitawi – Assabil : des ateliers, des rencontres et des animations pour la jeunesse de 16h à 18h  ; une dizaine de poètes animent ensuite la soirée « Un jardin de mots : lectures et joutes poétiques » à 19h30. Dans le salon arabe du musée Sursock, la Maison Internationale des Écrivains de Beyrouth (Beyt el-kottab) organise une séance de lecture avec Mathias Énard, Oliver Rohe, Hala Moughanié, Percy Kemp et Yasmine Khlat à 18h.

Itinéraire littéraire

Ayant connu un énorme succès l’an dernier, l’itinéraire littéraire est de retour le samedi 7 octobre, entre 15h et 18h. Des auteurs signent leurs livres et échangent avec le public dans le quartier cossu de Clémenceau. Marquez vos calendriers pour retrouver Dima Samaha qui signe son étude sur le roman libanais de l’émigration Le Pays envolé, Fady Noun et sa Terre promise, Farid Chehab et De l’intelligence, Hassan el-Husseini et son dernier roman Le Blessé de l’aube, Ibrahim Gemayel et ses livres dont Avant le ghetto sorti mars dernier, mais aussi Ishtar Jaulin auteure de Céline. Michèle Standjofski et Mohammad Kraytem, auteure et dessinateur d’Escape Ghosn, rejoignent à leur tour les amateurs de BD. Seront également dédicacés les livres de Mona Azzam comme Camus, l’espoir du monde et L’Éternité n’est pas éphémère  ; Écrits dans la marge, Joseph et Laure, et Images écrites de Nada Moghaizel-Nasr  ; Diaspora arménienne, du mythe à la réalité de Nadine Garabedian  ; L’Humanité retrouvée, le salut dans l’épreuve de Rita Hatem  ; les recueils de poésie de Sana Richa Choucair  ; Un souffle à l’aube de Sarah Najjar  ; la collection Grandes légendes libanaises (en 3 volumes) de Saria Moutran  ; La Tendresse de Sainte Anne signé Yasmine Khlat  ; Une partie en vrac, l’ouvrage le plus récent de Noha Baz  ; Il faut revenir de Hala Moughanié  ; Le Liban en guerre (1975-1990) de Dima de Clerck  ; Reflets et amertume de Pierre Sayegh  ; et finalement J'ai épousé un maître de Nô de Madeleine Abdel Jalil Umewaka.

Le parcours commence à l’Université Haigazian, passe par les magnifiques galeries Saleh Barakat et Dar El-Nimer, avant de se terminer à l’École Supérieure des Affaires.

L’ESA : lieu d’atterrissage du festival

Le week-end de clôture, les visiteurs ont la chance d’arpenter les jardins de l’École Supérieure des Affaires (ESA) et de découvrir ce campus qui offre un cadre enchanteur et revêt une importance symbolique, ayant accueilli, jadis, l’ancienne ambassade de France.

Les festivités se répartissent sur quatre scènes parallèles spécialement aménagées pour l’occasion : la Grande Scène, l’auditorium Fattal, l’espace Agora et l’espace Jeunesse où un programme dédié aux jeunes est prévu tout le long des deux journées (ateliers de dessin, des coins lecture et l’heure du conte). En outre, une librairie où les œuvres des auteurs invités sont disponibles, est temporairement installée sur le campus.

Parmi les événements figurant au programme du samedi 7 octobre, on cite, sur la Grande Scène, une rencontre avec Charif Majdalani et Laurent Gaudé autour de l’écriture de la Méditerranée à 12h45, et une autre avec Maylis de Kerangal et Sorj Chalandon autour de l’écriture du réel à 17h45.

À l’auditorium Fattal, les sites en péril de l’Asie centrale au Proche-Orient sont examinés sous la loupe de Jean-Pierre Perrin et Charif Majdanali à 12h. La politique est, elle aussi, au cœur de l’événement : Tarek Mitri présente à 15h30 son nouvel essai sur les Chrétiens en politique dans le monde arabe, en présence de Wissam Saadé, Souraya Bechealany et Antoine Courban  ; Nicolas Wild et François Beaune se penchent sur les images et les récits de Russie à 16h45.

L’espace Agora accueille plusieurs rencontres intéressantes : un monde en toc à 11h avec Camille Ammoun et Rinny Gremaud  ; des biographies en bande dessinée à 12h avec Léonie Bischoff, Michèle Standjofski, Mohamad Kraytem  ; écrire sa ville à 13h avec Diaty Diallo, Camille Ammoun, et Joseph Safieddine  ; du polar à la science-fiction à 16h avec Nicolas Pitz et Ralph Doumit  ; la quête d’identité par le récit à 17h avec Elisa Shua Dusapin, Elgas et Yahia Belaskri.

Sans oublier les lectures à voix haute et les lectures performées qui ont lieu de 14h à 15h45 à l’espace Agora, et la soirée dansante avec DJ Yuksek à partir de 21h sur la Grande Scène.

Dernier jour du festival, le dimanche 8 est riche en activités. La journée commence sur la Grande Scène avec l’atelier de Timothée de Fombelle à 11h, suivi à 12h15 d’une présentation de Féministes du Levant. Portraits de femmes libres de René Otayek avec Nada Moghaizel Nasr et Georgia Makhlouf. Sofía Karámpali Farhat, Hatem Nafti et Jean-Pierre Perrin dressent le bilan des « printemps arabes » à 13h30 et en débattent les perspectives.

À l’auditorium Fattal, Charles Berberian et Oliver Rohe abordent la possibilité de reconstituer les mémoires collectives par les mots et le dessin à 13h45. Parallèlement, sur l’espace Agora, Charif Majdalani, accompagné de son éditrice Hélène Pasquet, parle de sa dernière parution Mille Origines à 11h. La manière dont la littérature de jeunesse traite de sujets « sensibles » occupe les réflexions d’Orianne Lallemand, Charlotte Moundlic et Rania Moallem à 12h. À 14h, Elgas, Diaty Diallo et Salma Kojok examinent de près les questions d’intégration et de discrimination en littérature.

L’Art de l’écriture et de l’édition pour les professionnels du livre

Nouveauté de cette édition, un important créneau est réservé, le vendredi 6 octobre à l’ESA, aux professionnels (éditeurs, traducteurs, libraires et diffuseurs) pour se retrouver et échanger sur les enjeux-clés du secteur du livre et les problématiques cruciales qui le heurtent de nos jours, créant ainsi un réseau permettant de nouer de nouveaux partenariats éventuels.

Les conférences, nécessitant une inscription préalable, se distribuent sur trois salles de l’ESA. Traduites simultanément du français vers l’arabe et inversement, elles traversent plusieurs thématiques : les enjeux, défis et opportunités de la traduction à 9h30 avec Bassam Baraké, Rania Moallem et Nicolas Roche  ; les nouvelles initiatives prises par l’IREMMO, l’IF Paris, l’IFL et les librairies Stéphan, Antoine et Orientale, dans le domaine de la cession et de la traduction à 11h avec Anne Millet, Géraldine Prévot, Rania Stephan, Emile Tyan et Maroun Nehmé  ; une réflexion sur la réalité des métiers du livre avec les libraires Rania Stephan, Emile Tyan, Nadia Wassef et David Piovesan à 15h, mais aussi avec d’autres experts qui témoignent de leurs parcours dans le domaine à 16h. Parallèlement, Marie Pierre Gracedieu et Adrien Servières racontent la genèse d’une nouvelle maison d’édition baptisée « Le Bruit du monde ». Les enjeux de la diffusion et de la distribution du livre entre le monde arabe et l’Occident sont expliqués par Simona Gabrieli, Hala Bizri, Badia Boulila et Sophie Duthion à 17h. Cette série de conférences – auxquelles on peut ajouter des ateliers dédiés aux professionnels avec Joseph Safieddine (à 11h), Timothée de Fombelle (à 12h), Alexandre Clérisse (à 15h45) ainsi que deux rencontres avec la nouvelle scène BD bruxelloise (à 10h) et avec les éditions Bayard (à 17h15) – se termine sur un brin d’espoir avec Géraldine Prévot et Herminée Nurpetlian qui exposent, à 17h15, les dispositifs d’aide au secteur du livre proposés par l’IF Paris et l’IFL.

Littérature connectée

La programmation accompagne l’évolution du numérique, des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle (IA), notamment du ChatGPT  ; c’est dans cette perspective que Pascal Mougin, professeur de littérature contemporaine à l’Université de Saint-Quentin en Yvelines et spécialiste des liens entre littérature et numérique, se demande, dans le cadre de la journée professionnelle du 6 octobre, s’il faut avoir peur des robots-écrivains et expose les conséquences de ce nouveau contexte sur l’avenir de l’écriture et de l’édition à 14h30. En parallèle, à 15h, Géraldine Prévost de l’IF Paris dévoile, dans la salle 2 de l’ESA, les nouvelles formes que peut prendre un livre à l’ère du numérique (livre augmenté, livre numérique…).

Le lendemain à 13h, une table ronde sur la place du numérique dans la vie des écrivains réunit Percy Kemp, auteur des Cinq Sœurs, roman d’espionnage sur les GAFAM, et Nathan Devers dont Les Liens artificiels a obtenu le Choix Goncourt de l’Orient 2022, et dont la traduction arabe de son livre lui sera remise en présence de l’AUF suite à la rencontre.

Le dimanche 8 octobre, à 14h45, des écrivains comme Charif Majdalani, Charlotte Moundlic, Sofía Karámpali Farhat et Monique Proulx, sont invités à vivre, sur la Grande Scène de l’ESA, une expérience inédite, animée par Pascal Mougin : celle de participer à un atelier de co-écriture avec l’intelligence artificielle !

Approches pluridisciplinaires du livre

Centré sur le livre mais résolument moderne et innovant, le festival octroie une large place à la pluridisciplinarité. Les auteurs invités pourront ainsi dialoguer avec des artistes d’horizons divers (musiciens, comédiens, illustrateurs…) dans des formats originaux. On retient outre la grande soirée au Monnot déjà évoquée, la grande soirée Tarab, le jeudi 5 octobre à 19h où Charles Berberian réunit une dizaine d’écrivains et d’artistes dans la cour du musée Sursock pour un concert-dessiné assorti de lectures  ; la lecture musicale d’un texte inédit par Maylis de Kérangal, le dimanche 8 octobre à 15h, et des lectures de textes autour de la thématique « Désirs et désordres » par Barbara Carlotti et Joumana Haddad à 17h, toutes sur la musique de Charbel Haber, à l’auditorium Fattal de l’ESA.

Les expositions enfin occupent une place de choix dans Beyrouth Livres 2023. Parmi les incontournables, on note : 50 ans de Sindbad à la Fondation Charles Corm du 2 au 8 octobre  ; Waï, premières planches inédites de la bande dessinée de Lilia Benbelaïd à la galerie no/mad utopia du 5 au 21 octobre  ; Tracas non-politiques. The Art of Boo à la galerie Dar El-Nimer du 6 octobre au 2 décembre  ; Escape Ghosn à la galerie Saleh Barakat du mardi 3 au samedi 7 octobre  ; Les Mondes d’Alexandre Clérisse au parvis de la Villa Rose de l’ESA, et Subsidence de Camille Ammoun à la salle polyvalente de l’ESA, durant les deux derniers jours du festival.

Samer Abdo

* Retrouvez les changements de dernière minute sur les réseaux sociaux et le site internet de l’Institut français.

Dans un Liban qui cherche à retrouver son souffle et son énergie, et qui défend sa culture, menacée par l’obscurantisme, émerge une lueur d’espoir : le festival Beyrouth Livres 2023, organisé dans sa deuxième édition par l’Ambassade de France au Liban, son Institut français et leurs partenaires. Prévu du 2 au 8 octobre, cet événement offre un programme diversifié et stimulant...
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