Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Arabie saoudite

La militante Loujain al-Hathloul relâchée de prison

Après près de trois ans de détention, l’activiste pour les droits des femmes a été libérée sous caution par les autorités du royaume, ont annoncé hier des membres de sa famille.

La militante Loujain al-Hathloul relâchée de prison

Loujain al-Hathloul, arrêtée en mai 2018 par les autorités saoudiennes, a été libérée sous caution hier par Riyad. Photo d’archives AFP

La militante pour les droits des femmes Loujain al-Hathloul a été relâchée de prison hier, après avoir dépassé lundi le cap symbolique des 1 000 jours derrière les barreaux saoudiens. L’annonce est venue de sa sœur, Lina al-Hathloul, qui s’est empressée de partager la nouvelle en fin d’après-midi sur Twitter. « Loujain est à la maison ! » a-t-elle déclaré en publiant une capture d’écran des deux femmes lors d’un appel vidéo. La libération de Loujain al-Hathloul était attendue alors que sa sœur, Alia al-Hathloul, avait fait savoir en début de semaine que l’activiste de 31 ans devrait probablement sortir de prison jeudi d’après l’ordonnance du juge. « Aujourd’hui, alors que je préparais mon travail pour la semaine et regardais mon emploi du temps, j’étais tellement excitée que j’ai décidé d’annuler toutes les réunions prévues jeudi 11 février et de prendre un jour de congé », avait twitté lundi Alia al-Hathloul. La militante a été libérée sous caution et est interdite de voyager, tandis que sa condamnation en décembre fait toujours l’objet d’un recours en appel.

Lire aussi

Riyad face au défi Biden

Loujain al-Hathloul a été arrêtée en mai 2018 et condamnée en décembre 2020 à 5 ans et 8 mois de prison pour avoir « tenté de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du royaume (…) et de saper l’unité nationale », en ayant utilisé internet pour nuire à l’ordre public et coopérer avec des individus et institutions impliqués dans des crimes en vertu des lois antiterroristes, selon le site d’information saoudien Sabq. Les autorités ont cependant assorti sa peine d’un sursis de 2 ans et 10 mois, c’est pourquoi la militante a été relâchée hier. Ce sursis était considéré comme un clin d’œil adressé au nouveau président des États-Unis, Joe Biden. « Mohammad ben Salmane essaie de se créer une bonne image, surtout compte tenu de la pression que l’administration Biden a exercée récemment sur les Saoudiens », observe à L’Orient-Le Jour Michael Stephens, expert du Moyen-Orient au Royal United Services Institute (RUSI). Depuis sa campagne présidentielle, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a fait part de son intention de s’inscrire en rupture avec le blanc-seing accordé par Donald Trump à son allié saoudien. Joe Biden a dénoncé à plusieurs reprises les violations des droits l’homme commises par Riyad, sous le feu des critiques suite au meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul en 2018. Il y a une semaine, le nouveau président américain annonçait mettre un terme au soutien et aux ventes d’armes des États-Unis à la coalition militaire menée depuis 2015 par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis, soutenus par l’Iran. « Le cas de Loujain est devenu symbolique, notamment dans les capitales occidentales. À Washington, c’est l’une des questions récurrentes soulevées par le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits humains », note Dania Thafer, directrice exécutive de l’institut Gulf International Forum (GIF), basé à Washington. « Du point de vue de l’Arabie saoudite et de ses relations extérieures, les bénéfices de la libération de Loujain surpassent les coûts. Il serait difficile pour l’administration Biden de s’impliquer confortablement avec Riyad avec des cas aussi importants qui ne sont toujours pas résolus », ajoute la spécialiste.

Lire aussi

En Arabie saoudite, des procès d’opposants tous azimuts avant l’ère Biden


Depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, Riyad semble déjà avoir changé de ton. Dimanche soir, les autorités saoudiennes ont indiqué que les peines de mort prononcées contre trois Saoudiens de la minorité chiite ont été commuées à 10 ans de prison. Plus tôt dans le mois, deux Saoudiens ayant la nationalité américaine et arrêtés en 2019 parmi d’autres intellectuels et écrivains ont été temporairement relâchés dans l’attente de leur procès, selon des organisations de défense des droits humains.

Allégations de torture

Loujain al-Hathloul avait été incarcérée une première fois en 2014 pour avoir tenté de traverser la frontière entre les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite au volant d’une voiture. À l’époque, le décret octroyant le droit de conduire pour les femmes n’avait pas encore été promulgué. MBS, qui a tenté de se positionner comme le modernisateur du royaume, a instauré cette mesure en juin 2018 sous couvert de répression des voix dissidentes au régime à l’image des militantes pour les droits des femmes. L’arrestation de Loujain al-Hathloul, un mois plus tôt, avait fait les gros titres dans la presse internationale alors que de nombreuses ONG accusent les autorités saoudiennes d’avoir torturé l’activiste. Selon sa famille, Loujain al-Hathloul avait refusé de signer un deal, proposé par Riyad en août 2019, selon lequel elle serait libérée en échange d’une déclaration filmée où elle assurerait ne pas avoir été torturée et harcelée sexuellement en prison. Mardi, Alia al-Hathloul a déclaré sur Twitter que ses parents avaient été convoqués soudainement par la cour d’appel pour statuer sur les allégations de torture, qui continuent d’être niées par le tribunal pénal de Riyad. La militante a effectué deux grèves de la faim au cours de sa détention pour protester contre le traitement infligé par les autorités.

Lire aussi

En Arabie saoudite, un médecin saoudo-américain condamné malgré les pressions de Washington

« Il y a encore du travail à faire avant que nous puissions envisager des progrès en termes de droits de l’homme. L’Arabie saoudite n’a pas enquêté de manière crédible sur les allégations de torture et n’a pas rejeté les accusations portées contre Loujain al-Hathloul », note Kristin Diwan, chercheuse à l’Arab Gulf States Institute à Washington. « Il est important de rechercher des changements plus fondamentaux », poursuit cette dernière. Selon Amnesty International, une cinquantaine de prisonniers d’opinion croulent encore sous les geôles saoudiennes.

La militante pour les droits des femmes Loujain al-Hathloul a été relâchée de prison hier, après avoir dépassé lundi le cap symbolique des 1 000 jours derrière les barreaux saoudiens. L’annonce est venue de sa sœur, Lina al-Hathloul, qui s’est empressée de partager la nouvelle en fin d’après-midi sur Twitter. « Loujain est à la maison ! » a-t-elle déclaré en...
commentaires (3)

Entre l'Arabie Seoudite et l'Iran .....????

Eleni Caridopoulou

18 h 12, le 11 février 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Entre l'Arabie Seoudite et l'Iran .....????

    Eleni Caridopoulou

    18 h 12, le 11 février 2021

  • Un autre visage de l’arabie saoudite ...

    nabil zorkot

    09 h 09, le 11 février 2021

  • Elle est mignonne la petite

    Robert Moumdjian

    05 h 07, le 11 février 2021

Retour en haut