La force conjointe de sécurité palestinienne : qu'est-ce que c'est ?

Des éléments de la force conjointe de sécurité palestinienne ont été chargés lundi de se déployer dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué afin d'en préserver la stabilité, après des combats internes fin juillet et début septembre qui ont fait une trentaine de morts. Ces accrochages opposaient le mouvement nationaliste Fateh à des groupes islamistes tels que Jund el-Cham et al-Chabab al-Moslem (La jeunesse musulmane).

Mais que savons-nous de cette force, dont le nom est régulièrement mentionné lorsque l'on évoque le plus grand camp palestinien du Liban ?

Qui fait partie de la force conjointe de sécurité ?

Cette force rassemble aujourd’hui 165 combattants, selon son commandant actuel Mahmoud Ajoury, issus des trois courants principaux présents dans le camp, c'est à dire de l'Organisation de libération de la Palestine, du « Tahalof » (une coalition de forces palestiniennes) et des factions islamistes. Ce regroupement contient donc des combattants issus autant du Fateh, du Hamas et du Jihad islamique, que du groupe Osbat al-Ansar, etc.

Quand a-t-elle été créée et quel est son rôle ? 

Établie une première fois en 2014, la force conjointe de sécurité palestinienne a pour but d’unifier les rangs au sein des diverses factions palestiniennes et d’assurer ainsi la sécurité et la stabilité dans le camp de Aïn el-Héloué, où elle œuvre principalement, celui-ci étant en proie à une instabilité chronique. Elle est toutefois présente dans d'autres camps. Elle est notamment chargée de maintenir l'ordre, d'arrêter les criminels et d’assurer la sécurité sociale dans les camps où elle est présente. Elle travaille même en coordination avec l’armée libanaise quand il s’agit de remettre des personnes recherchées aux autorités. Contactée, l’armée n’a pas répondu à nos sollicitations pour commenter cette coordination. 

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Comment a-t-elle évolué ?

Le fait qu'elle soit composée de différentes factions a par moments provoqué des remous au sein même de la force conjointe de sécurité. En 2021, le Hamas s'en est ainsi retiré en raison de tensions survenues après que trois de ses membres ont été tués par des tirs lors de funérailles dans le camp de Bourj el-Chemali, près de Tyr. Un incident pour lequel le Hamas a tenu le Fateh pour responsable. Le mouvement islamiste a cependant rejoint les rangs de la force conjointe après la dernière flambée de violences à Aïn el-Héloué, explique un porte-parole du Fateh, Youssef Zarii. 

Désormais, la force s'est consolidée, estime Mahmoud Ajoury, qui se félicite que « dorénavant, elle rassemble dans un même cadre tout le tissu palestinien pour assurer la stabilité du camp » de Aïn el-Héloué. Il ajoute en outre que malgré quelques tensions, cette force « n’a jamais cessé ses activités ». « Une fois que l’on est intégré dans la formation, on oublie notre affiliation politique », insiste-t-il. Du côté du Hamas, le responsable des relations nationales, Ayman Chanaa, va jusqu’à dire qu’il n’y a aucun problème entre les membres des différents groupes en présence. « S’il se passe quelque chose, c’est généralement très limité », poursuit-il. 

« Depuis la récente vague de violences, nous avons décidé d'accroître la force en termes de nombre d’effectifs et d’équipements militaires pour quelle puisse faire face à tout ce qui se trame dans le camp », explique encore Ayman Chanaa. Cela devrait notamment permettre un large déploiement « dans tout le camp », avance de son côté Youssef Zariï, après la première phase lancée lundi, et qui consiste à mobiliser quelques dizaines d'hommes le long de deux lignes de front, celles entre les quartiers Hattine et Ras el-Ahmar et entre ceux de Safsaf et Baraksat.