Critiques littéraires L’image du mois

L’Indien de la Quarantaine

L’Indien de la Quarantaine

© Nigoghos Knaian

L’émerveillement peut surgir à la fréquentation des archives et lors de pérégrinations visuelles dans le passé. On fait des rencontres, on apprend, on s’étonne et on est souvent ébloui par l’inattendu, la beauté, l’allégresse qui irradient d’images surprenantes. Ici, c’est un funambule vêtu d’une jupe et affublé de colifichets en équilibre sur une corde tendue à plusieurs mètres du sol dans un camp de réfugiés arméniens à Beyrouth en 1931. Au loin, on devine les contreforts du Mont Liban. Sur la gauche, une baraque en planches, comme on peut en voir sur d’autres images plus connues du camp de la Quarantaine. Sous l’acrobate à l’accoutrement exotique se presse une foule bigarrée, exclusivement masculine, où se mêlent différents couvre-chefs qui disent le mélange social : tarbouches, keffieh et casquettes. La scène est pour le moins inattendue. Dans ces camps de la misère montés à la va-vite par les autorités françaises vivent de nombreux réfugiés arméniens, mais pas que. Les survivants qui sont là ont subi un exil forcé à travers le désert syrien pour échapper aux massacres perpétrés par les Turcs. De nombreux orphelins sont regroupés dans des institutions caritatives. Les familles sont dispersées entre différents camps à la périphérie des villes. Les plus fortunées trouvent des chambres en ville. On connaît la routine... Et voilà que surgissent des forains aux origines incertaines, gens du voyage en exil perpétuel dont le métier est de distraire et d’étonner. Celui-ci en costume d’indien imaginaire fait l’équilibriste sur son filin au-dessus de têtes qui semblent indifférentes au spectacle. L’image à la géométrie parfaitement maîtrisée est du photographe Nigoghos Knaian.

Cette scène surprenante est tirée des archives Project Save dédiées à la sauvegarde du patrimoine photographique de la communauté arménienne mondiale et accessibles en ligne (projectsave.catalogaccess.com/home).


L’émerveillement peut surgir à la fréquentation des archives et lors de pérégrinations visuelles dans le passé. On fait des rencontres, on apprend, on s’étonne et on est souvent ébloui par l’inattendu, la beauté, l’allégresse qui irradient d’images surprenantes. Ici, c’est un funambule vêtu d’une jupe et affublé de colifichets en équilibre sur une corde tendue à...
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