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Économie - Crise

Les États-Unis redirigent 30 millions de dollars d'aide de l'Égypte vers le Liban

Les fonds font partie d'un versement total de 85 millions de dollars d'aide militaire pour Le Caire, qui ont été retenus pour des raisons liées aux détentions politiques. 

Les États-Unis redirigent 30 millions de dollars d'aide de l'Égypte vers le Liban

Le Capitole, siège du pouvoir législatif américain, à Washington, le 12 janvier 2021. Photo AFP / SAUL LOEB

Les États-Unis envisagent de suspendre le versement de 85 millions de dollars d'aide militaire à l'Égypte en raison de l'incapacité du Caire à satisfaire aux conditions américaines sur la libération de prisonniers politiques, ainsi que sur d'autres questions, selon une note du Congrès obtenue par Reuters et un sénateur américain. 

Sur ces 85 millions de dollars retenus, 55 millions seront redirigés vers Taïwan et les 30 millions restants vers le Liban, selon une lettre du département d'État adressée aux commissions du Congrès concernant le financement militaire à l'étranger. Washington est l'un des plus importants bailleurs de fonds de l'armée libanaise. 

« Pas suffisamment de progrès »
Le sénateur démocrate Chris Murphy a demandé à l'administration Biden de ne pas verser 235 millions de dollars supplémentaires, et deux autres sources au fait du dossier ont déclaré qu'une décision sur ces fonds était attendue prochainement. « L'administration a décidé à juste titre de retenir cette première tranche - 85 millions de dollars liés à la libération de prisonniers politiques - parce qu'il ne fait aucun doute qu'il n'y a pas eu suffisamment de progrès » en matière de droits humains, a déclaré le sénateur Murphy.

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« Je demande instamment à l'administration de terminer le travail et de retenir la totalité des 320 millions de dollars ... jusqu'à ce que le bilan de l'Égypte en matière de droits de l'homme et de démocratie s'améliore », a-t-il ajouté.

L'ambassade d'Égypte à Washington n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

Tortures et disparitions forcées

Les groupes de défense des droits de l'homme accusent depuis longtemps l'Égypte de violations généralisées des droits de l'homme sous le gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi, notamment de tortures et de disparitions forcées. Depuis la fin de 2021, les autorités égyptiennes ont pris certaines mesures qui, selon elles, visent à améliorer la situation des droits, notamment en lançant une stratégie en matière de droits de l'homme et en mettant fin à l'état d'urgence, mais les détracteurs du régime ont qualifié ces mesures de largement superficielles.

Certains détenus célèbres ont été graciés ou libérés, mais les militants affirment que les nouvelles détentions ont été plus nombreuses que les libérations et que des milliers de prisonniers politiques restent en prison, les restrictions à la liberté d'expression étant plus strictes que jamais.

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Depuis des décennies, les États-Unis accordent à l'Égypte une aide d'environ 1,3 milliard de dollars par an pour l'achat de systèmes d'armement et de services américains. Cette aide est en grande partie le résultat du traité de paix israélo-égyptien de 1979. Depuis une dizaine d'années, le Congrès américain a soumis certaines aides à des conditions en matière de droits de l'homme.

En vertu de la loi américaine, 85 millions de dollars sont conditionnés selon que l'Égypte « fasse des progrès clairs et constants dans la libération des prisonniers politiques, qu'elle garantisse aux détenus une procédure légale régulière et qu'elle empêche l'intimidation et le harcèlement des citoyens américains ». Ces conditions ne peuvent être levées par le pouvoir exécutif.

« Revirement important »

Un montant supplémentaire de 235 millions de dollars est conditionné au respect par l'Égypte des exigences en matière de démocratie et de droits de l'homme. Ces conditions peuvent toutefois être levées si le pouvoir exécutif certifie qu'il en va de l'intérêt de la sécurité nationale des États-Unis. Il existe une autre échappatoire pour les 235 millions de dollars, qui peuvent être accordés à l'Égypte même s'ils sont destinés à des « programmes de lutte contre le terrorisme, de sécurité aux frontières et de non-prolifération pour l'Égypte ».

L'année dernière, Washington avait autorisé l'octroi de la totalité des 75 millions de dollars, qui dépendaient alors des progrès réalisés en matière de détentions politiques, et a autorisé l'octroi de 95 millions de dollars supplémentaires à l'Égypte au titre de l'exception relative à la lutte contre le terrorisme, à la sécurité des frontières et à la non-prolifération.

Pour Seth Binder, du groupe de défense des droits « Project on Middle East Democracy », la tranche de 85 millions de dollars retenus « constitue un revirement important par rapport à l'année dernière ». « Mais si l'administration retient moins que les deux dernières années, elle dira en substance à Sissi qu'elle pense que le gouvernement égyptien a amélioré son bilan en matière de droits de l'homme, ce qui n'est pas vrai. »

Cet article est une traduction d'une dépêche de l'agence Reuters, publiée en anglais. 

Les États-Unis envisagent de suspendre le versement de 85 millions de dollars d'aide militaire à l'Égypte en raison de l'incapacité du Caire à satisfaire aux conditions américaines sur la libération de prisonniers politiques, ainsi que sur d'autres questions, selon une note du Congrès obtenue par Reuters et un sénateur américain. Sur ces 85 millions de dollars retenus,...

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