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Économie - Audit

La BDL épinglée dans les rapports de KPMG et d’Oliver Wyman

Les deux cabinets concluent que la Banque du Liban n’a pas eu recours à des méthodes de comptabilité homogènes et n’a pas respecté les normes internationales.

Le cabinet Oliver Wyman estime que la recapitalisation de la BDL est « nécessaire ». Photo F.G.

Lundi, comme prévu à l’ordre du jour de la réunion du gouvernement démissionnaire, les ministres sortants ont reçu trois rapports d’audit des comptes de la Banque du Liban : deux réalisés par le cabinet KPMG pour le volet comptable et le troisième par Oliver Wyman pour vérifier si les pratiques comptables de la BDL sont alignées sur celles utilisées par les banques centrales. Deux audits qui, en plus de celui juricomptable réalisé par le cabinet Alvarez & Marsal, font partie des demandes faites par une partie de la communauté internationale afin d’attribuer une aide au Liban.

Si l'audit de la BDL est une condition préalable au déblocage d'un programme d'aide de 3 milliards de dollars par le Fonds monétaire international, cette institution n'a pas expressément exigé la réalisation de son volet juricomptable, qui retrace l’historique des transactions pour détecter d’éventuelles fraudes, de manière à ce que celles-ci puissent être admises par les juges dans le cadre d’une éventuelle procédure judiciaire.

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Cet audit est en revanche réclamé de longue date par une bonne partie de la classe politique libanaise, notamment l'ex-président de la République Michel Aoun dans sa dénonciation de la gestion de Riad Salamé, ancien gouverneur de la BDL, à qui lui a succédé son premier vice-gouverneur Wassim Mansouri le 1er août. Si le ministère des Finances a remis les audits de KPMG et d’Oliver Wyman aux ministres sortants et à certains députés, il ne leur a toujours pas présenté cependant les résultats du rapport initial d’Alvarez & Marsal.

Recapitalisation « nécessaire »

Les deux audits – ceux de KPMG et d’Oliver Wyman –, que L’Orient-Le Jour a pu consulter et qui ont été présentés au ministère des Finances en 2021, notent plusieurs anomalies.

Celui de KPMG, concernant le bilan de la BDL de 2018, relève ainsi le manque d’homogénéité des normes comptables qu’adopte la banque centrale pour recenser ses actifs. Selon l’auditeur, la BDL alterne entre l’adoption de la valeur nominale et la valeur réelle de certains avoirs, comme par exemple celle de certains investissements et des titres de dettes qu’elle détient (eurobonds ou bons du Trésor), au lieu d’unifier ces méthodes. Par conséquent, les valeurs affichées dans son bilan ne prennent pas en compte les éventuelles pertes ou décotes que pourraient subir ces actifs, gonflant les résultats de la BDL.

En ce qui concerne l’audit d’Oliver Wyman, auquel la communauté internationale accorde un intérêt particulier compte tenu du fait qu’il définit la marge de libertés comptables que la BDL aurait pu prendre pour minimiser l’ampleur des pertes sur son bilan, le rapport note que la banque centrale n’a pas respecté les normes internationales de comptabilité. Si le cabinet admet que les « banques centrales ne sont pas obligées de suivre les mêmes normes que les entreprises commerciales », il souligne aussi qu’il faut qu’il y ait un « ensemble de principes » qui guident la réalisation du bilan d’une banque centrale, bien que celle-ci « jouisse d'une grande indépendance et d'une grande autonomie ».

Dans son rapport, qui date donc d’il y a deux ans, Oliver Wyman indiquait ne voir « aucune raison politique pour laquelle la BDL devrait s'écarter des normes internationales en matière de comptabilité des banques centrales (bien que celles-ci ne soient pas unifiées, NDLR) ». À l'avenir, la BDL devrait se baser sur les meilleures pratiques internationales afin de mettre à jour ses normes comptables, précise le cabinet. « Cela permettra d'assurer la cohérence des mesures appliquées dans l’objectif d’atteindre une stabilité du bilan de la banque centrale à long terme et une représentation plus précise de la situation financière dans laquelle elle se trouve », poursuit-il. Compte tenu des normes « inhabituelles utilisées jusqu'à présent » et « quelle que soit leur justification », il est probable qu’il y ait des soupçons à l’avenir quant à l'adoption de telles mesures par la BDL, conclut le cabinet Oliver Wyman, pour qui la recapitalisation de la BDL est « nécessaire ».

Lundi, comme prévu à l’ordre du jour de la réunion du gouvernement démissionnaire, les ministres sortants ont reçu trois rapports d’audit des comptes de la Banque du Liban : deux réalisés par le cabinet KPMG pour le volet comptable et le troisième par Oliver Wyman pour vérifier si les pratiques comptables de la BDL sont alignées sur celles utilisées par les banques centrales. Deux...

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Euh Deloitte? E&Y? Personne ne va les contacter?

M.E

19 h 10, le 09 août 2023

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Commentaires (1)

  • Euh Deloitte? E&Y? Personne ne va les contacter?

    M.E

    19 h 10, le 09 août 2023

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