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Société - Liban

Garde d'enfant : la bataille judiciaire se poursuit entre une journaliste koweïtienne et son mari libanais

La police affirme que Ali Farhat a obtenu la garde de sa fille le 8 mars, sur décision d'un tribunal jaafarite ; Nadia Ahmad indique que des poursuites sont engagées contre son mari pour faux et usage de faux.

Garde d'enfant : la bataille judiciaire se poursuit entre une journaliste koweïtienne et son mari libanais

La façade du palais de Justice de Beyrouth. Photo Ani

Les versions contradictoires s'accumulent au sujet de la garde de Roma, fille de la productrice et journaliste koweïtienne Nadia Ahmad et de l'entrepreneur libanais Ali Farhat, qui se battent pour obtenir la garde de cet enfant de deux ans.

Dans un communiqué publié lundi en fin de journée, les Forces de sécurité intérieure (FSI) affirment que Ali Farhat a "obtenu la garde de l'enfant le 8 mars 2023" sur décision de justice, soit bien avant Mme Ahmad, qui se base sur une décision datée du 6 juillet et émise par un autre tribunal.

Contacté mardi par L'Orient-Le Jour, M. Farhat précise que cette décision en sa faveur a été rendue par le cheikh Moussa Samouri, juge au tribunal chérié jaafarite de Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth. Le père de Roma a envoyé à L'OLJ une copie de cette décision, qui le nomme tuteur légal de sa fille.

Nadia Ahmad nous affirme, pour sa part, que des poursuites sont engagées contre son mari pour "faux et usage de faux" et "tentative de fraude à la justice".

Pour mémoire

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Les tribunaux musulmans, y compris jaafarites, font partie du système judiciaire libanais. En vertu de la loi, ils ont compétence sur le mariage, le divorce, la dot, la pension alimentaire, la garde des enfants et la succession. Au sein de la communauté chiite au Liban, les mères ont généralement la garde de leurs filles jusqu'à l'âge de sept ans, après quoi la garde revient au père.

Deux tribunaux, deux versions

Publié lundi soir, le communiqué des FSI dénonce "les informations relayées sur les réseaux sociaux, qui insinuent que le poste de police de Batroun a joué un rôle dans l'évacuation de l'enfant", et dément ces allégations. Nadia Ahmad avait posté une vidéo sur ses réseaux sociaux qui aurait été prise au poste de Batroun, où on peut l'entendre réclamer à un officier de voir sa fille, qui se trouve à l'intérieur.

Les FSI indiquent que Ali Farhat "a obtenu la garde de l'enfant le 8 mars 2023, suite à une décision" de justice. Bien plus tard, le 10 juillet, Nadia Ahmad "a informé son mari qu'elle avait obtenu la garde de l'enfant, sur décision d'un autre tribunal jaafarite", poursuit le texte. Toujours selon la police, le père a récupéré la jeune Roma et la mère, le 11 juillet, a déposé une plainte contre lui pour kidnapping. Elle a présenté une autre plainte à Batroun le 21 juillet, et la déclaration du père a été entendue le même jour, ajoute la police.

"Ni cris ni pleurs"

M. Farhat est ensuite revenu avec sa fille le lendemain, poursuit la police. Roma "était avec son père et est partie du centre en sa compagnie, sans contrainte ni cris ni pleurs", affirment les FSI. Les policiers du poste de Batroun ont permis à Nadia Ahmad de voir son enfant pendant une heure, mais "la mère a quitté le poste sans le faire". La police appelle enfin à "régler ce problème devant les tribunaux".

Au téléphone, Ali Farhat ne décolère pas. "Ça m'affecte beaucoup, parce qu'elle a réussi à envoyer toute sa propagande sur le sujet", s'indigne-t-il en évoquant sa femme. Une fois lancé, l'homme ne s'arrête plus, enchaîne les anecdotes. "Je l'appelle sur WhatsApp, elle me bloque ! Elle va boire, se droguer, et elle veut récupérer l'enfant ?", poursuit-il. Répondant enfin à une question sur la décision favorable à sa femme, il lance : "La décision rendue à Nadia le 6 juillet n'est pas finale, et elle n'est même pas exécutoire".

M. Farhat a également envoyé à L'OLJ une copie de la décision du tribunal jaafarite de Chiyah, datée du 28 février dernier. Ce document le nomme tuteur légal de Roma "avec le plein droit de sa protection selon ce qui convient à l'intérêt de l'enfant", et rappelle que M. Farhat "a déposé une demande de mise sous tutelle de Nadia Ahmad pour démence, dépendance à l'alcool et aux psychotropes". La décision du tribunal chérié est "immédiatement exécutoire à partir du 8 mars 2023 et jusqu'à nouvel ordre", conclut le texte. "Jusqu'à nouvel ordre", voilà l'objet du litige...

Faux et usage de faux ?

Le père de Roma a envoyé à L'OLJ un autre document émis par l'avocat général près la cour d'appel du Mont-Liban, Raëd Abou Chakra, qui demande l'emprisonnement de Nadia Ahmad pour six mois. Un document daté d'avril 2023.

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Confrontée à ces éléments, Nadia Ahmad répond du tac au tac : "C'est la décision du 6 juillet qui prévaut, car c'est la plus récente. J'ai tout à fait le droit de m'en prévaloir et d'aller demander aux autorités de l'appliquer". Et elle poursuit : "L'avocate générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Nazek Khatib, a engagé des poursuites contre Ali Farhat pour faux et usage de faux et tentative de fraude à la justice". L'OLJ a pu consulter la décision en question datée du 17 juillet.

Le face-à-face judiciaire continue à coups de poursuites, d'ordonnances et d'avis judiciaires. Et la petite Roma, deux ans, risque d'être encore baladée d'un parent à l'autre.

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