C’est une démarche insolite qui marque un nouveau tournant dans le dossier de la gouvernance de la Banque du Liban, à moins d’un mois de la fin du mandat du gouverneur actuel, Riad Salamé.
Selon un communiqué, les quatre vice-gouverneurs de l’institution en poste depuis 2020, soit Wassim Mansouri (chiite proche d'Amal), Bachir Yakzan (druze gravitant entre le Parti socialiste progressiste et le Parti démocratique libanais), Salim Chahine (sunnite, appuyé par l’ancien Premier ministre Hassane Diab) et Alexandre Moradian (arménien-orthodoxe appuyé par le Tachnag), ont solennellement appelé la classe dirigeante à trouver un successeur à M. Salamé, en place depuis 30 ans. Cette obligation incombe au Conseil des ministre, sur proposition du ministre des Finances, selon l’article 18 du Code de la monnaie et du Crédit cité par les vice-gouverneurs dans leur texte.
En cas d’échec, les vice-gouverneurs ont affirmé qu’ils « prendront les mesures qui s’imposent pour préserver l’intérêt national ».
« Une formulation qui signifie qu’ils présenteront leur démission », selon une source proche de la BDL que L’Orient-Le Jour a contactée. Dans leur communiqué, les vice-gouverneurs considèrent d’un très mauvais œil la possibilité que la « plus haute autorité monétaire du pays » soit exercée par un haut-responsable chargé des affaires courantes. Selon le CMC, c’est le vice-gouverneur qui doit prendre les rênes de la BDL en cas de vacances du patron de la banque centrale, sans remplaçant désigné (article 27).
Un scénario considéré comme virtuellement acquis par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, lors d’un entretien donné au quotidien An-Nahar début juin. « Il est normal, à la suite de la vacance à la tête de la BDL, que les prérogatives du gouverneur soient transférées au vice-gouverneur, conformément au Code de la monnaie et du crédit », avait-il notamment déclaré.
En publiant leur communiqué conjoint, les vice-gouverneurs considèrent explicitement que cette option n’est pas acceptable surtout dans le contexte actuel marqué par une vacance présidentielle prolongée depuis fin octobre, le fait que l’exécutif soit démissionnaire depuis mai 2022 et compte tenu des « divergences politiques » comme de l’absence de « plan clair » pour résoudre la crise que traverse le pays depuis 2019.
En place depuis 30 ans, Riad Salamé est sous le coup de plusieurs procédures judiciaires lancées à son encontre en Europe et visant la façon dont il s’est constitué un riche patrimoine immobilier en dehors du pays. Âgé de 72 ans, le haut-responsable a répété à plusieurs reprises qu’il ne comptait pas rempiler pour un sixième mandat.
Le Liban officiel s’est engagé en avril 2022 à mettre en œuvre plusieurs réformes de fond pour obtenir une aide financière du Fonds monétaire international, mais est loin d’avoir rempli ses promesses plus d’un an plus tard.
commentaires (3)
Absolument d'accord
Ca va mieux en le disant
23 h 32, le 06 juillet 2023