Le Conseil des ministres approuve l'avant-projet de budget 2023

Le gouvernement sortant de Nagib Mikati a approuvé mercredi l'avant-projet de budget 2023 préparé par le ministère des Finances, dont il avait entamé l’examen le 24 juillet dernier.

Le texte, désormais devenu projet de budget ou de loi de finance, organise les dépenses et les recettes de l’État pour l’année en cours. Il va être mis au propre par le ministère des Finances dans les jours qui suivent avant d’être envoyé au Parlement, où il sera d’abord étudié – et éventuellement modifié – par les commissions parlementaires, avant d’être soumis au vote de l’assemblée plénière. Il entrera en vigueur une fois publié au Journal officiel.

A l’issue de la réunion de mercredi, le ministre sortant de l'Information Ziad Makari a indiqué que le déficit prévu avait été revu à la hausse et atteignait désormais 23,57 % (du total des dépenses publiques), contre 18,79 % dans l’avant-projet, sans cependant préciser les raisons de cette augmentation.

Le ministre a également annoncé que le cabinet sortant devrait commencer à examiner l'avant-projet de budget de l’année prochaine « fin août ». Le processus de vote du budget 2023 aurait dû être achevé au plus tard en janvier dernier. Mais ce calendrier a une fois de plus été allégrement dépassé pas la classe dirigeante en cette fin de quatrième année de crise économique et financière.

Toujours selon Ziad Makari, les ministres ont validé deux points à l'ordre du jour. Le premier consistait en l’examen d’un projet de loi visant à octroyer au gouvernement le droit de « légiférer dans le domaine douanier ». Si la Constitution réserve cette prérogative au Parlement, ce dernier avait voté en 2018 une loi délégant cette compétence au gouvernement pour 5 ans (loi n° 93 du 10 octobre 2018). Le projet de loi auquel le ministre a fait référence semble donc chercher à renouveler cette autorisation. Le deuxième point de l’ordre du jour évoqué vise lui à ouvrir un crédit de 10 000 milliards de livres dans les réserves du budget 2023 avant même son adoption.

Pour mémoire

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Au début du Conseil, Nagib Mikati a affirmé avoir consulté le rapport sur l'audit juricomptable de la Banque du Liban effectué par le cabinet Alvarez & Marsal et dont le contenu a fuité dans la presse la semaine dernière. Cet audit est censé retracer l'origine des transactions enregistrées dans le bilan de l'institution afin de détecter d'éventuelles fraudes. Il a notamment dévoilé plusieurs irrégularités dans la façon dont l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a géré l’institution qu’il dirigeait depuis 1993.

Prenant acte de ces irrégularités, M. Mikati a appelé les ministres sortants des Finances Youssef Khalil et de la Justice Henri Khoury à « proposer les mesures requises et les étapes essentielles à prendre concernant le non-respect des normes comptables » constaté. Il a aussi indiqué avoir « demandé au ministère des Finances d'œuvrer dans l'immédiat pour remédier à ces irrégularités »,

Le premier ministre a par ailleurs estimé que « le Code de la monnaie et du crédit, instauré en 1964, devrait être revu », une revendication également avancée par le cabinet Alvarez & Marsal. « Je suis sur le point de former un comité et de le convier rapidement à une réunion au Grand Sérail pour lui donner des directives avant qu'il n'entame son travail », a-t-il ajouté, notant que la réunion devrait se tenir « dans les deux prochains jours ». Ce comité sera notamment composé de deux anciens ministres de la Justice, Ibrahim Najjar et Chakib Cortbawi ; l’avocat spécialisé dans le droit bancaire et financier, Nasri Diab, le secrétaire général de la Commission spéciale d’investigation, Abdel Hafiz Mansour et Hassan Saleh, cadre dirigeant au sein de la Bank Audi (chief operating officer).

M. Mikati a enfin exprimé l'espoir que le Parlement, qui tiendra une séance législative jeudi, adoptera les projets de réformes préparés par le gouvernement et qui sont requis dans le cadre du plan de redressement du pays et dont le Fonds monétaire international recommande la mise en œuvre.

L'incident de Kahalé

Revenant sur l'incident meurtrier de Kahalé, le chef du gouvernement sortant a salué « les mesures prises par l'armée pour contrôler la situation ». « A ceux qui s'interrogent sur l'absence de l'Etat et du gouvernement au vu de ce qui s'est passé, nous disons : l'Etat est présent à travers ses institutions, son armée et ses forces de sécurité. Il ne se redressera pas sans coopération et soutien collectifs », a-t-il poursuivi.

Des accrochages armés avaient éclaté le 9 août entre des éléments du Hezbollah et des habitants de Kahalé, après le renversement d'un camion du parti chiite transportant des munitions dans cette localité, faisant un mort dans chacun des deux camps.

L'édito d'Anthony SAMRANI

Le tournant de Kahalé

Treize ministres ont assisté à la réunion gouvernementale. Les ministres proches du Courant patriotique libre (CPL) Abdallah Bou Habib, Maurice Slim et Walid Fayad ont, comme à leur habitude, boudé la séance. De nombreux députés reprochent à M. Mikati de s'arroger les prérogatives du président de la République, dans un pays sans chef d'État depuis le départ de Michel Aoun le 31 octobre dernier.

"ليبانون ديبايت": وزير #الزراعة عباس الحاج حسن وصل الى #السراي_الحكومي حاملا سلة مليئة بأكياس القمح الطري حيث شدد على أهمية #زراعة القمح للحفاظ على أمن #لبنان الغذائي pic.twitter.com/QWhBBcG0ld

— Lebanon Debate (@lebanondebate) August 16, 2023

Enfin, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre le ministre sortant de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan, arrivant au Grand Sérail muni de sacs remplis de blé. « Notre sécurité alimentaire restera déstabilisée tant qu'on n'en plante pas », a-t-il dit aux journalistes présents sur place.