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Nos Lecteurs ont la Parole

La courtisane, les rois, les princes, les valets et moi !...

Les dépêches royales, solennelles et magistrales ont été notifiées, rapidement, brusquement, sûrement. Rien ne va plus dans la cour des dynasties, des sultans et des roitelets. Les émissaires se bousculent, s’agitent et capotent. Ils s’emportent, se survoltent et s’escamotent aussi… Au milieu d’un bal improvisé, en pleine danse et euphorie, on retient les souffles, on arrête la musique, on éteint les lumières, la fête est finie. Rien ne fit : ni cèdre, ni miel, ni autres fantaisies pour amadouer ces coriaces monarchies. Les vents ont soufflé de l’autre côté, un côté où l’accès des valets est interdit.

Les cours pointent du doigt les extravagances, les balourdises et les inepties d’un peuple ruiné, fait de valets, qui va à la danse, un peuple endeuillé qui joue les festivals, un peuple divisé qui se hasarde à jongler avec les spéculations, les théories et les autres vaines conceptions.

Soudainement, leurs majestés ne comprennent plus : ordinairement, les valets sont fidèles. Ils s’assujettissent, obéissent, se soumettent pour du moins rester en vie… Ici, les valets repoussent, refusent, résistent. Ils se divisent et se morcellent, hurlant des séparations, criant des fragmentations, huant des circonscriptions… Ils crient famine pour quêter des assistances, mendier des oboles et solliciter des donations. Ils créent des alternatives, trouvent des conclusions, adoptent des options… les unes, aussi dangereuses que les autres, pour leur survie. Ils crachent dans la soupe, aussi !

Longtemps, les valets ont été nourris d’utopies, de supercheries et de duperies. Simplets et niais qu’ils sont, ils y ont cru… Amplement, ils ont été entretenus par les renforts, les subventions et les allocations fournis, et ils s’y sont pris. Largement, ils ont été promis de soutien, de secours et d’appui. Et ils y ont cru aussi. Mais, aujourd’hui, c’est bien fini.

Les cours ont sonné le glas ! Leurs intérêts tactiques et économiques prévalent sur les folies de capricieux valets, louvoyants, errants et flottants au gré des vents. L’entrée surchauffée de la guidoune sur une scène frétillante, endiablée et ardente fait chavirer les plus avertis, les plus avisés et les plus érudits. Charmées, attirées, alléchées et appâtées, les cours se plient, se courbent pour faire la cour à l’exquise fille venue des contes des Mille et Une Nuits.

Étrangement, leur calendrier coïncide avec un ralentissement palpable de la dynamique d’accommodement régional des rois et princes avec des tout-puissants conciliateurs mais combien impuissants dans les faits. Un affaiblissement des liens, un goût amer de fin de médiations creuses et douteuses qui n’épargnent pas les valets, effarouchés, étouffés et étranglés par leurs propres oppresseurs autoritaires, dictateurs austères.

Rien ne va plus, les cours ont fait leurs jeux : elles seront perdantes dans le ludisme des petits. Par contre, de l’autre côté de la Méditerranée, la charmante dévergondée miroite disposition, allégresse et jouissance, caresse contentement, plaisir et enjouement. C’est plus flatteur, pompeux et flagorneur que les afflictions, les mendicités et les tourments de valets obtus, corrompus, sans grandes ambitions. Les royaumes voient à leurs intérêts, à leurs avantages et bienfaits. Ils ne savent pas trop que faire avec des marionnettes déchirées, déchiquetées, des figurines sans grande nécessité et des idoles amochées et ruinées. De toute manière, ils n’en veulent plus, las de les voir se traîner, hélas, à leurs pieds, mais sans aucune portée.

Alors, rois, princes et sultans quittent la musette, renvoient les valets et s’inclinent en révérence, déférence, en toute pertinence, devant la séduisante guidoune, qui offre le charme des investissements gagnants, l’élégance des placements profitables, les rondeurs des financements conquérants, la grâce des cautions certaines, et plus tard et certainement, l’intimité d’une relation féconde où fleuriront de sérieux protocoles et pousseront des graines de reconnaissance mutuelle et certaine.

Les valets ont beau pu s’inquiéter pour leur survie et leur sécurité mais les dés sont déjà lancés. Tout a été calculé, étudié et coordonné, l’entremetteuse négociatrice Bibi, protectrice et gardienne de la dulcinée, se chargera du reste pour ruiner davantage les miséreux valets anéantis et dévastés. Les prenant par pitié, les partenaires du royaume appelleront, avec leur habituelle timidité, à la retenue face à ces sévères punitions qui pourraient compliquer encore plus les batifolages et autres messes basses. Mais il est déjà assez tard, les monarchies regrettent largement d’avoir risqué leur notoriété, leur sécurité, leur sûreté et leur paix pour d’insignifiants valets !

Désormais, elles sont pressées de coucher des traités avec la charmante poupée, toute gonflée de vivacité, d’ardeur et d’intensité. Elles tisseront nécessairement des familiarités et privautés avec l’agrément des nouvelles amitiés. Tout est programmé, organisé, aménagé, classé pour arracher rapidement des arrangements et des conciliations réciproques et bénéfiques craignant la fin des capacités et autres inusités de l’entremetteuse Bibi.

Il est vrai qu’il serait choquant, grossier et perdant de délaisser des pénétrations dans de nouvelles aires de jouissance et d’allégresse pour entretenir à perpétuité de pauvres, ingrats et imparfaits petits valets. Et lorsque les relations avec la chère dulcinée seront consommées et les traités conçus et bien nés, adieu veau, vache, cochon, couvée pour les petits valets !…

La fête est finie, le gala est vraiment terminé !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes. 

Les dépêches royales, solennelles et magistrales ont été notifiées, rapidement, brusquement, sûrement. Rien ne va plus dans la cour des dynasties, des sultans et des roitelets. Les émissaires se bousculent, s’agitent et capotent. Ils s’emportent, se survoltent et s’escamotent aussi… Au milieu d’un bal improvisé, en pleine danse et euphorie, on retient les souffles, on arrête la...

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