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Moyen-Orient - FOCUS

Malgré sa réputation bien assise, un « influenceur » arrêté en Arabie saoudite

Mohammad Alhajji, expert populaire en santé publique sur les réseaux sociaux, a été arrêté à Riyad par les autorités saoudiennes.

Malgré sa réputation bien assise, un « influenceur »  arrêté en Arabie saoudite

Mohammad Alhajji et son podcast de vulgarisation scientifique Adam. Capture d'écran de la chaîne YouTube Thmanyah

« Alhajji devait prendre la parole lors d’un événement à Riyad dimanche, mais des observateurs ont noté qu’un tweet décrivant l’événement avait été supprimé ces derniers jours », notait The Guardian ce lundi. Depuis le 31 juillet, silence radio sur le compte X (anciennement Twitter) de Mohammad Alhajji, pourtant actif sur ce réseau comme sur d’autres plateformes. Son arrestation vient d’être confirmée par l’organisation de défense des droits de l’homme ALQST. Et la décision des autorités saoudiennes surprend. Car Mohammad Alhajji est directeur des sciences comportementales au ministère de la Santé depuis 2020, en plus d’enseigner au collège de médecine de l’Université al-Faisal à Riyad. Le quotidien saoudien Arab News lui avait même consacré un portrait le 26 juin dernier. « On n’en sait pas vraiment plus sur les raisons (de son arrestation) à ce stade, si ce n’est que c’est arbitraire », avance Joshua Cooper, directeur adjoint d’ALQST.

Un expert populaire sur les réseaux

Devenu figure populaire de vulgarisation scientifique sur les réseaux sociaux, Mohammad Alhajji est largement considéré apolitique, si ce n’est progouvernement. Car le doctorant n’est pas si éloigné de l’establishment saoudien. En 2020, il avait servi plus d’un an en tant que conseiller scientifique à la Fondation MiSK, organisme philanthropique fondé par l’actuel prince héritier et Premier ministre du royaume Mohammad ben Salmane et chargé du développement des savoirs au sein de la jeunesse du royaume. Décrit comme faisant partie de l’élite saoudienne, Mohammad Alhajji avait également porté les couleurs de l’Arabie saoudite en 2019 lors d’une conférence de l’ONU intitulée « Responsible Leaders Summit ».

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Ayant décroché en 2020 un doctorat en sciences sociales et comportementales de l’Université Temple de Philadelphie, l’homme est bardé de prix le récompensant pour son travail d’excellence. Mohammad Alhajji a obtenu un prix de l’American Public Health Association Genomics Forum et de la Society of Behavioral Medicine pour ses recherches sur la propagation de la drépanocytose, une maladie génétique courante en Arabie saoudite. Fort de ses 385 000 abonnés sur X et de son compte Snapchat, touchant surtout la jeunesse, le doctorant s’était amusé de sa célébrité de retour dans le royaume : « Ils m’appellent Dr Mohammad », avait-il déclaré à un média de son ancienne université.

Créateur du podcast viral « Adam » qui aborde des sujets liés à la psychologie et aux comportements sociaux, tels que les relations et la gestion des sentiments d’exclusion et de négligence, le doctorant semblait vouloir utiliser ses plates-formes comme un espace de discussion et de sensibilisation aux problèmes de santé publique avec son audience saoudienne. Une intervention ou un interlocuteur auraient-ils gêné le pouvoir ? Son dernier podcast, dans lequel il lie le rire à des conditions de vie précaires, n’était-il pas du goût de la monarchie ? Son message effacé sur Twitter aurait-il contrarié les autorités ? La raison de son arrestation reste pour l’heure inconnue.

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Le danger de la notoriété

Il semblerait néanmoins que les influenceurs soient dans le viseur des autorités saoudiennes qui tentent de redorer leur blason pour attirer les investissements étrangers dans le cadre de leur plan Vision 2030, censé préparer l’économie saoudienne à l’ère postpétrole. Selon Josh Cooper, « l’arrestation d’Alhajji intervient au milieu d’une répression de plus en plus intense contre l’expression pacifique en ligne en Arabie saoudite et signale une fois de plus que personne n’est en sécurité. Même ceux qui prennent soin de ne pas éveiller la colère des autorités peuvent se retrouver en danger ».

L’arrestation de Mohammad Alhajji est en effet juste la dernière d’une série d’arrestations médiatisées, à l’instar de celle de Manahel al-Otaïbi en novembre 2022, instructrice de fitness et artiste de 29 ans qui promouvait l’émancipation des femmes sur les réseaux sociaux. D’autres cas d’arrestations ont récemment fait suite à des messages critiquant les autorités ou leur politique. Avant elle, pour avoir suivi et retweeté des militants du droit des femmes à conduire et appelé à la libération d’activistes comme Loujain al-Hathloul, Salma al-Shehab, doctorante de Leeds et mère de deux enfants, avait été condamnée à 34 ans de prison.

« Alhajji devait prendre la parole lors d’un événement à Riyad dimanche, mais des observateurs ont noté qu’un tweet décrivant l’événement avait été supprimé ces derniers jours », notait The Guardian ce lundi. Depuis le 31 juillet, silence radio sur le compte X (anciennement Twitter) de Mohammad Alhajji, pourtant actif sur ce réseau comme sur d’autres plateformes. ...

commentaires (2)

Merci pour cet article mais vous ne donnez pas les raisons de son arrestation ? Vous dites que le régime serre les vis des influenceurs pacifistes et apolitiques en prévision de 2030? C’est totalement contradictoire !!! En espérant plus d’information par la suite. Bonne journée.

LE FRANCOPHONE

10 h 44, le 16 août 2023

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Commentaires (2)

  • Merci pour cet article mais vous ne donnez pas les raisons de son arrestation ? Vous dites que le régime serre les vis des influenceurs pacifistes et apolitiques en prévision de 2030? C’est totalement contradictoire !!! En espérant plus d’information par la suite. Bonne journée.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 44, le 16 août 2023

  • TOZ.

    Marie Claude

    10 h 27, le 15 août 2023

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