Joe Maalouf : de la télévision au Beyrouth by night. Photo DR
Il s’était forgé une solide réputation d’animateur télé et radio, courageux et même casse-cou parfois, s’attaquant aux dossiers les plus délicats. De Enta horr, Hki jelis et Hawa el-horrié à La ekhir nafas, il aura secoué la poussière des dossiers délicats en tentant de dénoncer, expliquer, protéger les causes, et surtout celle des enfants qui lui tenait particulièrement à cœur. D’une extrême à l’autre, le voilà, depuis trois ans, devenu l’une des figures incontournables de la night life libanaise.
Joe Maalouf ne s’en cache pas, c’est un peu par lassitude et beaucoup par déception qu’il a effectué ce virage radical. « J’avais l’impression de tourner en rond et de manquer de nouvelles opportunités. Après 15 ans de ma vie dédiés à cette carrière, j’estime avoir suffisamment donné. » Même s’il ne « regrette rien », il ne manque pas non plus d’exprimer son dépit face à lʼabsence de changement dans le paysage politique, situation qui a fini par le lasser profondément : « Je n’avais plus rien à donner… De plus, nous avons voté pour les mêmes personnes. À un certain moment, on se dit : ʼʼKhalasʼʼ, ça suffit… »
Mais alors, pourquoi se lancer dans le divertissement nocturne et la musique ? « Ces industries respirent la joie de vivre, et, par ailleurs, les résultats obtenus sont extrêmement gratifiants et motivants. On rend les gens heureux et on le devient soi-même. » « Cette décision s’est imposée d’elle-même, reprend-il. Je crois en l’univers, et j’ai une forte et proche relation avec les signes qu’il nous envoie. Pour tout ce que j’entreprends, je suis mon intuition. » L’ex-animateur télé confie avoir banni le petit écran de son quotidien. « On ne peut pas travailler dans une industrie aussi joyeuse tout en étant bombardé de mauvaises nouvelles à longueur de journée. » Malgré toutes les nouvelles responsabilités et difficultés, il continue de sʼengager corps et âme dans cette nouvelle aventure en avouant même qu’il dort à peine. Depuis qu’il a ouvert Harbor, un nouvel espace situé sur le Waterfront, en bord de mer, au centre-ville, il avoue ne plus jamais faire la fête. « Je suis constamment en observation et concentré sur le bon déroulement des soirées. Les résultats sont satisfaisants et les feedbacks encourageants. »
Il y a trois ans, Joe Maalouf s’engageait dans le monde de la musique. Photo DR
Les platines
Cʼest à 16 ans que Joe Maalouf commence à s’initier aux tables de mixage, à exercer des compétences audio, sonores et musicales liées au DJ-ing. Cependant, ce n’est que récemment, il y a trois ans, qu’il s’est véritablement et professionnellement engagé dans le monde de la musique, en parallèle à son travail à la télévision. Séparant clairement ses deux activités, il crée un nouveau compte Instagram, @justjmusik, dédié exclusivement à la promotion de ses projets musicaux.
Porteur dʼune vision pour la scène musicale libanaise, il a senti le besoin de proposer quelque chose dʼinnovant et d’attrayant pour les jeunes. Ainsi est née E-vision, sa propre entreprise, dont il est le CEO et cofondateur, dédiée à la création et à lʼinvestissement dans lʼindustrie florissante de la nightlife. Bien plus quʼun simple business, « cʼest une mission ». « Nous voulons montrer la véritable image de Beyrouth auprès des étrangers, et pas celle du terrorisme que certains utilisent. C’est une bataille, un acte politique. »
Cette compagnie mère investit dans tous les projets et événements de Maalouf, parmi lesquels Harbor, le nightclub situé au Waterfront. « C’était un projet de dernière minute, comme d’ailleurs la plupart de mes autres projets. Nous avons été confrontés à de nombreux obstacles, en particulier liés à la construction, car le terrain sur lequel il se situe appartenait à lʼarmée », confie-t-il. Ainsi, le 16 juin 2023, en seulement un mois et demi, cet espace sʼest transformé en un véritable club à ciel ouvert, invitant les noctambules à vivre des soirées sous les étoiles. Après un premier mois de juin timide, Harbor a pris son envol. La clé de ce succès, c’est surtout le choix des meilleurs DJs internationaux qui y sont régulièrement invités, parmi lesquels Ahmad Spins, &Friends, NTO, Deborah de Luca, le duo KAS:ST ou encore Francis Mercier. « Ces DJs adorent le Liban. » &Friends a même confié à l’entrepreneur que Beyrouth figurait dans son top 3 des plus belles destinations. L’agenda de Joe Maalouf affiche de nombreux événements. E-vision vient d’en organiser un exceptionnel de trois jours, les 12, 13 et 14 août, à Mzaar Kfardebian, durant lequel l’animateur a pris le contrôle des platines en tant que DJ le troisième jour. L’événement était marqué par lʼarrivée très attendue, pour la première fois au Liban, des célèbres DJs ANOTR, qui ont enflammé la nuit. « Parmi tous les artistes que j’ai réussi à faire venir, ANOTR ont été particulièrement difficiles à réserver cet été, au point quʼil a fallu leur assurer un jet privé », indique-t-il. Parmi les projets en vue, l’ouverture, en décembre 2023, d’un nouveau Harbor version hiver ainsi qu’une possible expansion à l’internationale. Après avoir envisagé un retour sur les écrans de télévision en octobre, Joe Maalouf a vite réalisé qu’il n’en aurait pas le temps…
Enfin, en tant que CEO de Qarama, dédiée à la lutte pour les droits de la jeunesse et surtout des enfants, Maalouf projette d’inviter un DJ de renommée mondiale au Liban et de reverser tous les bénéfices de cet événement à son ONG. Pour lui, cette démarche reflète une volonté profonde de concilier sa passion pour son nouveau métier avec sa mission personnelle de faire une différence positive dans la société.
Bravo et bon courage pour sa nouvelle entreprise. Il a bien fait.
03 h 34, le 17 août 2023