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Société - Liban

"Nous sommes tous le Karabakh" : sit-in sous tension devant l'ambassade d'Azerbaïdjan

Un porte-parole des protestataires évoque sa peur d'un « nouveau génocide arménien » dans le Karabakh. 

Face à face entre manifestants et forces de l'ordre, à Aïn Aar, le 28 septembre 2023. Photo Mohammad Yassine

Des centaines de manifestants, principalement issus de la communauté arménienne, ont afflué jeudi après-midi devant l'ambassade d'Azerbaïdjan au Liban, afin de protester contre la dissolution annoncée de la république auto-proclamée du Haut-Karabakh, une région en majorité peuplée d'Arméniens rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.

Le sit-in a été marqué par plusieurs vagues de tensions entre les manifestants et les forces de l'ordre présentes sur les lieux, qui ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Des agents des Forces de sécurité intérieure, de la brigade anti-émeute et de l'armée libanaise étaient présents en nombre autour de l'ambassade, dont l'accès était bloqué par des fils barbelés.

Des agents de la brigade anti-émeute et des soldats libanais déployés à Aïn Aar, le 28 septembre 2023. Photo Mario DOUEIRY

Prenant la parole, un porte-parole des protestataires a évoqué sa peur d'un « nouveau génocide arménien » et dénoncé « le manque d'intervention de la communauté internationale » face aux développements dans le Haut-Karabakh.

Pachinian « coupable »
De leur côté, les manifestants scandaient des slogans accusant le Premier ministre arménien Nikol Pachinian d'être « coupable » de la chute rapide de la région séparatiste aux mains de Bakou, après la non-intervention d'Erevan face à l'attaque-éclair des forces azerbaïdjanaises, la semaine dernière. « Nous sommes tous le Haut-Karabakh », ont-ils également clamé.

Les tensions entre manifestants et forces de l'ordre ont été largement condamnées par plusieurs protestataires. « Nous ne sommes pas des terroristes ! Des prêtres ont été tabassés », lance un homme, prenant à partie un policier.

De son côté, le député d'origine arménienne et secrétaire général du parti Tachnag, Hagop Pakradounian, a soutenu que « quand on tue les Arméniens, nous ne sommes pas un peuple paisible ». Peu avant 19h, les tensions entre manifestants et forces de l'ordre ont repris de plus belle, faisant plusieurs dizaines de blessés qui ont été évacués par la Croix-Rouge libanaise. L'Orient-Le Jour a pu constater que parmi les blessés soignés pour des cas d'asphyxie par la CRL se trouvaient notamment des enfants.

Contactées, les Forces de sécurité intérieure n'ont pas pu commenter ces échauffourées, tandis que l'armée n'était pas immédiatement joignable.

Depuis la victoire de Bakou, des milliers d'habitants du Haut-Karabakh se sont réfugiés en Arménie. Si le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a assuré lundi au cours d'une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan que les droits des Arméniens du Haut-Karabakh seraient « garantis », Nikol Pachinian a, lui, appelé jeudi la communauté internationale à agir et à punir l'Azerbaïdjan pour le « nettoyage ethnique » en cours, selon Erevan, dans le Haut-Karabakh. Également jeudi matin, la république séparatiste autoproclamée du Haut-Karabakh a annoncé sa dissolution à compter du 1er janvier 2024, plus de 30 ans après sa création.


Des banderoles préparées par la communauté arménienne au Liban lors d'une manifestation. Photo Mario Doueiry

L'Orient-Le Jour a tenté de contacter l'ambassade d'Azerbaïdjan pour un commentaire, sans succès.

Dans l'après-midi, la communauté arménienne avait été appelée à rejoindre massivement le sit-in.

Présent dans sa boutique de textiles, Yeghia Srourian, a affirmé à L'Orient-Le Jour : « Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre. C’est juste le début et nous continuerons de protester. Ce ne sera pas la dernière fois » a-t-il ajouté. « Nous voulons que nos enfants voient que nous sommes en vie et que nous luttons pour notre pays. C’est notre pays et nos églises que nous sommes en train de perdre (…) contre les Turcs et maintenant contre le monde », a-t-il martelé. « Je veux vivre en paix en Arménie et je veux que mes enfants y vivent en paix », a-t-il conclu.


Posté dans sa boutique de textiles, Yeghia Srourian, a prévu de se rendre à la manifestation devant l'ambassade d’Azerbaïdjan. Photo Olivia Le Poidevin

Dès le début de l’après-midi, un véhicule arborant des drapeaux arméniens et libanais circulait dans les rues de Bourj Hammoud pour appeler les manifestants à venir en nombre.

Le Haut-Karabakh est une région à majorité arménienne, qui avait fait sécession de l'Azerbaïdjan lors de la désintégration de l'URSS. Elle s'est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres actives entre 1988 et 1994 et à l'automne 2020. Mais la semaine dernière, l'Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire pour la reprendre et poussé les séparatistes à capituler en l'espace de 24 heures, sans que n'interviennent les soldats de la paix russes déployés sur place depuis fin 2020.

L'Arménie, qui a soutenu ce territoire pendant ces décennies, n'est pas non plus intervenue militairement cette fois-ci, ouvrant la voie à la réintégration de la région à l'Azerbaïdjan. Depuis, des dizaines de milliers d'Arméniens ont fui l'arrivée des troupes azerbaïdjanaises, par crainte de répressions et de violences, via le corridor de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, rouverte dimanche par Bakou après des mois de blocus.

Des centaines de manifestants, principalement issus de la communauté arménienne, ont afflué jeudi après-midi devant l'ambassade d'Azerbaïdjan au Liban, afin de protester contre la dissolution annoncée de la république auto-proclamée du Haut-Karabakh, une région en majorité peuplée d'Arméniens rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.Le sit-in a été marqué par...
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