Lundi, en fin de journée, des eaux usées se sont déversées sur le littoral de Tabarja, dans le Kesrouan, alors que des images montrent la baie se noircir, selon un témoin que L'Orient-Le Jour a contacté.
Samir Yazbek, chef des unités de secours de la Défense civile, a confirmé les faits à notre publication mardi, expliquant que "les pompiers ainsi que la police se sont rendus sur place mardi matin pour constater les dégâts, mais plus rien n'était visible".
Cet incident s'est produit à la suite des fortes pluies qui ont touché l'ensemble du pays lundi en fin d'après-midi. Selon Samir Yazbek, ce rejet des eaux usées a été provoqué par un système d'égouts engorgé de déchets solides et qui a finalement débordé. Ce système est géré par la municipalité de Tabarja.
La scène s'est déroulée sous les yeux de Hala*, une Franco-Libanaise en vacances et qui réside dans le centre balnéaire Saint-Paul avec son fils de sept ans. Elle a filmé la scène depuis sa terrasse.
"Quelle catastrophe écologique ! Ils ont déversé tous les égouts dans la mer !" s'écrie-t-elle, bouleversée, dans une vidéo envoyée à L'Orient-Le Jour, tandis que son fils fond en larmes face à une vague noire qui dévaste la plage. Elle n'a toutefois pas précisé ceux qu'elle vise dans ses accusations, déclarant à L'Orient-Le Jour ne pas connaître l'identité des éventuels responsables.
"En moins de 20 minutes, la mer entière s'est parée d'un noir profond ! Regardez les photos et comparez la taille de la tache à celle des bateaux et vous pourrez constater l'ampleur des dégâts", soupire-t-elle.
"J'ai tenté de joindre un pompier, qui a lui-même sollicité en vain ses supérieurs. J'ai appelé la police au 112 mais on m'a fourni un numéro de téléphone à cinq chiffres (alors que les numéros au Liban sont de six chiffres). "J'ai tenté de joindre le président du conseil municipal de Tabarja par téléphone et par messages. J'ai même envoyé deux e-mails à des ONG spécialisées dans l'environnement, mais je n'ai pas obtenu de réponse".
L'OLJ a contacté l'administration du Saint-Paul qui a refusé de commenter cette affaire. Nabil Naccouzi, président du conseil municipal de Tabarja n'était pour sa part pas disponible.
"Ce n'est pas nouveau"
"Ce n'est pas la première fois qu'un tel incident arrive. Les égouts ont déjà débordé par le passé, à la suite de violentes pluies", explique Samir Yazbek. "Lorsque les secours se sont rendus sur les lieux mardi matin, ils n'ont pas constaté de (trace visible d'eaux usées) dans la mer".
L'OLJ a toutefois reçu mardi matin des images de Hala montrant encore des traces toujours présentes de résidus de pollution.
Mardi, le ministre sortant des Transports, Ali Hamiyé, a partagé sur "X" (ex-Twitter) des images mettant en évidence les canalisations de drainage des eaux pluviales obstruées par des déchets, notamment à proximité de l'aéroport international de Beyrouth (AIB).
الصور أدناها هي لمجاري تصريف مياه الأمطار على أوتوسترادات دولية ومنها أنفاق المطار!!
— Ali Hamie | علي حمية (@alihamie_lb) August 28, 2023
أيعقل أن تتحول إلى مستوعبات لرمي النفايات!!
المواطنون والمعنيون دون استثناء،عليهم جميعا التحلي بالقدر المطلوب من المسؤولية، وكل من موقعه كي لا يقع ما لا يحمد عقباه من بداية موسم الأمطار المرتقب pic.twitter.com/09nB2SuMh1
"Peut-on vraiment imaginer que les canalisations soient transformées en lieux de déversement d'ordures ?" a-t-il écrit. "Il incombe à tous les citoyens et aux parties concernées, sans exception, de faire preuve de responsabilité (...) afin d'éviter les retombées indésirables dès le début imminent de la saison des pluies", a-t-il ajouté.
"Plus de plastique que de poissons"
"Au Liban, plus de 90 % des stations d'épuration d'eau sont hors service. Parmi les 67 stations existantes, 62 sont à l'arrêt", explique à L'OLJ Paul Abi Rached, président de Lebanon Eco Movement (LEM) et de Terre Liban (associations de protection de l'environnement au Liban). "Le véritable danger réside principalement dans l'accumulation de microplastiques en Méditerranée, notamment des mégots de cigarettes, des sacs en plastique et autres déchets. Des études ont démontré que si la situation perdure, dans quelques années, il y aura plus de plastique que de poissons en mer Méditerranée", met-il en garde.
* Le nom a été changé à la demande du témoin.
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