L'Autriche rouvre son ambassade à Bagdad, une première depuis plus de 30 ans

Le ministre autrichien des Affaires étrangères a officiellement rouvert l'ambassade du pays alpin à Bagdad mardi après plus de trente ans d'absence, signe d'un retour à la « stabilité » de l'Irak, pays avec lequel Vienne entend intensifier ses relations économiques.

« Nous sommes de retour et c'est du sérieux ! », a déclaré Alexander Schallenberg, lors de la cérémonie d'ouverture de l'ambassade qui est installée dans le luxueux hôtel Babylon Rotana, dans le centre de la capitale irakienne.

Vienne avait fermé son ambassade en Irak en 1991, au beau milieu de la Guerre du Golfe (1990-1991). Depuis lors, l'ambassade d'Amman, en Jordanie voisine, assumait les fonctions de celle de Bagdad, a indiqué la diplomatie autrichienne à l'AFP, soulignant que les relations diplomatiques entre l'Irak et l'Autriche n'avaient « jamais été rompues ».

Après plus de quatre décennies de conflits sanglants, l'Irak a retrouvé une certaine normalité, mais le pays immensément riche en pétrole est rongé par l'instabilité politique, le clientélisme et la corruption.

Nombre d'Irakiens fustigent également la trop grande influence de l'Iran voisin, dont la présence se manifeste au travers de factions armées et des partis politiques pro-Téhéran qui soutiennent le gouvernement irakien actuel et dominent le Parlement.

L'Irak est un « pays charnière » dans la région, a estimé le chef de la diplomatie autrichienne, lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien Fouad Hussein, dans la matinée. « Il joue un rôle extrêmement important dans la stabilité et la sécurité de toute la région ».

Dix chefs d'entreprises accompagnent M. Schallenberg, des sociétés « prêtes à investir » dans le pays, a-t-il dit, notamment dans les secteurs de l'énergie, de la santé, des télécommunications, mais aussi des infrastructures et des transports, secteurs particulièrement à la peine en Irak, dont les routes sont bien souvent défoncées et le réseau électrique en déliquescence.

Selon la Chambre fédérale d'économie autrichienne (WKÖ), les exportations autrichiennes vers l'Irak se sont élevées à 94,5 millions d'euros en 2022, soit une hausse de 25% sur un an.

Le chef de la diplomatie autrichienne a aussi abordé le dossier de l'immigration illégale avec son homologue irakien, rappelant que deux accords avaient été signés entre Bagdad et Vienne au sujet des migrants et de la réadmission des Irakiens présents illégalement en Autriche.