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Moyen-Orient - Education

En Tunisie, les autorités finissent par entendre le syndicat des enseignants

Au terme d’un bras de fer qui s’est affirmé ces dernières semaines, le syndicat tunisien des enseignants a obtenu des concessions du ministère de l’Éducation.

En Tunisie, les autorités finissent par entendre le syndicat des enseignants

Enseignants grévistes tunisiens à Tunis. Archives AFP

De l’huile sur le feu. Lundi, la démission de plus de 70 % des directeurs d’école a fait craindre un effondrement du système éducatif tunisien. En cause, selon la Fédération générale de l’enseignement de base, « la décision injuste du ministre de l’Éducation d’affamer les enseignants et les directeurs d’école ».

Jeudi dernier, le ministère de l'Éducation annonçait le limogeage de 350 directeurs d’école – parmi eux, de nombreux cadres syndicaux – ainsi que le gel des salaires de 17 000 enseignants protestataires durant le mois de juillet. Le secrétaire général de la Fédération syndicale Nabil Haouachi a dénoncé les procédés du gouvernement : « À travers ce genre de décision, les autorités cherchent à porter atteinte au droit syndical en s’attaquant à tout mécanisme ou moyen que le secteur utiliserait pour défendre ses droits, visant à mettre fin ainsi à tout esprit revendicatif. »

La précarité au cœur de la fonction publique

L’épisode s’inscrit dans la contestation des enseignants du public qui secoue la Tunisie depuis la rentrée 2022. En jeu, l’application d’un accord de 2018 conclu sous le précédent gouvernement qui prévoyait la titularisation des contractuels au bout de plusieurs années. Une prévision qui n’a pas été tenue pour la promotion 2023, affectée par la précarisation des acteurs de l’école publique. Près de 80 % des professeurs suppléants employés dans le secteur public ont été recrutés entre 2019 et 2022. Nombre de professeurs tunisiens sont en outre officiellement remplaçants depuis parfois dix ans.

Les autorités tunisiennes ont fait le choix de repousser au plus tard possible la titularisation de ces contractuels, rémunérés en deçà du salaire touché par les enseignants attitrés, la masse salariale de la fonction publique représentant déjà 15 % du PIB du pays.

À la recherche de 25 milliards de dinars, soit 8 milliards de dollars, la Tunisie de Kaïs Saïed croule sous les dépenses publiques et refuse toujours le plan du FMI. Un stigmate de plus de la mauvaise gestion des finances publiques au lendemain de la révolution de 2011, qui plonge aujourd’hui le pays dans une grave crise économique, aggravée par une mauvaise gestion du Covid-19 et l’inflation depuis la guerre en Ukraine.

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L’enlisement d’une crise politisée

Cela fait maintenant près d’un an que le gouvernement de Najla Bouden, Première ministre nommée par le président Kaïs Saïed, multiplie les coups de force pour mettre un terme aux mouvements de grève dans l’éducation. Un conflit qui n’a cessé de s’envenimer à mesure que le gouvernement opposait aux revendications une fin de non-recevoir. Voire même des ultimatums, comme en novembre dernier. Des promesses de renégociation sur le recrutement avaient été avancées pour dissuader les enseignants de poursuivre la grève, mais la mobilisation n’avait pas démenti le sentiment général de ras-le-bol dans la fonction. Le tout entraînant l’école publique tunisienne dans une spirale infernale. Selon le ministère de l’Éducation, plus de 100 000 élèves auraient abandonné le système scolaire l’année dernière.

Le gouvernement semble aujourd’hui vouloir sortir de la crise une fois pour toutes. Hier, le ministère de l’Éducation publiait les mesures prises en faveur des enseignants, cédant à de nombreuses revendications de la Fédération générale de l’enseignement de base comme des primes accordées dès 2024 ou encore une augmentation des salaires des contractuels de 750 à 1 500 dinars, soit de 240 à 480 dollars à partir de la rentrée prochaine. Selon le ministère, plusieurs milliers d'instituteurs ont également été titularisés au cours de la semaine dernière. Un premier pas, peut-être, pour sortir d’une crise symptomatique du tournant autoritaire qu’a pris le gouvernement tunisien depuis l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed.

De l’huile sur le feu. Lundi, la démission de plus de 70 % des directeurs d’école a fait craindre un effondrement du système éducatif tunisien. En cause, selon la Fédération générale de l’enseignement de base, « la décision injuste du ministre de l’Éducation d’affamer les enseignants et les directeurs d’école ».Jeudi dernier, le ministère de l'Éducation annonçait le...

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