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Culture - Musique

A la découverte du musée Gainsbourg, au 14 rue de Verneuil, à Paris

Dans le cadre du projet Maison Gainsbourg piloté par Charlotte Gainsbourg, le musée Gainsbourg* dévoile 450 objets appartenant à l’artiste qui permettent de cartographier sa vie et son œuvre. On retrouve aussi dans ce lieu hybride une librairie-boutique et le Gainsbarre, un café le jour et piano-bar la nuit. Visite.

A la découverte du musée Gainsbourg, au 14 rue de Verneuil, à Paris

Façade du 14 rue de Verneuil. Accueil, musée, Gainsbarre, librairie-boutique. Photo Alexis Raimbault pour la Maison Gainsbourg, 2023

S’il fallait un jour renommer la rue de Verneuil dans le VIIe arrondissement de Paris, elle serait sans aucun doute rebaptisée rue Serge Gainsbourg. De cette rue, on connaissait justement le 5 bis, là où l’homme à la tête de chou a emménagé en 1969 et où il est mort le 2 mars 1991 ; sa grille noire secrète et sa façade autrefois blanche mais que les fans de Serge se sont mis à taguer, comme si c’était un lieu saint, dès le jour de son décès. Abritant les secrets de Serge Gainsbourg pendant 32 ans, sa fille Charlotte a décidé de finalement ouvrir le 5 bis au public, après que ce lieu lui a servi de mausolée où elle venait se recueillir et retrouver l’âme de son père.

Vue d’exposition provenant de la collection permanente « L’homme à la tête de chou » de Claude Lalanne (1968). Photo Alexis Raimbault pour la Maison Gainsbourg, 2023 © ADAGP, Paris 2023

Et pour compléter la visite de cette capsule temporelle qui agit comme une plongée dans la bulle intime de Serge, c’est au 14 de la même rue que vient de s’installer le musée Gainsbourg, un lieu hybride conçu par Jacques Garcia et qui retrace la carrière et la vie de l’artiste, à la faveur d’une collection de 450 objets (originaux) lui ayant appartenu, ainsi qu’une librairie-boutique et le Gainsbarre, un café la journée et un piano-bar en soirée.

Un double inversé du 5 bis

Le choix de cette adresse spécifique pour le musée n’est pas fortuit, déjà parce qu’il agit comme un double inversé, plus public, du 5 bis ; mais aussi et surtout parce que cet espace abritait autrefois les locaux du Terrain Vague, la maison d’édition qui a publié en 1971 le livre contenant les paroles de l’album de Gainsbourg Melody Nelson. Il a dans un deuxième temps accueilli la galerie du réalisateur Claude Berri, qui a fait jouer Serge Gainsbourg et Catherine Deneuve dans son film Je vous aime (1980). Cependant, ce qui est le plus frappant ici, c’est la précision avec laquelle l’intérieur du musée mime celui de la maison de Gainsbourg, des murs tendus au feutre noir, au tapis Axminster, en passant par une réplique des carreaux de sol vénitiens à damiers présents au rez-de-chaussée du 5 bis. Plus encore, dès lors qu’on entre dans le musée, on se retrouve face à une configuration qui reproduit celle du couloir des appartements privés de Serge Gainsbourg. L’exposition permanente se déroule en ce sens le long d’un passage au bout duquel est disposée la sculpture L’homme à la tête de chou de Claude Lalanne (1968), initialement présente au 5 bis rue de Verneuil.

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À gauche, une enfilade de vitrines avec plus de 450 pièces originales, dont des photographies, des objets, des manuscrits, des vêtements, des coupures de presse et bien sûr des disques, racontent la carrière artistique de cette figure éminente de la musique et de la culture françaises. Ici, le voyage est abordé chronologiquement, depuis la naissance de Serge Gainsbourg en 1928 jusqu’à sa mort en 1991 ; c’est-à-dire son glissement de Lucien Ginsburg vers le déroutant alter ego de Gainsbarre qu’il s’est créé dans les années 1980.

Portrait de Serge Gainsbourg réalisé par Tony Frank en 1985. Crédit Tony Frank

Autant Charlotte Gainsbourg s’est impliquée dans le travail quasi obsessionnel de conservation de la maison de son père qui a conduit à son ouverture, autant elle a préféré déléguer à d’autres le cas du musée. Anatole Maggiar et Sébastien Merlet, les deux commissaires du musée Gainsbourg, ont donc entrepris un véritable travail d’archéologue, planchant pendant quatre-vingts jours sur l’inventaire du contenu du 5 bis.

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Plus qu’une simple rétrospective de l’œuvre gainsbourienne, l’exposition permanente nous embarque dans les coulisses de la création de cette œuvre et permet une compréhension plus profonde de son processus créatif, tout en retraçant le chemin vers l’immense succès rencontré au milieu des années 1960. Dans les vitrines, donc, le petit sac et le porte-cigarette appartenant à la mère de Serge Gainsbourg, le certificat de son entrée à la Sacem, le manuscrit original de La Javanaise ou celui des Petits Papiers écrit pour Régine, la lettre d’autorisation de Jacques Prévert pour l’utilisation de son nom dans La chanson de Prévert, la médaille de l’Eurovision de 1965 pour Poupée de cire, poupée de son – composée pour France Gall –, le premier Dali acheté par Gainsbourg avec son cachet de l’Eurovision, un acétate original contenant les premiers enregistrements de Je t’aime... moi non plus (la version avec Bardot) avec la lettre de BB demandant d’interdire la sortie du disque en question ; des photos de sa rencontre avec Jane Birkin sur le tournage de Slogan en 1968, des notes laissées sur des blocs-notes de l’hôtel Raphaël où Gainsbourg aimait bien s’échapper, sa veste (de femme) vintage à rayures de tennis achetée à Portobello Market en 1973, ainsi qu’un ensemble sur L’homme à la tête de chou et le manuscrit original de La Marseillaise Reggae qui avait provoqué un scandale chez l’extrême droite…

Serge par Serge

En regard des vitrines qui agissent comme des boîtes au trésor gainsbouriennes, des écrans encadrés entre deux panneaux de verre, à la manière dont Gainsbourg encadrait ses toiles au 5 bis, présentent des images iconiques ainsi que d’autres, plus rares, pour lesquelles il a fallu consacrer deux ans à la numérisation de plus de vingt-cinq mille références. 59 minutes d’images divisées sur 8 chapitres constituent le parcours vidéo où Serge Gainsbourg, en voix off, semble se raconter lui-même. Troublant Serge par Serge.

Vue d’exposition provenant de la collection permanente. Photo Alexis Raimbault pour la Maison Gainsbourg, 2023

Quant au sous-sol du musée, qui évoque l’ambiance feutrée d’un bar de jazz sombre de Saint-Germain-des-Prés, il sera réservé à des expositions temporaires visant à approfondir certains éléments-clés de la chronologie de Gainsbourg. La première sera centrée autour de la version de la chanson Je t’aime... moi non plus. Sorti en février 1969, ce duo sulfureux entre Jane Birkin et Serge Gainsbourg a été un déclencheur à plusieurs égards : déclencheur du couple, bien sûr, de la carrière personnelle de Jane Birkin, mais aussi d’un scandale provoqué par les paroles controversées et les refrains où Jane semble littéralement jouir. À la faveur d’une impressionnante collection d’archives, manuscrits, articles, correspondances et disques, cette première petite exposition permet de retracer d’un côté le succès phénoménal de cette chanson – le premier titre en langue étrangère à atteindre la première place des classements au Royaume-Uni, mais également le premier cas de single à intégrer les classements malgré son interdiction – et, d’un autre, de revenir sur le tollé que celle-ci aura déclenché ; à savoir son interdiction à travers l’Europe, les saisies au siège de la maison de disques en Italie, sa condamnation par le Vatican et la suspension de sa fabrication sur ordre de la reine Juliana des Pays-Bas. Pour terminer la visite, le Gainsbarre – café le jour et piano-bar la nuit – propose de s’immiscer dans l’ambiance des pianos-bars où Serge Gainsbourg officiait au début de sa carrière ; mais aussi de retrouver les goûts et les saveurs des bars des palaces que l’artiste avait élus comme ses QG, à savoir le Hemingway du Ritz ou le Bar anglais du Raphaël. Avec cette folle impression, à l’issue de ce parcours, d’avoir passé un moment avec lui…

*Musée Gainsbourg, 14 rue de Verneuil 75007, Paris. Il est préférable de réserver à l'avance. 

S’il fallait un jour renommer la rue de Verneuil dans le VIIe arrondissement de Paris, elle serait sans aucun doute rebaptisée rue Serge Gainsbourg. De cette rue, on connaissait justement le 5 bis, là où l’homme à la tête de chou a emménagé en 1969 et où il est mort le 2 mars 1991 ; sa grille noire secrète et sa façade autrefois blanche mais que les fans de Serge se sont mis à...
commentaires (2)

Pfff… sérieux ?

LE FRANCOPHONE

10 h 05, le 21 septembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Pfff… sérieux ?

    LE FRANCOPHONE

    10 h 05, le 21 septembre 2023

  • Serge Gainsbourg n'est ni Jacques Brel, ni George Brassens. Sans le grand Orient, il serait resté pianiste au cabaret, bien que souvent ces musiciens du sex sont des génies. A comparer au lamentable Pop Français, ok il a fait mieux que les minables. Mais le comparer à Miles Davis, et Charlotte de Gainsbourg qui a les complexes freudiens, un musée(?) Gainsbourg. C'est ça Paris. A ceux qui en doutent.

    Raed Habib

    01 h 32, le 21 septembre 2023

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