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Société - Droits de l’enfance au Liban

Le dossier du mariage précoce réactivé : toujours pas de quoi être optimiste

La commission parlementaire des Droits de l’homme a fixé l’âge légal du mariage à 18 ans dans une nouvelle proposition de loi, mais avant d’arriver au Parlement celle-ci doit encore franchir deux obstacles.

Le dossier du mariage précoce réactivé : toujours pas de quoi être optimiste

Jeudi, la commission parlementaire des Droits de l'homme fixait l'âge légal du mariage à 18 ans. Photo tirée de Facebook

La commission parlementaire des Droits de l’homme, présidée par le député berryste Michel Moussa, a adopté jeudi dernier une proposition de loi contre le mariage des mineures. Une première certes, qui n’est cependant pas une gage de réussite, au vu du long chemin que le texte doit encore parcourir avant d’arriver en séance plénière. Deux députés des Forces libanaises, Georges Okaïs et Antoine Habché, ont soumis la proposition de loi à la commission parlementaire, explique Michel Moussa à L’Orient-Le Jour. « Plusieurs réunions et amendements ont été nécessaires pour que leur proposition soit adoptée », précise-t-il. Le texte accepté par la commission « fixe l’âge légal du mariage à 18 ans » révolus pour les femmes et les hommes (toutes religions confondues). Il « interdit de plus le mariage avant l’âge légal, sous peine de sanctions et rejette les exceptions ».

Selon le député Moussa, la proposition a été transmise à la commission de l’Administration et de la Justice pour examen. Elle devra ensuite passer par la commission de la Femme et de l’Enfant, avant d’être discutée en séance plénière. « Le texte pourrait subir des amendements. Son adoption par la commission des Droits de l’homme ne garantit pas qu’il sera adopté par la Chambre », admet M. Moussa. Les deux députés FL n’étaient pas joignables.

Accueil réservé des féministes

Si les féministes saluent ce « premier pas », elles sont conscientes que le chemin qu’il reste à parcourir pour bannir le mariage précoce au Liban est long et semé d’embûches et que le contexte actuel est peu favorable à une avancée pour les droits des femmes et des filles. Sur sa page Facebook, la présidente du Conseil national de la femme libanaise (NCLW), Claudine Aoun, évoque l’événement auquel elle a participé parmi d’autres représentantes féministes. « Vu l’importance du dossier pour consacrer les droits de l’homme et protéger l’enfance des mariages précoces, NCLW compte sur le soutien des députés de la nation afin qu’il accède à la séance plénière », écrit-elle.

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« L’adoption du texte par la commission des Droits de l’homme n’est qu’un premier pas. Le plus important reste à venir, son adoption par la commission de l’Administration et de la Justice », estime de son côté Myriam Sfeir Murad, directrice de l’Institut arabe pour les femmes (AIW) rattaché à l’Université libano-américaine. La chercheuse se dit prudente. Elle tient dans ce cadre à rappeler « le contexte général qui va à l’encontre des libertés individuelles et des droits des femmes ». Elle réitère surtout les récents propos tenus durant le Mois des fiertés par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre l’homosexualité et en faveur du mariage précoce. « Hassan Nasrallah ne s’est-il pas récemment prononcé en faveur du mariage précoce comme moyen de lutter contre l’homosexualité qu’il avait qualifiée de perversion sexuelle ? » demande-t-elle.

La lutte contre le mariage précoce au Liban remonte à des décennies, portée à bout de bras par les associations féministes. Sans résultat. Ou avec des avancées minimes sur le papier au sein de chaque communauté. Car toutes les questions liées au statut personnel sont soumises aux lois des communautés religieuses. Quinze lois communautaires différentes régissent ainsi le mariage, le divorce, l’héritage et la garde des enfants. 

Le niet du tandem chiite

Plusieurs propositions et avant-projets de lois avaient déjà été mis sur la table, parmi lesquels un texte déposé en 2017 par le député FL Élie Keyrouz, un autre auparavant par le député Ghassan Moukheiber (proche du CPL), en 2014, et un avant-projet de loi présenté par le ministre d’État pour les droits de l’homme, Ayman Choucair (PSP), en 2018. Mais ils ont tous été rejetés par le tandem chiite, Amal-Hezbollah, ne dépassant donc même pas le stade des discussions en commission.

Si l’année 2017 représente un tournant majeur sur la question, c’est parce que pour la première fois, 54 organisations féministes se sont solidarisées pour faire de la lutte contre le mariage précoce une cause nationale. Réunies autour du Rassemblement démocratique des femmes libanaises sous la bannière de la Coalition nationale pour la protection des enfants contre le mariage précoce, elles se promettaient d’empêcher le mariage avant 18 ans. Mais elles ont vite revu leurs ambitions à la baisse, pour cause de niet catégorique du tandem chiite. Invitées par la commission parlementaire des Droits de l'homme en 2018 à faire fusionner les trois travaux, elles n’ont réussi au final qu’à proposer que soit fixé à 16 ans l’âge légal du mariage. Depuis, la question fait du surplace. Et les mariages précoces se poursuivent, avec la complicité de certains chefs religieux.

La commission parlementaire des Droits de l’homme, présidée par le député berryste Michel Moussa, a adopté jeudi dernier une proposition de loi contre le mariage des mineures. Une première certes, qui n’est cependant pas une gage de réussite, au vu du long chemin que le texte doit encore parcourir avant d’arriver en séance plénière. Deux députés des Forces libanaises,...

commentaires (4)

Le recent viol d'une fillette de 5 ans n'a pas reveille la conscience de la canaille du pouvoir ? Jusqu'a quand vont-ils continuer a promouvoir la pedophilie legale sous pretexte de religion ?

Michel Trad

20 h 47, le 11 septembre 2023

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Commentaires (4)

  • Le recent viol d'une fillette de 5 ans n'a pas reveille la conscience de la canaille du pouvoir ? Jusqu'a quand vont-ils continuer a promouvoir la pedophilie legale sous pretexte de religion ?

    Michel Trad

    20 h 47, le 11 septembre 2023

  • Sur le ou les mariages au Liban, on pourrait écrire des encyclopédies. À toutes ces associations, je leur souhaite beaucoup de courage. Elles se heurtent, non pas seulement à l’incompréhension, mais à des projets politiques qui n’ont que faire d’un âge légal pour le mariage. Comment faire malgré la loi (l’article 522 où désormais, les auteurs de viols ne peuvent plus échapper à leur peine en épousant leur victime) dans le cas d’un rapport sexuel précoce, par exemple, même avec consentement (et là le consentement est aussi un sujet aussi difficile que polémique), dans no(s) société(s). Marier un enfant de 16 ans, c’est dans quel milieu, pour le priver d’une scolarité et d’un épanouissement pour se consacrer à une stricte vie conjugale. On le voit la loi ne suffit pas sans l’éducation…

    Nabil

    19 h 34, le 11 septembre 2023

  • 21 ans comme l âge de voter … si on est pas prêt pour choisir nos député avan l’âge de 21 comment est-ce que on est prêt pour se marier et commencer une famille?

    Murad Mazen

    18 h 39, le 11 septembre 2023

  • J'aurais fixé la limite à 16 ans comme premier pas avant de passer à 18 plus tard.

    Céleste

    17 h 21, le 11 septembre 2023

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