L'alarmante augmentation du nombre d'armes à feu en Turquie inquiète

Le chiffre est parlant : la Turquie se positionne mondialement à la 14e place sur 178 pays en termes de nombre d'habitants armés. Un phénomène qui inquiète les associations antiarmes du pays. Notamment la fondation Umut (espoir), créée par des familles ayant perdu des proches victimes d'armes à feu, qui considère ce fléau comme « le plus gros problème » de la Turquie, selon un rapport paru le 14 août. Ses membres militent pour un meilleur encadrement de la circulation de ces armes, arguant que ce phénomène accentue le risque de mourir sous les balles pour des civils innocents.

Un problème récurrent en Turquie. En 2022, le média al-Monitor relatait l'histoire tragique du jeune Kaan Tas. À seulement 13 mois, alors qu'il était dans un jardin à Gaziantep, le garçon reçoit une balle perdue dans la tête. Il meurt quelques instant plus tard, aux côtés de sa soeur. À l'époque, certains députés s'emparent du problème des armes à feu dans le pays. Erkan Aydin, un parlementaire d'opposition du Parti républicain du peuple (CHP) déclarait à l'époque que les armes à feu tuaient 15 personnes par jour dans le pays, rapportait alors al-Monitor.

Violences en hausse de 70 %

Le récent meurtre de deux personnes après une altercation dans une épicerie à Esenyurt, à Istanbul, fin juillet, dont la vidéo a fait le tour des réseaux, a ranimé le débat sur le port d’armes dans le pays. La fondation Umut exige ainsi que le Parlement turc se penche sur la question de toute urgence : « Une solution doit être trouvée. » D’après les données recueillies par l’organisme, le nombre de violences avec armes à feu a augmenté de plus de 70 % en dix ans. En 2022, 3984 incidents dus à des violences armées ont été rapportés dans les médias, toujours selon l'organisation.

Pour mémoire

Neuf morts et deux blessés dans un conflit foncier

Pourtant, le nombre de permis de port d’armes est en augmentation fulgurante dans le pays. Selon les données de la police turque, citées par un député dans une proposition de loi, les achats de licences auraient augmenté de plus de 100 % entre 2018 et 2021, portant le nombre de personnes autorisées à porter une arme à 16 000.

Mais la plupart des violences ne sont pas commises par des personnes dépositaires de permis. Selon le rapport, sur les 20 millions d’armes à feu estimées en circulation dans le pays, 80 % ne sont pas autorisées. Un article de Radio France internationale (RFI) explique que ce chiffre découle de la facilité à se procurer une arme d’occasion ou de l'acheter sur le marché noir. Le média ajoute qu'une arme coûterait « moins cher qu'un téléphone » puisque les entrées de gamme coûtent 8 000 livres turques, soit 294 dollars.