Le championnat du monde d’escrime 2023 se tient à Milan (Italie) depuis samedi dernier jusqu’à ce dimanche 30 juillet. Andreas Solaro/AFP
La Fédération irakienne d’escrime a annoncé le lundi 24 juillet qu’elle retirait son joueur, Ali Salman, du championnat du monde d’escrime 2023, qui se tient à Milan depuis samedi dernier, après que le tirage au sort pour l’étape des qualifications l’a placé dans un groupe incluant un adversaire israélien, Raz Goren. La fédération a justifié cette décision en évoquant « la loi (irakienne) qui criminalise la normalisation avec l’entité sioniste », précisant cependant que les autres joueurs irakiens pourront poursuivre la compétition, s’ils ne sont pas amenés à combattre avec des escrimeurs israéliens.
Ce n’est pas la première fois que la fédération irakienne agit de la sorte dans le cadre de cette Coupe du monde d’escrime, qui se tient du 10 novembre 2022 au 30 juillet 2023 dans plusieurs villes à travers le monde et suivant différents types d’épreuve (fleuret, sabre, épée). En mai dernier, au cours d’un de ces championnats à Istanbul, le même scénario s’était déroulé pour les escrimeurs irakiens.
En mai 2022, le Parlement irakien avait de fait approuvé à l’unanimité une loi criminalisant toute forme de « normalisation » et « d’établissement de relations » avec Israël. Ainsi, selon le texte, toute communication avec « l’entité sioniste » est interdite ainsi que la promotion, publique ou non, de toute idée, tout principe ou comportement « sioniste ou maçonnique », y compris à travers les conférences, les rassemblements et les publications via les réseaux sociaux.
Cette législation, proposée à l’origine par le clerc chiite Moqtada Sadr, dont la liste était arrivée largement en tête du scrutin législatif d’octobre 2021, étend en réalité le code pénal irakien de 1969 selon lequel tout citoyen qui établit des liens avec Israël est passible de poursuites judiciaires, voire, dans certains cas, de la peine de mort.
Prévue jusqu’au dimanche 30 juillet, cette compétition accueille plus de 1 000 participants venant de plus de 150 pays, et fait partie des qualifications pour les Jeux olympiques de Paris en 2024.
Une Ukrainienne affronte une Russe... avant d’être disqualifiée
Ce championnat du monde, organisé par la Fédération internationale d’escrime (FIE), n’en est plus à son premier esclandre.
Jeudi, la sabreuse Olga Kharlan, devenue la première Ukrainienne à affronter une Russe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février 2022, a été disqualifiée pour avoir refusé de serrer la main de son adversaire après l’avoir battue. Olga Kharlan avait accepté cet affrontement sportif contre Anna Smirnova avec l’accord des autorités de Kiev, ce qui semble démontrer que celles-ci s’éloignent d’un boycott des Jeux olympiques de Paris en 2024 en cas de participation des Russes ou des Biélorusses sous bannière neutre.
Après avoir surclassé Smirnova, Kharlan, quatre fois médaillée aux JO, s’est en effet contentée d’un salut protocolaire à l’arbitre, évitant d’en faire un à son adversaire. Et plutôt que de lui serrer la main, elle a présenté son sabre pour que s’entrechoquent les lames, geste qui avait cours dans les salles d’armes au plus fort de la pandémie de Covid-19. Devant ce refus d’une poignée de main, Anna Smirnova a protesté et refusé de quitter la piste près d’une heure durant après la fin du match. Le refus de saluer étant passible d’une disqualification dans les règlements de la FIE, elle a obtenu gain de cause.
Mais la disqualification de l’Ukrainienne, jugée dans la foulée « absolument scandaleuse » par Mikhaïlo Podoliak, proche conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, montre que rien ne sera facilement réglé dans ce dossier. Podoliak a également défendu le geste de l’escrimeuse ukrainienne en publiant sur son compte Twitter une photo d’Anna Smirnova aux côtés d’un jeune homme en treillis militaire, commentant : « Comme vous pouvez le voir, elle (Smirnova) admire ouvertement l’armée russe, qui tue les Ukrainiens et détruit nos villes. »
Néanmoins, l’arbitre ayant déjà accordé la victoire à Kharlan, la Russe n’a pas été repêchée.
Source : AFP