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Nos Lecteurs ont la Parole

Le brillant, le bienveillant, l’obligeant revenant et moi

Lorsque l’ombre de votre absence a obscurci nos cieux et que l’éclat de votre âme s’est éloigné de nos lieux, le temps nous a paru long et interminable. Votre absence a créé des vides impitoyables. Mais vous voici à l’horizon, votre lumière resplendit et votre retour, ô combien attendu, comme un astre a surgi. Vous êtes le brillant revenant, ce doux mirage qui caresse nos esprits, éclaire nos longues nuits, enivre nos âmes meurtries et nous ravive la vie. Oh ! quel bonheur incommensurable de vous revoir ! Votre retour réveillera la torpeur quotidienne, j’en suis certaine. Alors, bienvenue de nouveau dans notre petit monde dont vous êtes le seul à penser être le centre.

Je vous avoue que votre éloignement a été pour nous une période de congé, de réjouissances et de vacuité. Nous avons pu profiter de notre été : festivals, bals, randonnées, excursions et tournées. Tout y était : le champagne à flots a coulé pour honorer les expatriés et notre maigre épargne a été bien dilapidée. Il faut bien vénérer notre réputation de peuple résilient, vivant et bien né. De plus, l’arrogance de notre gouvernement a survécu à votre absence et l’insolence de notre État à votre distance.

Mais qu’en est-il ? Vous êtes de retour ! Quelque chose m’aurait-il échappé…

Car je trouve curieux de vous voir revenir persister à causer avec les mêmes incompétents interlocuteurs de souveraineté lorsque nos institutions sont toujours affaiblies dans leur intégrité : corruption, décadence, déchéance de l’autorité font tache d’encre qui ne finit pas de couler.

Étrange de vous entendre leur parler d’indépendance lorsque le peuple entier en est privé : liberté d’expression, d’association, de religion, de croyance, liberté tout court, sont des notions ignorées chez nous et qui de toute manière, même si elles existaient, demeureraient inapplicables, malgré vos éminentes plaidoiries et vos savantes théories. Pour votre gouverne, nous sommes totalement dépossédés, dépouillés du libre exercice de nos droits les plus élémentaires, le droit à la vie dans la sécurité, la dignité et le respect, le droit d’accès aux services les plus communs et les plus élémentaires, le droit à des informations claires, franches et transparentes sur l’état de notre pays. Droit d’avoir accès aux services publics sans panne et sans rupture, droit à l’éducation, à un enseignement impartial et intègre, droit à être traité également devant les tribunaux, droit à des soins médicaux dans l’égalité et l’équité, droit à des régimes sociaux dans la conformité et la légalité, et j’en passe car la liste est longue…

Inapproprié de proposer des dialogues entre les diverses parties. Ils demeureront stériles, infertiles, inutiles. Nous sommes un peuple divisé emporté par les danses folles que jouent des orchestres étrangers. Vos interlocuteurs créent des rassemblements pour se présenter à vous, non pas pour nous unir, mais pour souligner nos différences, notre éloignement, notre rupture. Ils défilent devant vous, ces illustres orateurs, ces légendaires prédicateurs, ces célèbres prêcheurs, prononçant des discours enflammés, embrasés et exaltés, prônant une morale aléatoire et douteuse, affichant une vertu discutable, variable, prêchant des dogmes obscurs et inconvenants, prônant des convictions confuses et ratées, révélant des enseignements étrangers, inachevés ou encore avouant des croyances dépareillées. Ils vagabondent à leur convenance, à leur rythme, pour vous impressionner, pour parler plus fort, faire taire les autres, les étouffer, pour les abolir. Ils jouent pour vous des opérettes, des oratorios, des parodies, des comédies, des bouffonneries, pour vous manipuler et vous manœuvrer chacun selon ses propres intérêts.

Bizarre de vous entêter à converser d’élection présidentielle lorsque nous sommes baignés d’impuissance, de faiblesse, de défaillance. Et de malveillance. Comment discuter d’autonomie lorsque nous sommes ligotés par des contraintes, des oppressions et des entraves qui nous enchaînent et qui nous anéantissent ?

Dans la plupart des républiques, une élection présidentielle est organisée à périodicité définie. Elle consiste à désigner le président de la République, celui qui occupera la fonction de chef de l’État pour cette période donnée. L’État est défini comme étant une entité politique souveraine et indépendante qui exerce le pouvoir sur un territoire défini et sa population. Penseriez-vous en toute âme et conscience que nous répondons à la définition ? Où en sommes-nous de la désignation géographique de notre pays qui devrait être limitée par des frontières reconnues et approuvées ? Que sommes-nous devenus en tant que peuple, déchirés par tant de crises, étouffés par un amas de réfugiés venus de toutes parts sans règlement et sans loi ? Où est notre État ? Nos institutions politiques et judiciaires baignent dans l’inertie totale et se trouvent plongées dans un sommeil prolongé… Où en sommes-nous, en toute conscience, de ces concepts étrangers à notre quotidien : souveraineté, autorité, pouvoirs et puissance ? Où en sommes-nous de ces notions d’autogouvernance ? Notre conduite personnelle quotidienne est sujette aux aléas qui nous entourent, nos valeurs sont en voie de disparition, étranglées par les difficultés qui nous abattent, nos corporations sont pour la plupart du temps en grève, l’exercice de nos libertés est menacé, voire brimé, les partis politiques prêtent allégeance tantôt à droite, tantôt à gauche, au gré des vents qui soufflent, notre autonomie est en crise, notre avenir est incertain, notre pays se vide.

Nous sommes tombés hélas dans l’incapacité d’exercer toutes les fonctions du pouvoir sans l’intervention d’une autorité étrangère qu’on ne peut même pas gérer ou modifier, si fort soit notre optimisme. Alors, président ou pas de président, chez nous, c’est indifférent, la présidence a cédé sa place à la décadence et la dégénérescence, en toute conscience !

Vos gestes tant appréciés ont certainement coûté la vache et son lait ! Mais ils sont vains et désuets. Cela ne m’empêche pas de vous en remercier.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Lorsque l’ombre de votre absence a obscurci nos cieux et que l’éclat de votre âme s’est éloigné de nos lieux, le temps nous a paru long et interminable. Votre absence a créé des vides impitoyables. Mais vous voici à l’horizon, votre lumière resplendit et votre retour, ô combien attendu, comme un astre a surgi. Vous êtes le brillant revenant, ce doux mirage qui caresse nos...

commentaires (1)

Vous avez raison, grandeur et décadence…..

Eleni Caridopoulou

20 h 39, le 22 septembre 2023

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Commentaires (1)

  • Vous avez raison, grandeur et décadence…..

    Eleni Caridopoulou

    20 h 39, le 22 septembre 2023

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